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Entretien avec Francesco Monaco, PDG de Fiat Chrysler Automobiles Morocco
A sa nomination en avril 2018 à la tête de Fiat Chrysler Automobiles au Maroc, on l’a présenté comme celui qui allait relever la compétitivité et augmenter la part de marché du groupe au Royaume. Les bons résultats réalisés par les différentes marques sous sa houlette confirment que Francesco Monaco est en voie de réitérer son exploit en Egypte, où il avait réussi en 2017 à renforcer la présence de FCA dans un contexte difficile. Que réserve-t-il pour le Maroc ? les réponses dans cet entretien réalisé en marge de la présentation des résultats 2018 de FCAM.

LVE : Que représente le marché marocain pour FCA?
Pour FCA, le marché marocain est celui de toutes les opportunités. C’est un marché sur lequel des réflexions importantes ont été conduites. Quand je suis venu ici, mon objectif était de remettre Fiat dans le top trois des ventes, et ainsi de permettre à l’entreprise de mieux réfléchir sur ces orientations futures. En somme, l’Afrique est un continent qui a un grand potentiel mais, de par mon expérience, c’est un continent où l’on doit se concentrer sur certains pays, et le Maroc est l’un de ces derniers car il est en ligne avec tous les standards européens. Cela signifie qu’un succès ici rimera avec le renforcement du développement de la marque.
Le Maroc gagne en attractivité industrielle pour les constructeurs et les sous-traitants automobile. y a-t-il une réflexion de franchir le pas et de vous installer ici en tant qu’industriel?
C’est une réflexion qui me dépasse et qui doit être conduite au niveau du siège régional. Mon rôle est de mener la société à se forger une vision claire pour décider des mesures au futur, mais m’exprimer sur les intentions de développement stratégique de FCA ne relève pas de mes responsabilités.
Revenons à vos ventes en 2018, et qui reflètent un bon comportement dans les segments sur lesquels vous vous positionnez, notamment l’évolution de +150% des ventes d’Alfa Romeo. Le Salon de l’autombile y a-t-il contribué ?
Certainement, quoique l’évolution reste significative en pourcentage plutôt qu’en volume pour certaines marques. Sur Alfa Romeo, on a vendu plus de 1000 voitures alors que les chiffres des années précédentes étaient nettement en deçà de ce palier. Au Salon, nous avons reçu quelques 3000 commandes. Sur un total de 12.500 ventes que nous avons réalisées en 2018, ce chiffre représente près de 25 %. Le Salon était l’occasion de se refaire après un début d’année délicat.
Peut-on dire que l’effort commercial a changé la donne?
Le succès est un mix de beaucoup d’éléments. Entre autres, il relève du courage de prendre certaines décisions, de tenir certains niveaux de prix sur toute une année. De même, nous avons eu de belles progressions sur la Typo, la Punto, et même la Stelvio. La 500 et le reste des marques ont tiré de grands bénéfices. De plus, nous avons une équipe très motivée et orientée vers le développement du business, et les concessionnaires font également un grand travail.
La demande accrue sur le SUV a accentué la concurrence entre constructeurs. Comment comptez-vous maintenir la cadence dans la course ?
Il faut signaler que l’affluence sur le SUV n’est pas propre au Maroc mais c’est une tendance mondiale. D’ici à 2022, 32 millions nouvelles voitures devront être commercialisées de par le monde. C’est pour cela que FCA complétera son offre dans ce segment d’ici 2022 avec des produits dans toutes les gammes. Il y aura de nouvelles déclinaisons du Renegade, du Compass, du Cherokee, du Grand Cherokee et du Wrangler, couplés à l’héritage d’une marque magique comme Jeep. Idem pour Alfa Romeo, qui sera dotée d’une gamme complète avec la petite Alfa, puis le Stelvio, le grand Stelvio. Je sens que l’on va faire fort.
Concernant les citadines et les compactes, vous pressentez des résultats positifs en dépit de la forte concurrence qui domine, surtout au niveau des prix?
Je ne vais pas m’engager dans une bagarre qui va casser la rentabilité du business. Je ne suis pas intéressé par une bataille avec des concurrents qui sont d’abord des producteurs locaux et qui offrent une gamme de produits que je n’ai pas. Si tel était le cas, nous allons perdre en volume, en temps et argent, une chose que je veux éviter. Le message que j’ai adressé est clair : le futur sera fait d’un changement de direction et de l’orientation vers le premium.
Quels seront les axes de cette orientation vers le Premium?
Etre Premium pour moi se résume au développement dans trois piliers. Premièrement, nous ne pouvons pas prétendre à être Premium si nous ne possédons pas une gamme complète de produits. Nous allons donc progressivement compléter notre offre dans tous les segments, à travers des motorisations non seulement traditionnelles mais aussi hybrides, celles du futur. En deuxième lieu, nous allons nous centrer sur les exigences du client à travers une qualité irréprochable des services à la vente et après-vente, et offrir les outils nécessaires au client pour avoir accès au crédit. Enfin, le pilier le plus important est d’avoir un réseau qui va épouser la stratégie de développement Premium, et notre concessionnaire à Marrakech est le premier exemple de cette orientation.
