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Influences

La tuberculose tue encore 1 000 personnes chaque année au Maroc

26 000 nouveaux cas en 2007

Consultation tardive, et donc contaminations
multiples, et arrêt prématuré du traitement aggravent l’incidence de la maladie.
Selon les professionnels, la lutte contre la tuberculose doit être intégrée
à  la politique de lutte contre la pauvreté (INDH).

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Le constat est inquiétant : chaque année, 500 à  1 000 personnes meurent de tuberculose au Maroc. Selon les dernières statistiques du ministère de la santé, le Maroc a enregistré 26 000 nouveaux cas en 2007, soit 82 atteintes pour 100 000 habitants. Ce qui est plus inquiétant, selon le Dr Boumediane Mohamed, président de la Ligue marocaine de lutte contre la tuberculose (LMCT), c’est que les malades consultent à  des stades très avancés de la maladie. Cela suppose qu’un tuberculeux aura contaminé auparavant plusieurs personnes, dont au moins les membres de sa propre famille. A défaut d’un traitement adéquat, un individu atteint de tuberculose évolutive peut infecter en moyenne 10 à  15 personnes en l’espace d’une année.

Autre facteur aggravant au Maroc : de nombreux malades arrêtent de prendre leur traitement avant d’être guéris, par ignorance ou à  cause de l’éloignement des centres de soins. Cette situation favorise le développement de formes résistantes de la tuberculose, plus difficiles et plus coûteuses à  traiter.

Ce constat alarmant vient d’être fait par l’autorité de tutelle, par des pneumo-phtisiologues, par des économistes de la santé et par des associations d’aide aux malades, à  l’occasion de la journée mondiale contre la tuberculose qui s’est déroulée le 25 mars. Outre l’aspect morbide de cette pathologie infectieuse et très contagieuse, la tuberculose a des répercussions particulièrement néfastes sur le plan social et professionnel. Au Maroc, 70% des personnes atteintes ont entre 15 et 45 ans. 18% des tuberculeux ont perdu leur travail, 33% d’entre eux ont perdu leur logement, 36% ont été amenés à  divorcer, 49% ont été abandonnés par leurs amis et 3% par leurs familles.

Le Dr Boumediane appelle à  l’adoption d’une approche multisectorielle dans la lutte contre la tuberculose. Et le ministère de l’éducation nationale a un rôle capital à  jouer en matière de sensibilisation sur les dangers de cette maladie. Par ailleurs, le ministère de l’intérieur, par le truchement de ses bureaux municipaux d’hygiène, doit être un véritable relais et un soutien au programme de lutte contre la tuberculose du ministère de la santé. Pour le Dr Naima Bencheikh, chef du service des maladies respiratoires au ministère de la santé, il est impératif d’intégrer la lutte contre la tuberculose dans les politiques nationales de lutte contre la pauvreté, en particulier l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). La stratégie «Halte à  la tuberculose» lancée par l’OMS à  l’horizon 2015 vise, au Maroc, 19 villes à  forte incidence tuberculeuse, avec pour mission d’améliorer la détection et le traitement de la maladie par la prévention de la co-infection par le virus du sida.