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Culture

Hicham Ayouch et les Barons de Baltimore

Les Barons de Baltimore est un groupe de musique naissant qui rend hommage au verbe et à la poésie. Dix poèmes, déclamés sur de la musique électro, seront dévoilés le 13 avril à l’Uzine et le 16 avril au festival Jazzablanca.

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Hicham Ayouch et les Barons de Baltimore

On l’attend au cinéma, il revient en musique. Hicham Ayouch ne veut décidément pas d’étiquette unique. Le cinéaste met en pause son projet de biopic sur Thomas Sankara, pour se dédier à son nouveau projet artistique, plutôt chronophage… «Les Barons de Baltimore est en gestation depuis  quelques mois. Je compte y dédier toute mon énergie pour assurer les deux concerts à venir, puis l’album et ensuite les tournées. Je reviendrai vers le cinéma plus tard», assure-t-il.

Le groupe propose des poèmes lus sur de la musique électro. Dix morceaux ont déjà été enregistrés et présentés au Jazzablanca, qui ne s’est pas fait prier. Un concert est prévu au Village du festival le 16 avril. Avant cela, les Barons se produisent le 13 avril à l’Uzine, espace culturel de la Fondation Tazi, qui contribue à la production de l’album.

Au commencement était le poème

Bien qu’il semble sortir de nulle part, ce projet de musique fermente depuis des années, dans l’esprit de l’artiste. «J’ai toujours écrit des poèmes que je ne partageais pas forcément, car c’était pour moi de l’ordre de l’intime. Et puis surtout, je ne trouvais pas le biais pour le faire», nous confie Hicham Ayouch.

D’influence plutôt romantique, les poèmes d’Ayouch sont traversés par trois grandes thématiques. «Il y a des textes d’ordre existentialiste, qui relatent les états d’âme du poète, son spleen, sa mélancolie, sa folie, sa solitude, comme dans le texte ‘‘Un dimanche’’. Des poèmes d’amours passées, d’amours présentes, comme dans ‘‘Elle’’. Un poème d’amour pour sa fille, de rencontres qui l’ont inspiré. Et puis des poèmes à travers lesquels le poète tente de réveiller le monde, lui faire voir la société d’une autre manière et l’exhorter à s’engager», détaille-t-il, tout en éludant l’étiquette politique.

Mais il y a deux ans, «j’ai senti le moment venu, pour dévoiler ces textes. C’est la rencontre avec le guitariste flamenco Rodolphe Babignan qui a donné lieu aux toutes premières lectures musicales, me confortant dans l’envie de faire de la musique», raconte l’artiste.

Histoire d’une rencontre

«Les Barons de Baltimore est né d’une rencontre ultérieure avec Amine Rharbi, puis d’autres musiciens qui se sont joints à nous», continue Hicham Ayouch qui estimait avoir des goûts musicaux plutôt classiques. «Rock, jazz ou rap. Je n’avais jamais pensé à la musique électro, jusqu’à cette rencontre avec Amine qui a son propre univers. Dès le départ, nous avons réussi à trouver ce juste équilibre pour que la musique ne mange pas les mots, surtout que la musique électronique est puissante. Et en même temps, lui laisser le temps de s’exprimer».

Le résultat est saisissant de force et de sensibilité, oscillant entre slam et chanson. «Nous sommes un genre hybride, en ce sens où on essaie d’avoir des refrains, des chœurs, de vrais solos, contrairement au slam où la musique ne fait qu’accompagner le texte», souligne Hicham Ayouch qui avoue, cela dit, son désir de passer de la lecture au chant, dans les mois qui viennent. N’est-ce pas normal pour ce grand amateur de Brel ?

Quant au choix de la langue française, Hicham Ayouch dit avoir opté pour la langue de ses émotions. «Je n’ai ni la sensibilité ni le vocabulaire pour écrire en darija, qui est assurément une belle langue très poétique. Je conçois que cela peut nous éloigner d’un certain public, sauf qu’on peut aussi aimer la musique. Moi, quand j’écoute Nusrat Ali Khan, je ne comprends rien à l’ourdou. J’ai aimé les Beatles avant de parler un mot en anglais. Je crois en la capacité du public à capter l’énergie et j’espère qu’on ne va pas rester cantonné dans une niche bourgeoise de l’axe Casa-Rabat. Pourquoi ne pas prendre un van et se produire au gré de nos envies ?». En effet, pourquoi pas ?