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Plan d’économie énergétique : le détail des mesures en préparation
Le programme qui démarre en septembre concerne le bà¢timent, les transports et l’industrie Ecoles, internats et hôpitaux équipés en chauffe-eau solaires et lampes basse consommation Les architectes sensibilisés aux normes pour des constructions et équipements plus économes en énergie.
Equilibre difficile que celui qui doit être trouvé entre la nécessité d’assurer les besoins en énergie pour la croissance économique et l’impératif de maà®triser la facture énergétique.
Avec un cours du pétrole (et des autres combustibles aussi) qui menace d’atteindre les 200 dollars le baril, la facture devient de plus en lourde à supporter. Sur les quatre premiers mois de 2008, les importations de produits énergétiques ont augmenté de 49,2 % (+ 6,8 milliards de DH) pour atteindre 20,6 milliards de DH, contre 13,8 milliards à la même période de 2007.
Le Maroc connaissant un développement tout azimut, la consommation va en augmentant, et il n’est pas question d’en ralentir le rythme. En revanche, il est possible de consommer mieux, ce qui est une façon plus intelligente de réduire à la fois les charges qui pèsent sur le Budget de l’Etat (via le soutien des produits pétroliers) et le déficit de la balance commerciale, voire de la balance des transactions courantes. Il faut bien voir en effet que la hausse des importations de marchandises, entre janvier et avril 2008, est imputable pour 30,1% aux achats de produits énergétiques.
Voilà pourquoi un comité de travail dédié à l’efficacité énergétique a été mis en place. Il était temps ! Ce comité comprend l’Office national de l’électricité (ONE), les ministères de l’industrie, de l’intérieur et des finances, et a pour chef de file le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER).
C’est ce comité (dépendant du comité national, lequel est présidé par le Premier ministre – voir encadré) qui est en train d’élaborer un programme national d’efficacité énergétique. Celui-ci est quasiment bouclé et devrait, selon nos sources, démarrer en septembre 2008 pour s’étaler jusqu’en 2012, avec une deuxième phase allant jusqu’en 2020.
Une vingtaine d’internats avec des chauffe-eau solaires et des LBC
Que comprend ce programme ? De nombreuses actions d’efficacité énergétique dans trois domaines principalement.
Le premier domaine concerne le bâtiment au sens large. Ce projet sera mené avec la participation des ministères de l’habitat, de la santé, de l’éducation nationale et du tourisme.
Le Fonds mondial de l’environnement (GEF en anglais) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) appuient ce projet avec une enveloppe financière de quelque 3,3 millions de dollars (25,8 MDH); l’enveloppe globale du projet s’élevant à 17,5 millions de dollars (136,5 MDH).
Les architectes sont également mis à contribution, puisque le CDER a signé une convention avec leur organisation (l’ordre des architectes) portant sur la prise en compte de la dimension efficacité énergétique dans la conception des bâtiments à travers l’isolation thermique, l’orientation des bâtiments et l’utilisation d’équipements énergétiques peu consommateurs d’électricité et de combustibles.
Dans le secteur de l’éducation nationale, une vingtaine d’internats seront équipés de chauffe-eau solaires et de lampes basse consommation (LBC). Les mêmes actions sont prévues dans le secteur de la santé pour les installations existantes. Pour les nouvelles constructions, en revanche, les cahiers de charge devront mentionner expressément la dimension efficacité énergétique à prendre en considération par les promoteurs. Idem pour le secteur touristique.
Pour l’instant, cependant, le comité lui-même ne sait pas s’il faut rendre obligatoire ou facultatif le respect des normes et réglementations (qui seront mises en place) liées à l’efficacité énergétique, tant au niveau thermique (chaudières, fours, etc.) qu’électrique, comme l’amélioration du facteur de puissance, par exemple.
Réduction de la vitesse maximale sur les routes et promotion des transports collectifs
Le deuxième domaine à l’étude par le comité de l’efficacité énergétique est celui des transports. Les actions prévues à ce niveau concernent la réduction de la vitesse maximale sur les routes, la promotion des transports collectifs et du co-voiturage, le développement du conseil à l’endroit des utilisateurs de véhicules (réglage des moteurs, utilisation de la climatisation, etc.) ainsi que des centres techniques pour le contrôle des véhicules.
Enfin, dans le secteur industriel, le programme met l’accent notamment sur l’importance des audits énergétiques, à la fois thermique et électrique. Et dans la mesure o๠le tissu industriel est majoritairement composé de PME-PMI, l’Agence nationale de la petite et moyenne entreprise (ANPME) est associée comme partenaire de la mise à niveau énergétique, à côté de l’ONE, bien sûr.
On parle d’ores et déjà de quelque 2 000 audits énergétiques à réaliser. Des experts estiment que ce genre d’actions est à même de réduire sensiblement la consommation des industriels. «Parfois, l’intervention peut porter sur des paramètres très simples, mais qui donnent lieu à des résultats positifs très importants», témoigne un expert en efficacité énergétique.
En tout cas, le potentiel d’économie d’énergie est estimé à quelque 20 %, et la contribution de l’industrie, selon la Banque mondiale, devrait être de 38 % .
