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Pouvoirs

Elections : les partis amorcent les grandes manœuvres

«Printemps de la rose», «Caravane de la lampe»…, les partis politiques changent leurs méthodes de communication.
Pour les programmes électoraux, il faudra attendre au moins
la fin avril.
La chasse aux adhérents s’organise.
Le choix des candidats a commencé au sein des grandes formations.

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Dimanche 1er avril, 20 heures, Bd. Hassan II, à quelques mètres de la wilaya de Casablanca, plusieurs milliers de visiteurs ont envahi la place Nevada, mitoyenne au Parc de la Ligue arabe. Ni la pluie, ni Aïd Al Mawlid ne les ont empêchés d’assister aux spectacles organisés dans le cadre du «Printemps de la rose». L’opération, organisée par une association proche de l’USFP, est un franc succès et, selon l’USFP, ce sont 120 000 personnes qu’elle aura attirées. Il faut dire que pour séduire les jeunes, les organisateurs ont mis les petits plats musicaux dans les grands, faisant appel, en plus des troupes traditionnelles, aux derniers groupes à la mode. L’événement, qui a duré deux jours, a également comporté des rencontres avec des personnalités du parti, dont son secrétaire général, Mohamed El Yazghi, Abdelouahed Radi, Driss Lachgar, Fathallah Oualalou ou Nezha Chekrouni. A quelques mètres de la tente réservée aux débats, une vingtaine de stands représentent les sections régionales de l’USFP, ainsi que ses organismes affiliés : femmes, jeunesse ou autres. Ils proposent aux curieux des informations sur le parti, voire la possibilité de s’y inscrire, même s’il n’est pas sûr que tous ceux qui ont franchi le pas ont fait le lien entre la rose, logo de l’USFP, affiché un peu partout sur place, et le parti lui-même… Peu importe, désormais, le parti compte renouveler l’opération tous les ans.

Le Mouvement populaire opte pour la discrétion
A six mois des élections, l’USFP n’est pas seul à vouloir séduire ses futurs électeurs. A l’exception du Rassemblement national des indépendants (RNI), empêtré dans ses problèmes de succession et engagé dans une course contre la montre pour l’organisation de son congrès, d’autres partis bougent, le plus en vue étant le PJD. Ce dernier, du 23 février au 15 mars, aura quadrillé six régions du Maroc dans le cadre de sa «Caravane de la lampe».

Quant au Mouvement populaire, s’il préfère agir dans la discrétion dans ses territoires traditionnels, la crainte d’un impact négatif de la fusion entre le MP, le MNP et l’UD semble l’avoir amené à revoir sa stratégie. «Il y a un mois et demi, le bureau politique a décidé de créer trois commissions pour préparer les élections : la première concerne l’organisation extérieure du parti, soit tout ce qui concerne la restructuration au lendemain de la fusion, la seconde traite de la préparation du programme électoral, et la troisième a pour mission de déterminer la stratégie électorale 2007», explique Ahmed Moussaoui, responsable de l’organisation des élections au MP. Les enjeux sont de taille : «Nous avons examiné les résultats de 2002, fait quelques extrapolations. Théoriquement, en supposant un report automatique des voix, nous avons découvert que le MP pouvait obtenir des sièges dans presque toutes les circonscriptions, voire deux sièges dans certaines», indique-t-il avec optimisme. Pour une performance optimale, le parti compte faire profiter ses candidats de l’expérience de ses élus.

Au niveau des programmes électoraux, les principales formations annoncent avoir commencé les travaux. Toutefois, les résultats ne seront connus au plus tôt qu’à la fin du mois. Ainsi, si au PPS le programme est, dit-on, fin prêt, il ne sera validé qu’à la suite de sa soumission au comité central du parti, à la fin d’avril. Et si le PSU annonce la publication du sien à la même époque, les électeurs devraient attendre encore quelques mois pour connaître ceux des poids lourds de la scène politique : au PJD, l’on parle du mois de juin, le parti venant à peine de passer de l’étape du diagnostic à celle des propositions. Même scénario à l’USFP où, détail intéressant, les préparatifs se font en collaboration avec la société civile. De leur côté, l’Istiqlal et le Mouvement populaire tiennent à prendre en compte d’éventuels changements de dernière minute…

