Affaires
Le crédit bancaire enregistre une amélioration de 3,3% au 1er trimestre
• Elle reste redevable à la progression des crédits de trésorerie, en lien avec les mesures de soutien de l’Etat.
• L’encours du crédit immobilier et à la consommation ne redécollent pas.
• Des perspectives favorables avec l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI et la perspective d’une campagne agricole favorable.

L’encours des crédits bancaires continue d’afficher des signes d’amélioration. A fin mars, il a atteint 948,4 milliards de DH, en hausse de 3,3% par rapport à la même période de l’année précédente.
Cet encours a affiché une hausse auprès de l’ensemble des catégories d’emprunteurs. En effet, l’encours des crédits aux ménages s’élève à 357,9 milliards de DH, en progression de 4,2%, au moment où celui des entreprises privées a gagné 3% supplémentaires pour se hisser à 390,4 milliards de DH. Pour sa part, l’encours au secteur public s’est amélioré de 1,2% à 72,7 milliards de DH.
Il faut dire que d’un mois à l’autre, les évolutions ne sont pas plus intéressantes que cela, avec, entre autres, une hausse de 1,9% de l’encours global, de 0,7% de celui des ménages et de 0,5% de celui des entreprises. En fait, la distribution des crédits reste toujours léthargique. «Il est vrai que les prémices d’un regain de confiance sont en train de prendre place, animées par la campagne de vaccination qui se passe dans de bonnes conditions; et aussi par une situation sanitaire stable. D’autant que l’Etat continue de soutenir plusieurs secteurs d’activité économique sinistrés ou qui ont été affectés sévèrement par les mesures restrictives liées à l’état d’urgence. Mais, cela devrait prendre du temps avant de se manifester», explique un analyste.
Cependant, cette amélioration ne touche pas toutes les catégories de crédit. Si l’encours des crédits de trésorerie et comptes débiteurs a progressé de 8,1% à 210 milliards de DH, ce n’est pas le cas forcément de l’encours du crédit à l’équipement qui, lui, a diminué de 5,3% pour atteindre 179,3 milliards de DH. En fait, le 1er s’inscrit en hausse grâce principalement aux crédits Damane Relance et Oxygène, lancé depuis le début de la crise sanitaire. Au 31 mars 2021, le produit de garantie Damane Relance a couvert 93 419 crédits bancaires pour un montant global de 61,5 milliards de DH, en faveur des entreprises. Et ces chiffres devraient augmenter davantage puisque, pour rappel, il a été décidé de proroger au 30 juin de cette année le bénéfice de la garantie de l’Etat. Le but étant d’accompagner la demande exprimée par les opérateurs économiques privés et publics et de permettre également la finalisation des dossiers en cours de formalisation. En revanche, étant dans une optique de sauver l’entreprise, de renforcer sa trésorerie et de faire face aux charges récurrentes, les entrepreneurs ne procèdent pas ou peu à de nouveaux investissements. «Le défi actuel est le maintien en vie, plutôt que l’extension d’activité ou la recherche d’autres marchés», indique notre analyste. D’où la baisse des crédits à l’équipement. Un autre bémol est à mettre sur l’évolution des crédits à la consommation. L’encours s’est affiché à près de 55 milliards de DH, en recul de 3,1%. En cause, les particuliers restent toujours frileux quant à la contraction d’un prêt, vu que des doutes persistent toujours sur la politique de gestion des ressources humaines de l’employeur, sur le maintien de l’emploi ou la réduction de l’effectif… A cela, il faut ajouter le pouvoir d’achat des ménages qui s’est affaibli depuis le début de cette crise sanitaire.
A contrario, l’encours des crédits immobiliers a augmenté de 2,6% pour s’établir à 285 milliards de DH. Cette amélioration cache des disparités dans la mesure où l’encours des crédits à l’habitat a noté une croissance de 4,3% à 225,8 milliards de DH, alors que celui lié à la promotion immobilière s’est contracté de 5,6% à 55,7 milliards de DH. «La demande qui était latente depuis une année commence à se concrétiser. Plusieurs acquisitions ont été réalisées et continuent de se matérialiser. En revanche, la promotion immobilière continue de pâtir de l’absence de vision de l’autorité de tutelle. Avec une absence de visibilité, l’investissement marque le pas», explique un professionnel du secteur. D’ailleurs, les mises en chantier se sont repliées à fin mars, de plus de 37% et la production de 19%. Ce qui montre l’état de santé du secteur. Pourtant, la consommation du ciment s’est bonifiée de 4% sur les 3 premiers mois de l’année, avec 3,4 millions de tonnes. Cette hausse n’est plus tirée par le segment de l’infrastructure qui est en repli de 14%. Elle l’est principalement par le segment de la distribution, dont la consommation a augmenté de 8,2% à 2,2 millions de tonnes. Dans une moindre mesure, la consommation de la branche du préfa s’est accrue de 308930 tonnes, avec 8,8%. Deux segments liés directement à l’activité immobilière !
Pour les mois à venir, du moins jusqu’à fin juin, les différents encours du crédit devraient évoluer dans les mêmes ordres de grandeur, puisque l’effort de soutien de l’Etat devra se poursuivre. Cela dit, la stimulation de l’investissement devrait se présenter, avec l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. La confiance des ménages devrait se rétablir avec la poursuite du déploiement de la campagne de vaccination, mais également avec le raffermissement prévu des revenus, en relation directe avec une campagne agricole de loin favorable.
Les créances en souffrance se sont alourdies de près de 12% au même mois, une année auparavant
Les créances en souffrance s’élèvent à 80,5 milliards de DH à fin mars. Elles se sont alourdies de près de 12% au même mois, une année auparavant. Toutefois, sur un mois, elles ressortent en légère diminution (-1,3%). Les impayés des ménages s’établissent à 35,3 milliards de DH en croissance de 17% sur une année, mais en recul de 1,3% en un mois. Cependant, les impayés des sociétés non-financières privées, se sont aggravés de 8,6%, pour atteindre 44,5 milliards de DH. En un mois, ils se sont contractés de 1,2%. Pour l’heure, aucune conclusion n’est à tirer, puisqu’il ne s’agit que d’une évolution mensuelle. Au-delà de 3 mois, l’on peut dégager des explications.
