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Santé : le lourd fardeau des ALD !
3% de la population couverte par l’AMO, recourant aux soins liés à une affection de longue durée (ALD), consomme 47,7% des dépenses totales de l’AMO. Les dépenses totales des maladies non transmissibles (MNT) s’élèvent selon l’OMS à 777 millions de dollars américains, ce qui correspond à 9% du total des dépenses en santé (5 935 millions de dollars). Les MNT sont la principale cause de mortalité au Maroc, avec 80% des décès toutes causes confondues.

L’actualité mondiale marquée par la pandémie Covid-19 montre à quel point la santé peut influencer l’économie. Pour mettre la lumière sur ce constat, rien n’est plus pertinent que de montrer le coût des affections graves sur la prise en charge médicale. Au Maroc, le fardeau économique des cinq Maladies non transmissibles ou MNT (cancers, diabète, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires et insuffisance rénale), selon une nomenclature adoptée par l’OMS, est très important. Le rapport annuel global de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) de 2016, établit que 3% de la population couverte par l’AMO, recourant aux soins liés à une affection de longue durée (ALD), consomme 47,7% des dépenses totales de l’Assurance maladie obligatoire au Maroc. Selon l’enquête nationale sur les facteurs de risque communs des MNT 2017-2018, réalisée par le ministère de la santé, cette faible couverture, conjuguée au coût élevé de la prise en charge des MNT, entravent l’accès à la prise en charge. Pour les autorités sanitaires, cette situation est d’autant plus alarmante que la couverture médicale n’est pas généralisée. Les chiffres officiels indiquent que seulement 62% de la population globale est couverte par une assurance maladie, soit l’AMO, soit le Régime d’assistance médicale aux personnes économiquement diminués, dit RAMED. Par ailleurs, 73% des dépenses des ALD sont consommées par l’insuffisance rénale chronique terminale (26,40%), les tumeurs malignes (24%), l’hypertension artérielle sévère (11,70%) et le diabète type (11%).
Le coût des dépenses ALD est exorbitant
Pour renforcer la prise en charge des MNT, la stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des MNT 2019-2029 a accordé 80% de son budget. Le financement de cette stratégie, hors dépenses en RH, nécessitera un budget global de l’ordre de 5 430 MDH. Parmi les données sur lesquelles repose cette stratégie, les comptes nationaux des MNT au Maroc (2014) ont été réalisés grâce à une étude appuyée par l’OMS. Couvrant les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers et les maladies respiratoires chroniques, ces comptes montrent que les dépenses totales des MNT (777 millions USD) constituent environ 13,9% du total des dépenses en santé (5935 millions USD). Cette dépense reste insignifiante par rapport à l’importance de ce fléau. En revanche, la part des dépenses des ménages (2,996 millions USD) représente la moitié des dépenses totales pour les quatre MNT (5935 millions USD). Un des constats les plus saillants de ces comptes est que les dépenses sont majoritairement consacrées aux soins curatifs. L’étude a souligné par contre que les soins préventifs ne dépassent pas 3,8% des dépenses totales des MNT.
La masse salariale globale est un autre indice très signifiant influant sur la couverture médicale, précisément l’AMO. En 2018, la CNSS fait état d’une progression de 7% de cette masse, ayant atteint 148 milliards de dirhams. Ceci a porté le montant des cotisations à 29,86 milliards de dirhams, y compris l’AMO, soit une hausse de 7,9% comparé à l’année précédente. Cette augmentation a été possible grâce à la hausse de 2,6% du nombre des salariés déclarés, ayant dépassé 3,47 millions. Ainsi, le montant des prestations servies a atteint 21,51 mil¬liards de dirhams (y compris l’AMO), ce qui correspond à une hausse de 7,6% en comparaison à 2017.
L’effectif des salariés déclarés a augmenté de 3% en 2018 par rapport à 2017. Cette augmentation confirme une tendance qui dure depuis 2014 jusqu’à 2018, où le nombre des salariés déclarés a augmenté à une moyenne de 3,7% annuellement. En ce qui concerne le nombre de bénéficiaires consommant l’AMO, il a enregistré une augmentation de 10% entre 2017 et 2018 (1,52 million bénéficiaires en 2018).
