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Villes sans bidonvilles : la Cour des comptes évalue le programme

• Des résultats décevants nécessitant davantage de rigueur dans la lutte contre leur prolifération.

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Villes sans bidonvilles

Le programme villes sans bidonvilles n’a pas atteint tous les objectifs qui lui ont été assignés à son lancement. C’est ce qui ressort du rapport de la Cour des comptes présentés mardi dernier devant la commission du contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants. Pour cause, la montée de l’exode rural, comme l’atteste le taux d’urbanisation qui atteint 62% actuellement, contre 29% en 1960. Alors que le programme ciblait 270 000 ménages en 2004 répartis dans 70 villes et centres urbains, le nombre de familles concernées s’est montée à 472 723 en 2018 dans 85 villes. Il faut dire aussi que le taux de glissement national (revente des lots subventionnés par les bénéficiaires) a atteint 19,3%, dont 6,2% ont concerné le relogement, 22,1% relatifs au recasement et 20,3% à la restructuration.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène dont le manque de ressources financières (62,4%), l’incapacité d’honorer les engagements (10,8%), le partage d’héritage (7%), l’absence des équipements publics (5,4%) et les conflits familiaux (4,8%).
En tout cas, à fin 2018, près de 179 conventions de financement ont été conclues dans le cadre du programme. Elles ont prévu un investissement prévisionnel de 28,2 milliards de DH dont 7 milliards sous forme d’aide publique du Fonds de solidarité habitat et intégration urbaine (FSHIU).
Compte tenu de ces résultats décevants, la Cour des comptes recommande davantage de rigueur dans la lutte contre la prolifération des bidonvilles. Cela devrait passer par le renforcement des mécanismes de contrôle et de dissuasion sur le plan juridique et technologique et la mise en place d’une communication appropriée pour vulgariser l’offre des aides publiques contre l’habitat insalubre.
En vue d’offrir de meilleures conditions de réussite des futures programmes de lutte contre l’habitat insalubre, l’Etat est appelé à maîtriser le nombre de bénéficiaires en tenant compte de critères d’éligibilité standardisés et une base de données fiable, un schéma de financement réaliste et respecté, un foncier assaini et optimisé, une programmation réaliste et un délai d’exécution respecté, ainsi qu’une meilleure coordination d’ensemble avec une responsabilisation claire de chacun des acteurs. Par ailleurs, une démarche intégrée de développement est nécessaire à mettre en place, incluant non seulement la notion de logement mais également les dimensions économiques et sociales. Il faudra prévoir ainsi des activités génératrices de revenus ainsi que des services.