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Au Royaume

Tout détricoter…

Osons renégocier des contrats dont aucun n’est gravé dans le marbre ni empreint de sacralité, à ce qu’on sache. Notre seule limite devra être notre vision économique.

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Edito

«Le grand défaut du Maroc c’est qu’il est très bon élève quand il s’agit du respect des règles de l’OMC, et quand bien même il met en place des mesures de sauvegarde, elles ne sont que de courte durée». La phrase est d’un fin connaisseur de l’entreprise marocaine et du commerce international, commentant d’un côté le retour du protectionnisme américain décrété par Trump à la force du poing et d’un autre côté les questions posées ici et là par différents industriels marocains quant à l’utilité des ALE dans lesquels s’est engagé le pays.

Si le sujet du protectionnisme est d’actualité mondiale, le cas du Maroc mérite qu’on s’y arrête. Et quel meilleur prétexte pour cela que la révision du modèle de développement actuellement en cours de réflexion – quoique très timide, faut-il le préciser. S’y arrêter donc et poser quelques questions qui relèvent parfois du simple bon sens sur l’état actuel de notre économie, ses besoins, sa vision… Le Maroc a fait le choix d’être une économie libérale et ouverte. Soit. Mais cette condition sine qua non, qui a permis vers la fin des années 90 et début 2000 de générer des taux de croissance plutôt satisfaisants, n’est plus suffisante. Dans 10 ans, toutes les économies seront libérales et ouvertes, ironise un expert. Se dire pays à ambition industrielle ne suffit pas non plus. Si ce n’est en facilitant aussi bien l’investissement industriel que l’approvisionnement en intrants industriels. Aujourd’hui, il faut pousser davantage la réflexion pour identifier, outre les espaces où se situent les intérêts géopolitiques du Maroc, ceux qui nous permettront de disposer d’intrants industriels à prix compétitifs et ceux susceptibles d’absorber nos exportations. Oser renégocier des contrats dont aucun n’est gravé dans le marbre ni empreint de sacralité, à ce qu’on sache. Notre seule limite devra être notre vision économique. Le Maroc en dispose-t-il ? Sait-il où il veut aller dans 10, 20 ou 30 ans ? S’il a élaboré des plans sectoriels, une vision globale lui fait défaut. Il n’a qu’une approche en silos, pour reprendre une expression de l’OCDE. Négocier au mieux nécessitera d’abord de déconstruire tout ce schéma pour en construire un autre à 360 degrés. Impliquer toutes les parties prenantes et faire des arbitrages en connaissance de cause. Et c’est à cela par exemple que sert un chef de gouvernement.