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Au Royaume

«Do you speak politics ?»

Il y a fort à  craindre que l’intérêt de la nation ne soit pris en otage par des calculs politiciens à  l’heure où des réformes aussi cruciales sont programmées.

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La rentrée politique de cette année, symboliquement marquée par l’ouverture de la session d’automne du Parlement, qui se tient ce vendredi 13 octobre, sera incontestablement marquée par l’échéance électorale de 2007. Une occasion pour les partis de l’opposition – surtout le PJD – de tirer un dernier baroud d’honneur, pour ceux de la majorité de serrer les rangs, et pour le gouvernement de distiller ingénieusement les éléments de son bilan. Rien d’anormal ! Dans tous les systèmes parlementaires, on déterre la hache de guerre psychologique bien avant de passer aux hostilités sur le terrain, sauf que le contexte politique au Maroc est autre.

Après cinq ans de gouvernement mené par un technocrate à la tête d’une majorité composite, le monde politique s’attend à ce que la logique démocratique prévale et que le Souverain désigne un Premier ministre parmi les resprésentants du (ou des) parti(s) qui auront été favorisés par les urnes.

Une telle attente va, pendant un an, fausser le jeu. D’une part, au sein même de la majorité, on ne se fera pas de cadeaux car on voudra entamer la campagne électorale en ayant subi le moins de dégâts possible. La position prise par le PPS et l’Istiqlal, à contre-courant de celle de l’USFP, sur le seuil électoral illustre bien ces clivages. Il y a donc fort à parier que la majorité se fissurera et que le travail du gouvernement en sera, in fine, biaisé. D’autre part, ce même gouvernement, un peu hybride, reste sur la défensive. Son chef, privé d’une légitimité politique, sera tenté de mettre en avant ses réalisations et de clôturer son mandat en beauté par quelques cadeaux au monde économique et social. L’exemple le plus récent est l’insistance du Premier ministre à baisser l’IS à 32% avant de se rendre compte que la mesure sera quasi nulle si l’on supprime la provision d’investissement.

Ces petits calculs, humains au demeurant, surviennent malheureusement à un moment délicat, où des textes aussi importants que la Loi de finances, le code électoral, la loi sur l’urbanisme ou encore le nouveau code de la route doivent être votés (ou amendés ou rejetés) par le Parlement. Il y a alors fort à craindre que l’intérêt de la nation ne soit pris en otage par des calculs politiciens à l’heure où des réformes aussi cruciales sont programmées. «Do you speak politics ?»