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Affaires

Manuels scolaires : La Compensation passe à la caisse

Les éditeurs avaient émis le souhait d’augmenter de 30%. Après concertation avec les concernés, le gouvernement consent une subvention du prix de vente à hauteur de 25%, soit 105 MDH.

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Pratiquement comme la rentrée scolaire précédente, le prix des manuels a été aux premières loges des débats, voire de tirs à la corde. Les éditeurs voulaient augmenter les prix. Les parents appréhendaient. Le gouvernement coupe court et allonge une subvention directe aux professionnels. Le feuilleton.

Alors que le mois d’août tire vers son terme, il y a comme un air de fin de vacances qui plane. Certes, ce n’est pas encore la grande ruée, mais les prémices se font d’ores et déjà palpables dans cette librairie au centre-ville de la métropole dont la configuration spatiale a changé de fond en comble. Pas de livres littéraires ou de sciences humaines qui accueillent les visiteurs, mais des cartables et autres fournitures scolaires qui indiquent que la rentrée scolaire pointe dans un proche horizon.

Arrivages à temps !

Questionné, le caissier, qui vient de rentrer d’une pause de dix jours, affirme que les cartons ont été ouverts et les emplacements sur les rayons des manuels scolaires sont en cours.

Si Brahim, la cinquantaine, dont la moitié passée dans cette librairie ayant pignon sur rue en plein centre de Casablanca, précise que malgré un petit retard les arrivages vont bon train et en quantités suffisantes. Notamment, en ce qui concerne les livres scolaires estampillés par le ministère de l’éducation nationale. Quant à la raison de ce «petit retard», il s’agit de la conséquence du long feuilleton relatif à cette fameuse et non moins lancinante question de l’augmentation des prix annoncée par les éditeurs courant juillet. Voire un peu avant.

Terrain d’entente

En effet, au regard de ce que les membres de l’AME (Association marocaine des éditeurs) considèrent être l’envolée des coûts de revient, sur fond des prix des intrants, ils avaient émis le souhait de revoir les prix à la hausse de pas moins de 30%.

Courant ce même juillet, le gouvernement, par le truchement du ministère de tutelle, rassure l’opinion publique en informant avoir établi le contact avec les professionnels pour trouver un terrain d’entente. L’objectif étant d’éviter le spectre de toute éventuelle augmentation. Bien entendu, la seule issue devait être que l’Etat mette la main à la poche pour subventionner le différentiel.

Chemin faisant, deux ministères, l’Education nationale et les Finances, se mettent en tandem pour discuter des détails avec l’AME. Avec en toile de fond des négociations, les contacts se multiplient et le jeu de tirs à la corde aussi. Les médias font l’écho et la pression psychologique sur les parents d’élèves va s’exacerbant.

Les autorités publiques vont veiller

Or, il a fallu attendre jusqu’à la publication du communiqué du département de l’éducation nationale, mi-août, pour que le dénouement heureux tombe sur la place publique : les augmentations des prix annoncées n’auront pas lieu. On apprend que le gouvernement allonge, en faveur des éditeurs, une subvention du prix de vente à hauteur de 25%. Ce qui correspond à une aide directe de 105 MDH. Celle-ci concerne, notamment, les manuels destinés aux cycles primaire, secondaire et collégial produits en 2022. L’objectif, souligne le communiqué du 18 août, étant de maintenir la stabilisation des prix ainsi que la préservation du pouvoir d’achat des citoyens. Evidemment, c’est la Caisse de compensation qui réglera la facture en assurant la mise en œuvre du dispositif de soutien.

En revanche, le même communiqué met en garde contre tout acte contraire à l’accord entre les pouvoirs publics et les professionnels. Ce qui tombe sous le coup de la loi. Tout le monde est averti !

Ailleurs, les tendances !

Voilà, les précisions sont faites. Autrement, ni les autres niveaux scolaires ni les autres types d’enseignement ne sont concernés par cet effort de l’Etat. C’est la loi du marché qui prévaudra dans les autres chapitres de la rentrée de l’année scolaire 2022-2023.

Le cas notamment des manuels scolaires anglophones ou encore ceux relatifs à l’enseignement type français. Par ailleurs, et dans la même veine, les autres fournitures scolaires obéissent à la logique marchande. Or, à ce niveau-là les fourchettes ont plus l’air de râteaux, puisque les prix passent de un à dix, selon les marques, leurs origines et la qualité des produits. On n’est plus dans le nécessaire, mais c’est le principe des tendances en somme qui préside !

Repères chiffrés

  • 500 MDH de chiffre d’affaires
  • 26 éditeurs sur le marché
  • 18 DH prix moyen du manuel
  • 41 DH par élève du CP (public)
  • 400 DH par élève du CP (privé)

Source : Estimation des opérateurs