Au Royaume
Agadir Oufella : détails du projet de réhabilitation de la Kasbah
Un immense chantier vient d’être lancé à Agadir. Il s’agit de la mise en œuvre du projet de réhabilitation du site de la Kasbah de la ville, connu aussi sous l’expression berbère Agadir Oufella ce qui veut dire Agadir d’en haut.

Ce lieu est non seulement un symbole de la ville d’Agadir mais aussi le vestige d’une autre époque de l’histoire de la cité. Le fort qui a survécu à deux tremblements de terre en 1755 puis en 1960 est ainsi la mémoire de la station balnéaire et un facteur d’identité pour ses habitants.
« Le contexte est celui d’une situation post-catastrophe qui pose un certain nombre d’enjeux de réhabilitation. Le premier étant celui de respecter ceux qui reposent en paix après le tremblement de terre de 1960, sans pour autant empêcher les générations à venir de comprendre d’où elles viennent », explique à ce sujet Ahmed Hajji, wali du Souss Massa au cours d’une journée d’étude, réunissant des chercheurs universitaires, des anthropologues, des architectes et la société civile ainsi que représentants de collectivité locales.
Dans ses grandes lignes, le projet comporte l’idée d’une restitution des remparts. Il s’agit d’une reconstruction physique et intellectuelle de l’objet architectural endommagé de manière à en redonner une nouvelle image aussi fidèle que possible. ‘’Pour cela, il faut recueillir toutes les informations matérielles fiables pour élaborer un plan, des façades, une volumétrie les plus fidèles possible. Il s’agit aussi de retrouver les matériaux, les spécificités architecturales, historiques…, indique Salima Naji, architecte du chantier.
Autour de cette démarche collaborent un collège d’archéologues, d’historiens, de rescapés du tremblement de terre, la société civile et le ministère de la culture.
L’objectif est de faire des remparts de cette forteresse une sorte de lieu de mémoire et un parcours historique à même d’entrevoir les couches historiques de la ville, les échanges avec le Portugal, les Iles Canaries, le vaste monde et le débouché du commerce transsaharien…Tout un passé si riche mais pas assez connu.
Pour ne pas fouler les sépultures, par respect aux défunts, un parcours sur platelage sera mis en place. Il sera équipé d’une signalétique avec photos d’archives et explications. Dans un devoir de mémoire comme le souligne le professeur Mohamed Bajalat, président de l’Association Izorane N’Agadir, le platelage devrait reprendre le dessin des ruelles et du tissu disparu. Aussi les plans d’exécution ont été établis de manière à proposer aux visiteurs de regarder les fouilles ou le chantier de reconstruction. L’association de la Faculté de Lettres d’Agadir au chantier permettra, par le biais de ses étudiants, de trouver là des possibilités de médiation culturelle voire un vivier de guides ou d’animateurs de ces lieux réanimés, est-il indiqué.
A noter que pour la mise en route de ce vaste projet, les équipes pluridisciplinaires ont travaillé dans une démarche participative depuis 15 mois.
Après la mouture présentée par la ville en 2017 avec pour objectif notamment la restauration d’une partie des remparts, ce dossier revient d’actualité avec une vision plus globale dans son approche et dans son exécution. La synergie et les engagements dont il bénéficie aujourd’hui devraient permettre enfin sa réalisation.
