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Affaires

Le projet de réhabilitation de la Kasbah d’Agadir Oufella en marche

• Un appel d’offres a été lancé pour la réalisation de la première tranche de ce projet doté d’une enveloppe globale de 120 millions de DH.
• Le chantier s’inscrit dans le plan de développement urbain de la ville.
• Les travaux programmés pour bientôt.

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Le chantier de réhabilitation de la Kasbah Agadir Oufella ne tardera pas à démarrer. Un appel d’offres a été lancé il y a quelques jours par la Société de développement régional du tourisme Souss Massa (SDR), maître d’ouvrage du projet. Il s’agit globalement de la réalisation des travaux de réhabilitation de l’ensemble du site historique en question et de ses abords. Le lot concerné par l’appel d’offres est précisément la réhabilitation des remparts et la réalisation de fouilles archéologiques au niveau de la façade Sud et la façade Est, est-il indiqué dans le document. Le coût des ouvrages envisagés est estimé par le maître d’ouvrage à plus de 7, 13 millions de DH. L’ouverture des plis était programmée mercredi dernier au siège de la SDR.
Pour rappel, ce chantier d’envergure de ce site mythique d’Agadir s’inscrit dans le programme de développement urbain de la ville, pour lequel une convention cadre a été signée, le 4 février 2020, sous la présidence de S.M. Mohammed VI. Par la suite, le projet, pour lequel un budget de 120 millions de DH est alloué, a fait l’objet d’une convention spécifique en mars dernier. Le financement est assuré par plusieurs départements et institutions. Il s’agit du ministère de l’intérieur et du ministère de la culture, qui contribuent à l’opération à hauteur de 20 millions de DH chacun. Le Conseil régional du Souss Massa et la société Al Omrane Souss Massa participent pour leur part au projet à hauteur respectivement de 30 et 50 millions de DH.
L’objectif visé par cet investissement est de restituer la forteresse et proposer des parcours de visites. Dans sa conception ce projet intègre l’importance du paysage et de la nature. Toutes les dimensions de desserte, de services et de sécurité sont prises en compte pour répondre aux besoins de la gestion future du site. C’est ce qui a été exposé lors de la dernière réunion du comité de suivi, qui s’est tenue le 11 mai dernier.
Dans son exécution, dans un souci de respect des victimes du séisme et de leur famille, la mise en place d’un platelage est prévue de manière à réaliser un parcours au-dessus des sépultures qui pourra être pratiqué dans une posture de respect. «Ce parcours sur platelage en bois surélevé prévoit une signalétique avec photos d’archives et explications en reprenant le dessin des ruelles d’avant-séisme», est-il indiqué.
Au programme également de ce chantier, l’aménagement en bas de la forteresse d’une plateforme de services, qui sera construite dans la pierre locale de la falaise pour bien s’intégrer à l’environnement.
Pour le moment, après l’obtention de l’autorisation du ministère de la culture pour entreprendre les travaux de restauration et réhabilitation du site et exécuter des fouilles archéologiques, il s’agit actuellement de déplacer les antennes implantées sur les lieux.
Après le premier appel d’offres lancé, deux autres appels d’offres sont au programme pour l’aménagement du platelage et la plateforme de services. En ce qui concerne les fouilles prévues, elles seront réalisées par des équipes marocaines et espagnoles, réunissant des archéologues de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP Rabat) et des experts espagnols de renommée internationale, spécialisés dans la restauration des fortifications post-catastrophes.
C’est donc un immense chantier qui est sur le point d’être entamé pour consacrer le rôle historique, culturel et touristique qu’occupe ce monument de la perle du Souss. Le lieu est en effet non seulement une symbolique de la ville d’Agadir mais aussi le vestige d’une autre époque de l’histoire de la cité. Le fort qui a survécu à deux tremblements de terre, en 1755 puis en 1960, est la mémoire de la station balnéaire et un facteur d’identité pour ses habitants. Des éléments qui justifient et expliquent pleinement la démarche plurielle et participative qui a été retenue pour la gestion de ce projet de réhabilitation qui pose un certain nombre d’enjeux. «Il s’agit de respecter ceux qui reposent en paix après le tremblement de terre de 1960, sans pour autant empêcher les générations à venir de comprendre d’où elles viennent», avait déclaré, il y a plus d’une année, Ahmed Hajji, wali du Souss Massa, lors d’une journée d’étude sur ce dossier.
Aujourd’hui, le challenge des travaux au programme est de restituer les remparts à travers une reconstruction physique et intellectuelle de l’objet architectural endommagé, de manière à en redonner une nouvelle image aussi exacte que possible. L’architecte du projet, Salima Naji, expliquait à ce sujet lors de la journée d’étude tenue, l’importance de recueillir toutes les informations matérielles fiables pour l’élaboration d’un plan des façades et d’une volumétrie, les plus fidèles. Il s’agit aussi de retrouver les matériaux, les spécificités architecturales, historiques et l’usage du lieu, soulignait-elle.
Autour de ce projet, contribuent depuis plus de trois ans, en synergie et dans une démarche participative, des historiens, des rescapés du tremblement de terre, la société civile et le ministère de la culture. L’objectif est de faire des remparts de cette forteresse une sorte de lieu de mémoire et un parcours historique. Sur ce plan il s’agit d’entrevoir les couches historiques de la ville, les échanges avec le Portugal, les Iles Canaries, le vaste monde et le débouché du commerce transsaharien, tout un passé si riche mais pas assez connu.