Affaires
Immobilier professionnel : pas d’inquiétude à moyen terme
• Les demandes de location/ acquisition sont dans leur majorité reportées, dans l’attente de plus de visibilité.
• Un léger intérêt remarqué récemment sur ce segment.
• Une pression à la baisse des loyers de 10% à 15% sera exercée.
• Le secteur évoluera simultanément avec la reprise économique.
La crise sanitaire a déstabilisé tous les secteurs d’activité économique. Le secteur immobilier n’y a pas échappé, ni dans sa composante immobilière, ni dans son segment professionnel. En effet, ce dernier est en quasi-stagnation ; les demandes de location/ acquisition sont dans leur majorité reportées, dans l’attente de plus de visibilité sur l’évolution de la situation économique. Depuis la date de la décision de confinement, certaines sociétés ont remis en cause leurs projets d’emménagement, d’autres ont demandé une suspension temporaire ou un étalement du paiement des loyers.
Actuellement, des professionnels contactés rapportent une reprise de la demande ou du moins un regain d’intérêt vers ce segment. «Le segment professionnel ou industriel de l’immobilier peut connaître une pause, mais pas un tassement, car, contrairement à l’immobilier résidentiel, il s’agit d’un investissement par nécessité (implantation, ouverture, extension…)», explique un conseiller en immobilier. «D’ailleurs, un de mes clients a besoin actuellement d’un espace de 5 ha industriels pour lancer une nouvelle activité», ajoute-t-il.
C’est dire que l’immobilier professionnel, notamment les plateaux de bureaux, est plus résilient à un renversement de tendance. Il est certes encore tôt pour évaluer l’impact de cette crise sur ce segment, aux yeux des professionnels, mais ils restent tout de même optimistes quant aux perspectives d’avenir. En tout cas, «qu’il soit à la vente ou à la location, le secteur des bureaux connaîtra un ralentissement pour le reste de 2020, créant ainsi de la vacance et une pression à la baisse des prix», estime Moncef Lahlou, directeur général de Capital Foncier.
«Une transition de 3 à 6 mois est nécessaire à partir de la date du déconfinement pour voir l’orientation de cette branche de l’immobilier», explique notre conseiller. Pour sa part, M.Lahlou souligne que les entreprises avec un bilan solide pourront en profiter pour clore des transactions rentables. Cela dit, la tendance qui était observée auparavant sera davantage accentuée. En effet, «l’immobilier professionnel devra s’orienter davantage vers le locatif, plus souple et nécessitant moins de capitaux que vers la vente. Il faut dire aussi que dans les mois à venir, les IDE et les nouvelles implantations de sociétés internationales, risquent de fortement baisser. Ce qui représentera une opportunité pour les locataires de négocier des baisses de prix ou de changer de location. Au sein de Capital Foncier, nous tablons sur une baisse des loyers de 10 à 15%».
Une autre source prévoit que les prix, tant à la location qu’à l’acquisition, ne devraient pas évoluer de manière substantielle, sachant qu’ils avaient déjà affiché une correction depuis 2016. En revanche, le mode de travail devra changer, au même titre que le type de local à rechercher. «On s’attend à l’émergence de nouveaux locaux, à l’instar des espaces de coworkings, ou encore au changement des exigences des clients, privilégiant des espaces intégrant les mesures de distanciation sociale», note notre professionnel. Par ailleurs, M.Lahlou suggère que les entreprises devraient profiter de nouvelles opportunités pour financer leur activité et leur croissance. Selon lui, «pour éviter de recourir aux crédits bancaires, de nombreuses entreprises mettront en location leur outil de production dans la mouvance des OPCI».
Même dans ces conditions difficiles, les opérateurs restent confiants quant à l’évolution de ce segment du secteur immobilier à moyen terme. «Si, à court terme, le secteur aura du mal à reprendre, aucune inquiétude n’est à émettre sur le moyen ou le long terme. L’une des raisons principales réside dans la dynamique qu’a créée le pays en se tournant vers les produits locaux». Pour ainsi dire, si le pays continue sur cette lancée, qui a été entamée bien avant avec l’initiative Intelaka, avec l’encouragement de l’entrepreneuriat et la consommation des produits réalisés en interne, la demande des locaux professionnels, mais aussi commerciaux et industriels devra se manifester de plus en plus. D’ailleurs, M. Lahlou constate que nombre d’investisseurs souhaitent élargir leurs sources de revenus et démarrer de nouvelles activités industrielles après le confinement. «La demande sur de petites surfaces de moins de 1 000 m2 pourrait se maintenir. Toutefois, la reprise sera plus longue sur les unités de plus de 5000 m2, et devra attendre de voir éclore des projets de production pour satisfaire l’export et pour le marché national», conclut-il.
