Affaires
Maroc, une économie imperturbable même en temps de crise
• Le Maroc reste un pays performant et régulier, notamment en matière d’attractivité. Le bilan est relativement bon au niveau de la stabilité.
• Des faiblesses sont relevées dans le secteur social. Le pays se positionne au 2e rang, après l’Ile Maurice, dans le classement global d’attractivité en Afrique.

Dans ce contexte pandémique, le Maroc fait preuve d’une résilience remarquable, dans plusieurs secteurs d’activité économique dont le textile, l’agroalimentaire, l’aéronautique, l’automobile… C’est le constat commun observé par plusieurs institutions et médias étrangers. Il est également confirmé par l’Institut Amadeus qui, dans son dernier rapport, considère que le Maroc est un pays performant et régulier, notamment en matière d’attractivité et de stabilité tant du système bancaire que du cadre macroéconomique. En effet, les fondamentaux macroéconomiques ont fait preuve de résilience, avec un taux d’inflation contrôlé. D’ailleurs, selon Bank Al-Maghrib, l’inflation est restée à un niveau faible en 2020, se situant à 0,7% en moyenne. Avec la reprise de l’activité et l’augmentation des cours internationaux du pétrole et de certains produits alimentaires, elle devrait s’inscrire en hausse, tout en demeurant à des niveaux modérés, passant à 0,9% en 2021 puis à 1,2% en 2022. De plus, l’Institut Amadeus estime que le niveau des réserves de change est satisfaisant bien que sous tension. Les récentes levées sur les marchés internationaux d’un milliard de dollars en septembre 2020, puis 3 milliards de dollars en décembre, à un taux raisonnable de 2,4% sur 7 ans en moyenne, prouvent la confiance des marchés dans les fondamentaux du pays. Ainsi, les avoirs officiels de la réserve devraient se situer à 310,3 milliards de DH à fin 2021, contre 320,6 milliards l’année passée, et à 318,6 milliards à fin 2022. Ce qui représente l’équivalent de 6 mois et 25 jours d’importations de biens et services, en 2021 et 7 mois en 2022.
Il faut savoir que la croissance des dernières années repose largement sur l’investissement public avec des effets d’entraînement incertains sur le secteur privé. Le rapport explique aussi que les perspectives de croissance économique autour de 5% à 6%, en 2021, démontrent une certaine forme de résilience de l’économie marocaine face aux conséquences de la pandémie et de la récession globale qu’elle a engendrée et ce, en dépit de l’impact social sur les Marocains travaillant dans les secteurs les plus sinistrés par la crise. Pour faire le parallèle avec d’autres institutions, le ministère de l’économie et des finances prévoit une croissance de 5,2%, au moment où BAM prévoit que la croissance économique rebondirait de 5,3% en 2021. La banque centrale prévoit ainsi une augmentation de 17,6% de la valeur ajoutée agricole, avec une récolte céréalière prévue par BAM autour de 95 millions de quintaux (98 MQtx récemment estimés par le ministère de l’agriculture ou même plus en fonction des pluies de printemps), et une progression de 3,5% de la valeur ajoutée non agricole. De son côté, le FMI a prévu, récemment, que l’économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance de 4,5% en 2021.
Cela dit, au niveau de la stabilité, le bilan est relativement bon. Toutefois, des faiblesses sont relevées dans le secteur social où les indicateurs du chômage et du sous-emploi (18,2%), du chômage des jeunes (21,9%) et de l’insertion des femmes dans le marché du travail (21,3%) se comparent plutôt mal avec les autres pays africains. Il s’agit en gros de défaillances que l’amélioration graduelle du niveau d’éducation tardent à résoudre. Enfin, les enjeux environnementaux et hydriques sont un point de faiblesse pour le pays, à l’instar de ses voisins nord africains et sahéliens.
Ainsi, dans le classement global d’attractivité des 54 pays africains, le Maroc se positionne au 2e rang, après l’Ile Maurice et est suivi directement par l’Afrique du Sud. A côté, il occupe la 3e place dans l’indice global de stabilité, après le Botswana (2e place) et l’Ile Maurice (1ère). Au niveau du potentiel et de la dynamique du marché domestique, le Maroc ne fait pas mieux. Le rapport lui alloue ainsi la 4e position après l’Egypte qui se place en tête de liste, le Sénégal et l’Afrique du Sud.
Les faiblesses du système de santé devraient se réduire avec le chantier de la couverture universelle
Toujours selon l’Institut Amadeus, le Maroc est performant dans les compartiments de l’indicateur concernant la prévention avec notamment des campagnes de vaccination régulières et bien calibrées et une espérance de vie parmi les plus hautes du continent (3e meilleure espérance de vie et 7e espérance de vie en bonne santé). Cependant, le pays connaît des faiblesses structurelles de son système de santé, notamment le taux de médecins par habitant relativement bas. Le pays a deux fois moins de lits par habitant en unité de soins intensifs que la Tunisie, l’Algérie, mais aussi que le Botswana ou la Zambie et trois fois moins que Maurice ou les Seychelles. Néanmoins, les 1500 lits de réanimation qui se sont ajoutés à l’existant ont permis au pays de rattraper son retard. En tout cas, le pays s’est engagé vers l’amélioration du système de santé, en privilégiant une couverture universelle de santé dont les axes sont en cours de mise en place.
