Au Royaume
Finances publiques : Lekjaa veut en finir avec les dépenses superflues de L’État
A l’instar de plusieurs pays auxquels cela a fait gagner des points du PIB, le Maroc envisage de recourir à la Revue des finances publiques (RPF).

Rompu à la gymnastique budgétaire, Fouzi Lekjaa, ministre délégué au Budget, s’essaie à un nouvel exercice. Il veut passer en revue les dépenses de l’État, ministère par ministère, pour traquer les niches budgétivores. Ces dépenses pas forcément nécessaires, mais qui, avec l’habitude et le cumul, absorbent une bonne partie du budget de l’État. Prenant en considération, et aussi comme excuse, le contexte et la conjoncture actuels, M. Lekjaa entend faire le pas de la Revue des finances publiques (RFP). Il s’agit de quoi au juste ? C’est le ministre lui-même qui l’explique, à l’occasion d’un atelier de haut niveau qu’il vient d’organiser sur la question mercredi 28 septembre. La Revue des finances publiques «fait référence au processus d’évaluation approfondie des dépenses publiques existantes afin d’identifier les possibilités de réduire ou de réorienter les dépenses à partir des dépenses peu prioritaires, inefficaces ou ineffectives». En d’autres termes, il s’agit de s’assurer, non seulement, que les dépenses sont alignées sur les priorités politiques du gouvernement, mais aussi si elles sont également efficaces pour atteindre les objectifs visés et sont déployées utilement. Pour le ministre, les objectifs des RFP varient considérablement selon les besoins des gouvernements, allant d’examens périodiques complets à des revues de dépenses ciblées sur des secteurs ou des programmes spécifiques. La question est actuellement au stade du débat. Mais sa mise en application ne saurait tarder. Le gouvernement compte en effet sur la Banque mondiale, dans le cadre de sa prochaine mission, pour définir la méthodologie de cet exercice et son périmètre au regard de ses implications en termes de faisabilité et de capacités analytiques. En effet, la RFP fonctionne mieux lorsqu’elle est soutenue par des ressources adéquates et des structures de gouvernance bien développées.
Pourquoi un tel exercice ? Soulignons d’abord qu’il s’agit d’une pratique de gouvernance budgétaire très répondue. Plusieurs pays y ont recours régulièrement. Et pour cause, elle leur fait gagner parfois plusieurs points du PIB. Dans le cas du Maroc cela pourrait se traduire par le gain de plusieurs dizaines de milliards de DH. De quoi contribuer par exemple au financement des multiples programmes sociaux lancés par le gouvernement. Cela d’autant que c’est une démarche politiquement importante. Le train de vie de l’Etat est, en effet, constamment critiqué aussi bien par l’opposition que par une bonne partie de l’opinion publique. L’exemple du parc automobile de l’État, et les dépenses y afférentes en carburant et maintenance, en est une parfaite illustration. Il en va de même pour les multiples plans, stratégies et programmes lancés à cor et cri qui n’ont finalement pas atteint leur objectif.
