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Sanitaire : les gros industriels échappent au marasme

La capacité de production installée est d’environ 5 millions de pièces n Les industriels locaux, plus orientés sur l’entrée de gamme, ont beaucoup souffert du recul de la production de logements sociaux. Les importations turques, notamment, deviennent embarrassantes pour les grands opérateurs.

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Sanitaire

La morosité que caractérise le secteur immobilier au Maroc tire à la baisse toutes les industries des matériaux de construction, à quelques exceptions près. Si par exemple le ciment, la céramique et le marbre sont plombés par la méforme du secteur, ce n’est pas forcément le cas de la branche sanitaire. «Le marché reste relativement stable. Nous notons quelques baisses ponctuelles de la production. Mais, dans l’ensemble, elle reste stable en moyenne sur l’année», explique un opérateur du secteur. Sauf que tous les opérateurs ne sont pas logés à la même enseigne. Si les deux gros producteurs du pays, notamment Roca et Jacob Delafon, maintiennent leur activité et continuent à investir tous les segments du marché, ce n’est pas le cas pour les autres. Ces derniers (entreprises locales essentiellement), surtout présents sur l’entrée et le moyen de gamme, ont tiré profit pendant plusieurs années de l’orientation favorable des logements économiques et sociaux pour développer leur production et, partant, leur carnet de commandes. Le retournement de tendance a été douloureux. «Nous avons même négligé les produits de gamme moyenne et supérieure au profit de ces produits entrée de gamme», regrette un opérateur local.

La situation à l’export n’est pas très reluisante

En tout cas, le secteur tourne avec une capacité de production d’environ 5 millions de pièces. «Cet indicateur ne renseigne pas sur la bonne santé d’une entreprise. Les pièces fabriquées dépendent de leur positionnement (entrée de gamme, moyen ou haut de gamme). Des millions de pièces commandées par des opérateurs du logement économique et social, par exemple, pourraient correspondre en valeur à quelques milliers à forte valeur ajoutée», ajoute notre source.

La robinetterie minée par l’absence de normes

C’est justement la vision de plusieurs des producteurs locaux, qui, ayant compris que les années fastes des logements économiques et sociaux sont révolus, se tournent vers une production de meilleure qualité, avec une valeur ajoutée visible sur les revenus… «Cela reste difficile puisqu’il s’agit de créer de nouvelles gammes, de suivre la tendance, de tenir tête à des concurrents de taille importante…», assure notre opérateur local, qui ajoute : «Nous avons même réduit le circuit et mené une politique de ciblage direct des promoteurs et clients potentiels, sans passer par les intermédiaires et les grossistes». Ces industriels ont adopté cette stratégie du fait que la situation à l’export n’est pas très reluisante. Des changements réglementaires, douaniers ou autres, imposés par certains pays du Maghreb notamment, ont contribué un plus à l’amincissement des carnets de commande.
Les producteurs de grande taille résistent, mais ne sont plus tout à fait sereins. Alors qu’ils menaient à bien leur activité au Maroc, avec une clientèle cible, ils pâtissent actuellement de fortes importations des produits de certains pays, dont la Turquie notamment, qui investissent de plein front le marché haut de gamme et luxe. «Ce qui n’est pas sans perturber tant la capacité de production que d’importations desdits produits».
Si l’on peut considérer cela comme une situation normale de concurrence entre opérateurs, sans que la qualité en prenne un coup, on ne peut pas en dire autant pour un sous-secteur du sanitaire qui est la robinetterie. En effet, «l’un des maux de ce secteur est l’absence de normes et c’est cette fragilité qui a poussé principalement les producteurs chinois à l’envahir. Certains produits sont loin d’être sécurisés et loin d’obéir aux standards de base», explique un producteur. En principe, cette situation ne devrait pas durer puisque toute la branche du sanitaire devra se mettre en conformité avec de nouvelles réglementations des entreprises classées dont l’objectif est, entre autres, de proposer des produits de qualité répondant à des normes marocaines, sinon étrangères.