Affaires
Lente décroissance de la rentabilité des banques à cause des exigences en fonds propres
La rentabilité des fonds propres est de 8,6% en 2016, contre 9,4% un an auparavant, 10,2% en 2014 et 10,6% en 2013. Malgré l’atonie du crédit et les pressions sur la marge d’intérêt, la marge globale d’intermédiation s’est appréciée de 0,23 point. La marge sur les opérations avec la clientèle a légèrement fondu.

Même si elles ne ménagent pas leurs efforts pour soutenir leur rentabilité, les banques ne peuvent empêcher son recul. Le secteur a en effet affiché une rentabilité de ses fonds propres (ROE) de 8,6% en 2016, selon le dernier rapport sur la supervision bancaire. L’année d’avant cet indicateur s’affichait encore à 9,4%. Si l’on remonte plus loin, il y a lieu de parler d’une baisse tendancielle, toutefois loin d’être alarmante par son rythme. Le ROE était en effet de 10,2% en 2014 et de 10,6% en 2013. Il dépassait encore 11% en 2004. Si l’on est tenté d’y voir que les banques sont, année après année, un peu moins performantes, cette érosion est plutôt à mettre en lien avec les efforts qu’elles doivent continuellement consentir pour augmenter leurs fonds propres afin de se conformer aux exigences réglementaires. L’année dernière, la banque centrale l’a rappelé à certains établissements dans le cadre des dispositions de Bâle III adoptées en 2014. Il s’en est suivi une augmentation des fonds propres globaux du secteur de 4,3% à 106,8 milliards de DH, essentiellement du fait de la constitution de réserves. Ils avaient progressé de 6,6% une année plus tôt.
Notons que cela contribue à renforcer un peu plus le poids des banques dans l’économie, leur total bilan cumulant 1 199 milliards à fin 2016, en progression annuelle de 4,7%. Il représente 118% du PIB à prix courants, contre 116% un an auparavant.
Le taux de rémunération des dépôts est en baisse
La hausse du dénominateur dans le calcul ROE, mise de côté, les banques continuent de s’en tirer à bon compte en termes de profitabilité de leur activité. Le meilleur indicateur est le résultat net du secteur qui a progressé de près de 31% l’année passée, à 12,3 milliards de DH. Ce montant intègre toutefois un élément non récurrent qu’est le désinvestissement d’Attijariwafa bank dans sa filiale Wafa Assurance. Retraité de cet élément, le bénéfice sectoriel fait quasiment du surplace à 9,2 milliards de DH.
Sur un plan spécifique, la marge globale d’intermédiation ressort en 2016 à 3,36% au lieu de 3,13% l’année d’avant. Les banques ont pu retomber sur leurs pieds en ayant augmenté leur taux de rendement sur les emplois, tout en profitant d’une poursuite de la baisse du coût des ressources. Sur le premier tableau, elles ont retiré un peu plus de leurs emplois (4,86% en 2016 contre 4,82% un an auparavant), principalement en tirant profit du contexte de baisse des taux obligataires qui a propulsé le résultat des activités de marché des établissements de plus de 25% l’année dernière. Pour se donner les moyens de bien tirer avantage du contexte porteur, elles ont davantage misé sur les parts d’OPCVM, ce qui a d’ailleurs induit une augmentation de leur portefeuille titre de près de 10% l’année dernière.
De l’autre côté, les ressources sont rémunérées à 1,5% contre 1,69% en 2015 et près de 2% l’année d’avant, notamment du fait de la baisse du taux directeur. Cependant, la marge sur les opérations avec la clientèle (intérêts et commissions), a légèrement fondu sur une année. Il faut dire qu’un crédit rapporte aux banques aujourd’hui 5% de rendement au lieu de 5,33% un an auparavant et 5,51% en 2014, ce qui est à lier au contexte concurrentiel exacerbé par une croissance atone du crédit. L’on comprend dès lors que BAM ait attiré l’attention des banques ces derniers mois sur leur exposition au risque de taux d’intérêt global dans un environnement de taux bas, inhérente en particulier aux encours de crédit à l’habitat octroyés à taux fixe sur de longues maturités. Notons que sur cette catégorie de financements le taux moyen appliqué a marqué un repli de près de 25 points de base à 4,96%.
Encore une fois, le coût moyen des ressources, en l’occurrence les dépôts, dont il faut préciser que 60% ne sont pas rémunérés, s’est allégé à 1,15% contre 1,29% en 2015. L’un dans l’autre cela a induit une petite érosion de la marge sur les opérations avec la clientèle qui est ainsi passée de 4,04% à 3,85%.