La course aux candidatures est ouverte
Côté choix des candidats, plusieurs partis annoncent avoir commencé le travail de sélection. Au PPS, ce sont ainsi quelque 70 circonscriptions sur 95 qui ont choisi leurs candidats, et ce sera au comité central d’en arrêter les listes définitives le 28 avril prochain. De son côté, le PJD devrait récolter ses propositions locales le même mois, ses instances centrales n’ayant le droit de changer les candidats désignés par les régions que dans une limite de 20%. A l’USFP, si le choix des candidats se fait au niveau régional en présence d’un membre du bureau politique, au MP et à l’Istiqlal, le processus de sélection est plus centralisé, via le recours à des commissions. Ainsi, à l’Istiqlal, où 500 candidatures ont été déposées jusqu’au 31 mars, les candidats seront sélectionnés via un système de points favorisant les plus diplômés, les plus jeunes et les plus expérimentés au niveau électoral, les plus actifs au niveau associatif, etc. Au final, seuls seront sélectionnés les candidats disposant d’un nombre de points supérieur à la moyenne, les candidats restants ayant le choix entre se mettre d’accord quant à leur emplacement sur la liste ou confier ce choix à la base du parti dans leur province.

De même, au MP, une commission a pour mission de sélectionner les candidatures, les postulants devant ensuite obtenir l’accréditation du bureau politique. Un système conçu pour éviter les disputes entre les candidats des trois partis si ce n’était le fait que, selon M. Moussaoui, pour l’instant, seules 10 circonscriptions ont plus d’un candidat. Dans ce cas, des solutions de rechange sont prévues : les candidats non sélectionnés devront se présenter en tant que «sans appartenance politique », ou via les partis alliés du MP, quitte à former un groupe commun au Parlement.

Si pour l’heure, on en est encore au stade des préparatifs, il n’en reste pas moins que la démarche pour ces élections 2007 semble être marquée par un nouveau style, une nouvelle manière de communiquer et de faire. Peut-on pour autant en conclure que 2007 marquera un renouveau des partis ? L’après septembre 2007 nous le dira.

Recrutement
Partis cherchent hauts cadres pour élections…

Alors que les technocrates restent une cible de choix pour les politiques, les partis réalisent qu’ils manquent cruellement de cadres spécialistes : «Nous avons des ingénieurs, des médecins, mais ce n’est pas suffisant», indique Lahcen Daoudi, numéro deux du PJD. «Pour la prochaine législature il nous faut plus de juristes et d’économistes». En face, le problème inverse se pose pour l’USFP : si le parti n’est pas le seul à annoncer son intention de s’ouvrir sur les potentialités locales même hors parti, il recherche, néanmoins, et activement des ingénieurs, des médecins et des architectes pour le représenter, histoire de ne pas limiter ses candidatures aux avocats et professeurs… Ailleurs, au Mouvement populaire, les notables et les élus ont toujours la cote, mais l’on aimerait bien trouver aussi des femmes capables de gagner si elles sont placées en tête de liste…

Pas de panique, selon Noureddine Ayouch, président de l’Association «2007 Daba» du beau monde s’apprête à rejoindre les partis ou l’a déjà fait. Parmi eux, Ahmed Chami, ex-patron de Microsoft Afrique du Nord et Asie du Sud, Saloua Karkri Belkeziz, ex-présidente de l’Association des femmes chef d’entreprise. Une campagne, axée sur ces grands noms, est d’ailleurs prévue en mai pour accélérer la tendance : «Ils sont 100 à 150 cadres de haut niveau à avoir déjà intégré des partis, dont le MP, le PI, l’USFP, le PPS ou le PSU», révèle N. Ayouch qui voit les choses en grand : «Notre objectif est de pousser 7 700 cadres moyens et supérieurs à rejoindre les formations politiques. Ils peuvent soit adhérer pleinement au parti de leur choix, soit entrer dans un parti et essayer de l’aider tout en restant à l’extérieur, en tant que sympathisant actif.»

A ce rythme, les élus analphabètes seront-ils bientôt une espèce en voie de disparition ? Réponse en septembre prochain.