Au Royaume
Avec quelles ressources
Nous nous targuons d’être un pays francophone mais nos centres d’appels sont souvent incapables de répondre à la demande. Nous avons de bons techniciens, mais qui
ne savent pas rédiger
un rapport.
A quelles compétences avez-vous le plus recours dans votre travail quotidien ? A moins que vous ne soyez dans un secteur très pointu, la capacité d’élocution, l’esprit de synthèse et l’aptitude rédactionnelle sont non seulement un tronc commun pour la plupart des métiers mais constituent surtout des éléments qui conditionnent l’accès à un emploi, la promotion et, quand les capacités managériales sont affinées, la progression dans l’échelle hiérarchique. Pour le reste, on utilise quelque peu ses connaissances scolaires et on apprend le métier.
Evident ? dit comme cela oui, mais sur le terrain, c’est autre chose. Le Maroc, qui se positionne sur l’échelle de la compétitivité mondiale, ne mise pas autant sur l’industrie que sur les services et l’économie subit, malgré elle, une transition vers les activités tertiaires (voir p. 8) et c’est là que le bât blesse. Nos écoles forment de bons techniciens et un plan d’urgence a été lancé pour doter le pays de 10 000 ingénieurs supplémentaires d’ici à 3 ans. Mais, sauront-ils tous parler correctement français ou anglais, savoir trier entre l’essentiel et l’accessoire, être des interlocuteurs valables dans le monde des affaires ? Il est permis d’en douter. Nous nous targuons d’être un pays francophone, mais nos centres d’appels sont souvent incapables de répondre à la demande faute de candidats qui parlent un français correct. Nous avons de bons techniciens, mais qui ne savent pas rédiger un rapport. En résumé, notre économie fonctionne en français, son avenir est centré sur l’homme et nous avons un problème de formation, de langue, qui risquent de nous exploser à la figure d’ici peu.
Pendant ce temps, notre système d’éducation reste pratiquement inchangé, du moins sur ce chapitre-là . Le constat du faible apport de la réforme de l’enseignement a été consommé et un Conseil supérieur ad hoc a été nommé, mais des décisions essentielles, nécessitant un courage politique, restent en suspens.
On le sait tous, ces problèmes ont pour noms l’arabisation de l’enseignement, qui engendre une faible pratique de la future langue de travail, et un système d’apprentissage qui ne favorise que peu la réflexion et l’initiative. Avec cela, on rêve d’Emergence et on se voit comme l’eldorado des délocalisations, la tête de pont entre les Etats-Unis et l’Europe… Avec quelles ressources humaines ?
