Affaires
Un guide des produits financiers pour les entreprises intéressées par l’Afrique
Sur 130 opérateurs sondés, 89% ne connaissent pas suffisamment les produits proposés par les institutions financières. 60% ont des difficultés d’accès au financement pour se développer en Afrique. Le patronat appelle l’Etat à renforcer son appui aux PME.

La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) se penche sur le financement de l’expansion des entreprises marocaines en Afrique. Sa commission «Financement des entreprises» a mandaté le cabinet Mazars, avec le soutien de BMCE Bank of Africa, pour mener une étude afin de recenser les produits financiers existants sur le marché. Cette démarche s’est conclue par le lancement du «Guide des produits financiers pour l’Afrique», un nouvel outil digital qui propose un recensement des différents produits des institutions financières proposés aux opérateurs économiques afin de les accompagner dans leurs opérations d’export ou d’investissement à l’international, particulièrement en Afrique.
Il faut dire qu’à l’issue de cette étude, la commission est ressortie avec 4 principaux enseignements. Le premier concerne l’offre, estimée large et composée d’une multitude de produits mais qui ne sont toutefois pas toujours adaptés et qui sont pour la plupart méconnus des opérateurs. Aussi, les besoins de financement sont jugés insuffisamment cernés par les institutionnels. Le troisième constat concerne le financement des opérateurs qui est principalement basé sur l’autofinancement. Enfin, l’étude révèle l’insuffisance des mécanismes proposés par l’Etat en comparaison à d’autres pays, notamment en Afrique du Sud où des aides sont données aux TPE-PME pour des opérations de prospection, des actions marketing, etc. En Chine, l’Etat appuie les entreprises nationales à visée internationale à travers d’importants soutiens financiers. Même constat pour la Tunisie où des produits islamiques sont proposés aux exportateurs pour couvrir leurs besoins en trésorerie.
Les produits recensés dans le cadre de l’étude sont ceux des banques, des institutions financières internationales et des assureurs crédit et organismes de garantie. Le sondage a touché plus de 130 répondants (tous secteurs confondus) et toutes les typologies d’entreprises (start-up, TPE, PME, entreprises de grande taille). L’étude a ainsi dévoilé que 92% des sondés ont l’intention d’investir ou d’exporter en Afrique au cours des 12 prochains mois. Cependant, plus de la moitié de l’échantillon a exprimé des difficultés à accéder au financement pour se développer en Afrique (60%), et une majorité écrasante (89%) estime ne pas connaître suffisamment les produits financiers proposés par les institutions financières. En parallèle, pour le financement de leurs projets, la moitié des opérateurs recourt principalement à l’autofinancement, tandis que 39% se financent par emprunts bancaires, au moment où 26% des opérateurs lèvent des fonds à travers le capital-investissement (26%). Le financement sert surtout pour la prospection, les actions marketing et le business développement ; à combler les besoins de trésorerie ; ou à permettre des implantations.
S’agissant des produits les plus utilisés, ce sont les virements bancaires qui sont les plus prisés (43%) et, dans une moindre mesure, le Crédit documentaire irrévocable (22%). A contrario, les chèques, la mobilisation des créances nées de l’étranger et le crédit révocable sont les moyens de paiement les moins utilisés par ces opérateurs. Toujours en matière de financement, 21,7% des opérateurs estiment leur besoin de financement entre 0,5 et 1 MDH, tandis que 15,2% le valorisent entre 5 et 10 MDH et 17,7% l’évaluent entre 10 et 30 MDH.
L’étude de Mazars a également révélé la perception des opérateurs quant aux difficultés qu’ils rencontrent. Les grandes entreprises lient surtout ces difficultés aux exigences des banques et leur manque de réactivité, notamment celles implantées en Afrique (filiales), ainsi qu’au régime des changes qu’ils estiment contraignant en plus d’une lenteur d’octroi des autorisations de l’Office des changes. Pour leur part, les PME ont surtout des difficultés d’accès au financement, avec des garanties jugées élevées. En plus de leur méconnaissance des dispositifs proposés suite à une rareté des informations et du manque de communication. Quant aux TPE, elles avouent leur méconnaissance des produits financiers qu’elles jugent pour la plupart inadaptés à leurs besoins et à leur typologie. Elles estiment également que les garanties bancaires exigées sont élevées et recourent à l’autofinancement et au capital-investissement. Un moyen de financement auquel recourent également les start-up qui expriment leurs difficultés à accéder au financement bancaire dont les conditions sont rédhibitoires.
A la lumière de ces éléments, l’étude ressort avec des recommandations à l’attention des pouvoirs publics qui doivent renforcer leur appui à travers la création d’un fonds souverain de développement et de soutien qui pourrait fédérer les fonds dédiés à l’Afrique, créer un Fonds de garantie pour soutenir de nouvelles implantations, ou encore assouplir la réglementation des changes et promouvoir une meilleure collaboration entre les banques marocaines et les institutions financières internationales.
