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Affaires

Pour une résilience numérique durable

• Quelles leçons tirer de la crise pandémique ?
• Le besoin d’un plan numérique solide pour affronter des crises similaires se fait ressentir
• Infrastructures télécoms, haut débit, éducation au numérique, maturité des usages…, les principaux leviers.

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Digital

Le constat fait l’unanimité. Face à la crise pandémique, le numérique a permis d’assurer la continuité notamment de l’Etat, des services publics et du secteur privé. Mais à quel prix ? Législation, gouvernance, politiques publiques, état des infrastructures, équipement, maturité des usages…, autant de facteurs-clés qui ont fait la différence entre les pays en matière de résilience digitale. Bref, les nations les plus digitalisées ont été les mieux armées pour affronter le choc de la crise. Cette crise sanitaire n’a fait qu’accentuer les contours du nouvel ordre numérique mondial, dont les principaux protagonistes restent la Chine et les Etats-Unis. Au moment où l’Europe cherche à s’offrir une place de choix dans ce nouvel ordre, en musclant son arsenal juridique et en se donnant les moyens pour renforcer sa souveraineté digitale, la Russie, qui mise sur le «Tout numérique», est un acteur avec lequel il faudra aussi compter.
De l’avis de plusieurs spécialistes, le Maroc a subi son premier stress test numérique en 2020. A ce stade, nous ne disposons toujours pas d’un état des lieux détaillé sur les différentes décisions stratégique, prises, les avancées réalisées et les contraintes rencontrées. Le plus grand bénéfice tiré de cette crise, c’est le ministre de l’industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, qui l’exprime le mieux: «Avec cette crise pandémique, le Maroc a gagné 5 ans de développement digital». Rien que ça ! Tout l’enjeu est de transformer cette prise de conscience généralisée et le déploiement intense de solutions digitales dans l’urgence en une dynamique numérique durable. Un récent communiqué de l’un des équipementiers mondiaux installés au Maroc livre quelques informations sur certains aspects de la gestion de la crise sanitaire marquée notamment par le confinement. «La résilience face aux conséquences de la crise sanitaire s’est développée sous forme d’un exercice de recherche permanente de nouvelles solutions et applications basées sur de nouveaux algorithmes de l’intelligence artificielle qui ont permis le maintien de la qualité du réseau», lit-on dans ce communiqué. Autrement dit, il aura fallu une bonne gestion de la hausse du trafic internet en concertation avec les opérateurs télécoms. Un chiffre pour s’en rendre compte : Le trafic de la data mobile a explosé de 155% en 2020, selon l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Un record !
A côté de la crise sanitaire, le Maroc ne pouvait pas se permettre une crise numérique. Si le pays s’en est sorti avec le moins de dégâts possible, c’est grâce à sa connectivité, l’une des meilleures en Afrique. Après la gestion de la phase d’urgence, les pouvoirs publics, les opérateurs télécoms, les équipementiers, les prestataires de services…, se rendent compte des limites et des insuffisances. Des experts estiment que les solutions déployées pour assurer la continuité des différentes activités sont loin d’être optimales et qu’il faut aller plus loin en construisant une véritable stratégie de résilience numérique durable. Le contexte s’y prête pour franchir un nouveau cap tout en tirant profit des leçons de la crise pour faire preuve de plus d’agilité et réactivité dans la gestion des crises majeures. Dans ce cadre, les appels se multiplient pour enclencher une nouvelle dynamique. Le tout dernier est celui de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD). Dans son rapport, la CSMD accorde une large place au numérique en lui donnant le statut de «véritable levier de changement et de développement (…). Il convient de lui accorder un intérêt particulier au plus haut niveau de l’Etat comme catalyseur de transformations structurantes et à fort impact». La commission insiste sur le volet des infrastructures tout en appelant à l’élargissement du haut et très haut débit fixe et mobile. En matière de résilience numérique, «la connexion de l’ensemble des équipements publics sur tout le territoire, tels que les hôpitaux et les écoles, doit être assurée et fonctionnelle, y compris en milieu rural», lit-on dans ce rapport. Pour la CSMD, il n’y pas de solutions miracles. La mutualisation et le partage des infrastructures entre les opérateurs figurent parmi les principaux leviers.


Le cas de Monaco

Traiter et verser 100% des aides demandées via le canal numérique. A lui seul, cet indicateur officiel démontre le degré d’agilité de Monaco face à la pandémie. En tirant les leçons de la crise, la Principauté est allée plus loin en se dotant d’une stratégie de résilience numérique durable. Les piliers de cette politique portent sur la construction de nouvelles infrastructures, l’accès à un écosystème numérique local et international et le développement de services pour la continuité des politiques publiques. L’intérêt de cette stratégie se résume en cette déclaration du département chargé du numérique : «Si le cloud monégasque avait été actif en mars 2020, la Principauté aurait bénéficié de solutions numériques d’excellence de manière quasi-immédiate. Des exemples de solutions clés auraient été des plateformes de visioconférence, de ecommerce, de livraison à domicile…». En 2021, la Principauté de Monaco est le premier pays en Europe à se doter de son propre cloud souverain.