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Automobile : les ventes devraient progresser de 3 à 5% en 2018
Les visiteurs ont été très nombreux à Auto Expo, mais les transactions n’ont pas suivi. Les offres promotionnelles présentées toute l’année réduisent le potentiel des ventes durant le salon. La dépréciation du dirham par rapport à l’euro sur un an a forcé les concessionnaires à modérer leurs remises pendant le salon.

Les professionnels de l’automobile sont en général un peu circonspects sur les retombées de la 11è édition du Salon Auto Expo 2018 qui s’est tenue du 10 au 22 avril. Et pour cause, la moisson était au mieux «correcte» ou «moyenne», mais clairement «moins bonne qu’il y a deux ans». Une autre partie des concessionnaires – qui n’ont pas voulu donner plus de détails avant l’annonce du bilan définitif officiellement par l’Aivam – se disent, sans trop insister là-dessus, «satisfaits» du niveau de ventes. Un professionnel estime que le niveau des ventes sera, au meilleur des cas, égal à celui de l’édition 2016. Pourtant, ce n’est pas l’affluence qui a manqué. Des dizaines de milliers de visiteurs ont fait le déplacement : même un peu plus que l’édition dernière. Abdelouahab Ennaciri, vice-président de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam) et DG de Scama, relève que les visites ont été nombreuses, mais le taux de concrétisation s’est inscrit en baisse par rapport à 2016. Le patron du distributeur de Ford relève que chez quelques opérateurs, notamment du top 5, les commandes réalisées à cette grand-messe de l’automobile ont accusé des baisses.
Moins d’achats impulsifs
Selon un commercial de chez Nissan, plusieurs visiteurs viennent désormais à l’Auto Expo pour s’informer, comparer les offres et s’enquérir des nouveautés pour être à la page et non pour décider de l’achat. «Ils savent que des remises assez alléchantes sont proposées par les concessionnaires tout au long de l’année», explique-t-il. En effet, il semble que la concurrence sur le marché automobile a poussé les opérateurs à garder des offres promotionnelles pendant presque toute l’année pour recruter les clients. Lors du Salon Auto Expo, la marge de manœuvre pour un effort supplémentaire se trouve consommée.
Un autre facteur explique cette retenue à accorder des remises: le renchérissement de l’euro -principale monnaie d’importation des voitures neuves- par rapport au dirham (+5,6% en un an) a impacté la rentabilité des concessionnaires et réduit les possibilités de baisse des prix. Un responsable de chez Sopriam estime, de son côté, que le marché est plus mature et la clientèle devient de plus en plus avisée. «Les achats sont moins impulsifs, même si on lui miroite des offres intéressantes», observe-t-il. Les concessionnaires s’accordent sur le niveau moyen des transactions de l’édition 2018 ; ils sont également unanimes à penser que l’effet du salon sur le niveau de ventes annuelles prévu n’est pas déterminant. Les concessionnaires ont pris l’habitude de ne pas trop compter sur l’envolée des ventes au cours de l’Auto Expo. «Par expérience, ce rendez-vous ne crée pas de demande additionnelle. Il ne fait que reporter les achats et concentre les transactions sur le mois du salon», analyse M. Ennaciri. La preuve, les ventes prennent une trajectoire baissière les mois qui précèdent sa tenue. A fin mars 2018, les nouvelles immatriculations ont décroché de 8,5%. Même avec ce salon, «les ventes de l’année devraient progresser de 3 à 5%, soit le niveau auquel s’attendaient les opérateurs depuis le début de l’année», pronostique M. Ennaciri.
Le SUV continue de prospérer au détriment des compactes
Du point de vue de la demande, il n’y a pas eu de nouvelles tendances lourdes à signaler. A en croire M.Ennaciri, ce sont toujours les petites voitures citadines, mini-citadines et citadines-sedan qui continuent d’être plébiscitées. Le SUV est très bien demandé et continue de prospérer au détriment des compactes. Les finitions d’entrée de gamme à faible équipement sont, quant à elles, peu prisées. Par contre, les modèles intermédiaires et de finitions supérieures ont désormais le vent en poupe. «La clientèle est très portée sur le confort de conduite, ce qui fait que l’entrée de gamme n’est plus aussi prisée qu’auparavant, sachant que le différentiel de prix encourage le passage aux finitions supérieures», explique le commercial de Nissan. En scrutant cette hiérarchisation des préférences, on en conclut aisément que le gros de la demande émane des primo-accédants, notamment les jeunes qui viennent d’intégrer le monde professionnel, suivis des professions libérales et des commerçants.
Fait particulier cette année, l’offre de financement s’est élargie à la finance participative. En plus des stands des établissements classiques, Bank Assafa, Bank Al Yousr, Umnia Bank et BTI Bank ont été présentes à cette grand-messe de l’automobile pour renseigner les clients potentiels sur la formule Mourabaha, faire des simulations et, in fine, collecter les premières demandes de financement. L’affluence observée sur ces stands laisse conclure que la Mourabaha a séduit les visiteurs. M. Ennaciri affirme que Scama a réalisé quelques dossiers avec cette formule qui, selon lui, «connaît un engouement certain». D’autres opérateurs expliquent qu’il y a eu des transactions, mais le niveau est conforme à celui d’un marché en démarrage. Il faudra donc attendre que le produit soit connu davantage.
