Affaires
Asthme : le taux de prévalence est de 10 à 20% au Maroc
Au Maroc, comme partout dans le monde, l’asthme est une maladie de plus en plus fréquente.

Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle touche près de 235 millions de personnes et est responsable de 250 000 décès par an dans le monde. En ce qui concerne le Maroc, l’International Study of Asthma and Allergies in Childhood ( ISAAC) révèle que 10 à 20% de la population marocaine est touchée par l’asthme. On retiendra, par ailleurs, dans le cadre d’enquêtes nationales, que la prévalence de l’asthme est beaucoup plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte. «Le taux de prévalence chez l’enfant entre 13 et 14 ans est de 20% et chez l’adulte il se situe entre 15 et 17%. Et on peut dire que la prévalence chez l’enfant connaît une évolution inquiétante», indique Abdelaziz Aichane, spécialiste en pneumologie et en allergologie. Cet ancien enseignant à la Faculté de médecine de Casablanca ne manque pas de souligner que cette évolution est due à plusieurs facteurs, notamment les allergies ainsi que la pollution. Les conclusions des enquêtes nationales révèlent que les personnes vivant en milieu urbain sont plus exposées à cette maladie inflammatoire des bronches qui demeure, souligne le professeur Aichane, encore sous diagnostiquée au Maroc. Ce qui s’explique par sa similitude avec d’autres pathologies comme la bronchite allergique, la bronchite virale ou encore la rhinite allergique. Celle-ci est à 80% liée à l’asthme. Le taux de prévalence est de 20% à Casablanca et de 16% à Rabat. Et c’est également dans les grandes villes que l’asthme aigu grave représente 20 à 25% des cas de crises pris en charge dans les divers services d’urgence au niveau national. Dans les villes du Sud du Maroc, la prévalence de la maladie varie de 12 à 14%.
La prise en charge mensuelle varie de 80 à 200 DH
C’est dans l’objectif d’améliorer la prise en charge de l’asthme que les laboratoires pharmaceutiques, les médecins spécialistes et les sociétés savantes procèdent à des actions de sensibilisation de la population, en particulier les patients, leurs familles, sans oublier les médecins généralistes et les pharmaciens.
Selon les spécialistes, le diagnostic de l’asthme est facile à établir. Des signes tangibles: le patient présente les symptômes tels qu’une respiration sifflante, éprouve une gêne respiratoire après un effort, a des toux sèches, surtout nocturnes. Tout cela peut être détecté suite à un simple examen clinique. Parfois, on peut procéder à une radio pulmonaire afin d’écarter d’autres pathologies, notamment un cancer des poumons. Il est également possible de procéder à des tests allergologiques afin de connaître les origines de l’allergie. Et pour une meilleure prise en charge et un contrôle continu des malades, le médecin peut prescrire une spirométrie, soit une exploration fonctionnelle de la respiration, afin d’évaluer le degré de la maladie. Une évaluation qui permettra de fixer le traitement à suivre. Celui-ci est essentiellement basé sur la prise de corticoïdes inhalés qui peuvent être associés aux bronchodilatateurs à action prolongée et permet de baisser la fréquence et l’intensité des crises. La durée optimale de cette association est de 8 semaines.
D’autres médicaments sont venus pour élargir l’arsenal thérapeutique utilisé contre l’asthme, notamment les anticorps monoclonaux anti-IgE (non commercialisés au Maroc) préconisés chez les patients âgés de plus de 12 ans et souffrant d’asthme sévère allergique. Les anti-leucotriènes représentent aussi une autre alternative comme traitement de fond de l’asthme. «Pour le traitement de fond d’une durée minimale de trois mois afin de bien contrôler les malades, l’ordonnance moyenne varie entre 80 et 200 DH par mois.
En ce qui concerne la spirométrie et les tests, il faudra compter 400 à 600 DH pour chaque examen qui se fait tous les six mois ou une année en fonction de l’état de la personne», explique Dr Aichane. Le coût du traitement de crise, qui se fait essentiellement par le biais des inhalateurs et autres aérosols (Ventoline par exemple), est de 45 à 50 DH.
10,3 j perdus chaque année au Maghreb à cause de l’asthme
Selon les pharmaciens, les asthmatiques ne sont pas disciplinés dans la mesure où ils sont nombreux à arrêter leur traitement de fond pour se contenter des inhalateurs. Et pour preuve, ils soulignent que la Ventoline figure dans le top ten des ventes de médicaments. Selon les statistiques du secteur pharmaceutique, il se vendrait près de 2 millions de Ventoline par an. Pour les spécialistes, le seul traitement de crise n’est pas suffisant. Le suivi thérapeutique régulier et complet permet d’agir sur tous les facteurs. Et c’est le message que les laboratoires pharmaceutiques spécialisés dans les médicaments respiratoires transmettent durant les campagnes de sensibilisation et d’éducation. Ils expliquent que l’asthme est une pathologie chronique et que la finalité de la prise en charge n’est donc pas de guérir le patient, mais de l’aider à contrôler son asthme et donc de limiter son impact sur son quotidien. Car cette maladie a un impact sur la qualité de vie certes, mais également sur le plan socioéconomique. Ainsi, selon une étude Air Mag, réalisée dans les pays du Maghreb auprès d’un échantillon de 10 000 personnes, le taux d’absentéisme dû à l’asthme est en moyenne de 30,3%. Ce qui équivaut à la perte chaque année de 10,3 jours de travail en moyenne. Le deuxième message concerne le contrôle de l’asthme et l’importance de son suivi. Cette même étude révèle que 56,3% des asthmatiques ne sont pas contrôlés au Maroc.
