Au Royaume
Agir sans attendre
Une mobilisation générale pour la croissance est nécessaire et si l’on doit faire des sacrifices budgétaires à court terme, ce ne sera qu’un prêté pour un rendu.
Depuis quelques années, de nombreux visiteurs étrangers disent déceler chez les responsables du Royaume un «sentiment d’urgence» par rapport à la croissance économique et à la situation sociale. Et il est vrai qu’en quelques années, les réformes et les chantiers ont été accélérés. Et, d’ailleurs, le taux moyen annuel de croissance est désormais bien plus élevé qu’il ne l’était dans les années 90.
Mais si l’on veut réduire d’une manière durable la pauvreté, le déficit social et le chômage, c’est de taux de croissance annuels de 5 à 6% que le Maroc a besoin. Cela, tout le monde le sait, l’admet et La Vie éco, à sa modeste échelle, ne cesse de le rappeler.
Quels sont les freins qui empêchent le Maroc d’atteindre ces niveaux de croissance ?
A cette question, la Banque mondiale apporte sa réponse, et quelques membres du gouvernement la leur.
Evidemment, ils ne sont pas d’accord mais le débat est lancé et il faut absolument qu’il continue car c’est l’avenir du pays qui est en jeu.
Selon les économistes de la Banque mondiale, il existe aujourd’hui pour le Maroc une fenêtre d’opportunité qui peut lui permettre d’atteindre une croissance soutenue et durable à condition qu’il lève les derniers freins. Et, ajoutent-ils, cette fenêtre sera de courte durée ; si l’opportunité n’est pas saisie, l’économie marocaine peut rester sur le carreau.
La réponse marocaine tient en trois points : 1/ Les statistiques n’arrivent pas à appréhender l’ensemble de la production, le PIB est donc biaisé, nous faisons des taux plus élevés qu’on ne le dit ; 2/ Les nouvelles réformes proposées ne sont pas faciles à mettre en place, il y a de nombreuses contraintes, notamment budgétaires ; 3/ La croissance augmentera grâce à des mesures différentes de celles préconisées par la Banque mondiale.
Les économistes de la Banque mondiale ont peut-être tort. Mais imaginez qu’ils aient raison et que le gouvernement prenne leur analyse à la légère.Tout cela mérite débat et passage à l’action. Dans son mémorandum sur le Maroc, la Banque mondiale propose de mettre en place un «pacte national pour la croissance et l’emploi». Peu importe la terminologie, l’idée, elle, est à retenir. Une mobilisation générale pour l’accélération de la dynamique économique est nécessaire, et, si l’on doit faire des sacrifices budgétaires à court terme, ce ne sera qu’un prêté pour un rendu. L’exemple de la réussite que connaà®t aujourd’hui le tourisme est devant nous.
