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Fort repli des cours du blé, pourvu que cela dure !
La tendance des prix est à la baisse depuis quelque temps, mais cette conjoncture favorable risque de ne pas durer.

Après une forte hausse en début d’année, accentuée par le conflit dans la région de la Mer noire, les prix des denrées alimentaires ont enregistré une nette modération sur les derniers mois. «L’Indice Bloomberg des prix des céréales a reculé de 23% entre mai et juillet, après un rebond de 35% sur les cinq premiers mois de 2022», indique le ministère de l’économie et des finances dans sa dernière note de conjoncture datée de fin août. Les cours du blé tendre (référence SRW) se sont établis à 317 dollars la tonne en moyenne en juillet, en baisse de 17% sur un mois et de 29% depuis leur pic de mars, marquant même des pertes de 3% depuis début 2022. Ils ont poursuivi leur chute pour atteindre 296 dollars la tonne le 18 août, leur plus bas niveau depuis septembre 2021. Ce fort repli des prix du blé est lié à une hausse saisonnière des disponibilités et à la reprise progressive des exportations ukrainiennes, suite à l’ouverture de corridors sûrs en Mer noire. Cependant, selon le cabinet d’analyses Agritel (Argus Media France) –la France, rappelons-le, est l’un des principaux fournisseurs du Maroc-, en dépit d’une détente des prix du blé après six mois de guerre en Ukraine, la situation pourrait «basculer de nouveau» sans montée en puissance des exportations de la Mer noire. Au niveau mondial, explique la même source citée par l’AFP, «les stocks sont colossaux sur le papier, mais on est dans une situation de grande dépendance. La clé du marché reste la Mer noire».
Craintes sur les disponibilités
Selon les prévisions, «d’excellentes récoltes s’annoncent en Australie et au Canada, mais les productions de l’Union européenne et des Etats-Unis sont à peine à leur moyenne quinquennale», relève la même source. En Europe, «la situation est très hétérogène, avec des productions inférieures de 19% à la moyenne des cinq dernières années en Espagne ou en Italie, tandis qu’elles sont supérieures en Roumanie (+3%) et dans les pays baltes (plus de 20%)». Les plus importantes marges se trouvent donc en Mer noire. La moisson s’annonce extraordinaire en Russie, avec une production record estimée à 88 millions de tonnes, selon le dernier rapport du ministère américain de l’agriculture, cité par l’AFP, contre 75 millions en 2021, et des exportations potentielles de 42 millions de tonnes.
Toujours est-il, nuance la note de conjoncture du ministère de l’Economie et des Finances, «les craintes sur les disponibilités exportables mondiales restent exacerbées par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux principaux producteurs et exportateurs de céréales, représentant environ 20% et 10% respectivement du blé commercialisé dans le monde». Cela dit, pour la saison 2022/2023, poursuit la note, la FAO prévoit une légère diminution de la production mondiale de blé (-1% à 770,3 Mt), marquant la première baisse en quatre ans. Selon la même source, le recul des perspectives des récoltes en Ukraine, en Australie, en UE, en Argentine et en Inde n’est que partiellement compensé par les hausses prévues pour le Canada, les États-Unis et la Russie. En même temps, des conditions météorologiques défavorables (sécheresses, canicules, etc.) menacent les cultures dans certaines régions productrices, dont l’Europe. C’est pour dire que la situation n’est pas stable et la tendance aujourd’hui baissière risque fort bien de se renverser.
Maïs, soja, sucre… à quels prix ?
Les cours du maïs se sont établis à 323 dollars la tonne en moyenne en juillet, en baisse de 4% sur un mois et de 7% depuis leur pic d’avril. Pour la saison 2022/2023, les perspectives de l’offre mondiale s’avèrent moins favorables (-1,2% à 1195 Mt).
Pour le soja, les cours se sont établis à 678 dollars la tonne en moyenne en juillet, leur plus bas niveau depuis février, en baisse de 8% par rapport à leur record de juin (737 $/t). La production mondiale de soja en 2022/23 devrait rebondir de 10% pour atteindre un nouveau record (388 Mt), tirée par les récoltes prometteuses en Amérique du Sud.
Pour ce qui est des cours mondiaux du sucre brut, ils ont enregistré 414 dollars la tonne en moyenne sur les sept premiers mois de 2022, en hausse de 14% en glissement annuel. Cela dit, l’Organisation internationale du sucre (ISO) table même sur un léger excédent de l’offre de 0,2 Mt pour la saison actuelle (2021/2022). Elle s’attend à un excédent encore plus important pour la prochaine campagne agricole.
