Influences
Vivement une réglementation de la médecine du sport au Maroc !
Le ballon rond africain est à l’honneur depuis le 20 janvier, date du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2008) de football. Une occasion de s’interroger sur la médecine du sport au Maroc, cette discipline médicale, qui, selon le Dr Abdelhamid Khadri, spécialiste, est au carrefour entre la physiologie et la technique sportive de l’effort, mais aussi entre la traumatologie, la cardiologie, la rhumatologie et la rééducation, et entre la nutrition et la sophrologie, à la recherche de la performance sportive. Au Maroc, la loi 06-87 relative à l’éducation physique et aux sports stipule l’obligation d’une visite médicale d’aptitude et d’un suivi médical par les instances de chaque fédération (chapitre VIII, articles 59 et suivant). Cette action est sous la supervision du Comité national olympique marocain (Cnom), qui dispose d’une commission médicale.
Cette disposition est-elle appliquée ? La réalité du terrain prouve le contraire, et les 300 médecins marocains du sport ne sont pas employés à bon escient. La mise en place d’un cycle de perfectionnement en médecine du sport à la faculté de médecine de Rabat, en 2007, et l’établissement de critères de qualification par le conseil national de l’ordre des médecins, constituent cependant des indicateurs de la volonté d’amélioration de la pratique de la médecine du sport. Mais quels sont les défis à relever ?, s’interroge le Dr Khadri. Tout d’abord, l’obligation pour toutes les fédérations sportives d’avoir un encadrement médico-sportif pose la question du statut et de la rémunération du médecin du sport, et donc un cadre législatif pour la pratique de la discipline, à l’instar de ce qui se fait dans des pays voisins comme la Tunisie ou l’Algérie. Par ailleurs, l’obligation de réaliser les «tests médicaux d’efforts» dans une structure située à proximité d’un service de soins intensifs nécessite la création de services hospitaliers de médecine du sport, actuellement inexistants dans les quatre CHU du pays. La fréquence croissante des morts subites chez le sportif (voir ci-dessus), qui relèvent à 80% de causes cardiovasculaires, impose l’existence d’un défibrillateur dans toute structure sportive d’un certain niveau et de revoir les cahiers des charges des équipements médicaux indispensables lors des rencontres sportives. Enfin, le Dr Amine Dorhmi, président de l’Association régionale de médecine du sport de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, appelle à l’élaboration d’une stratégie nationale pour l’encadrement médical de l’activité physique et sportive. Elle se fera en plusieurs phases. D’abord le recensement de tous les médecins du sport qualifiés sur le plan national. Ensuite la création d’un service de médecine du sport au sein du ministère de la santé. Enfin, la mise en place d’une consultation de médecine du sport dans les formations sanitaires à proximité de la population, à savoir les centres de diagnostic. Cette stratégie sera utile pour la pépinière de grands sportifs de demain, et, surtout, à accompagner les sportifs amateurs de masse, phénomène qui prend de l’ampleur dans notre société.
