Culture
L’art du malhoun à l’honneur
L’Académie du Royaume du Maroc a organisé, mercredi 24 mai, une cérémonie à l’occasion de la parution d’un recueil dédié à l’art du malhoun. L’ouvrage est le dixième d’une encyclopédie du malhoun initiée par l’Académie.

C’était une soirée artistique et festive que celle qui a célébré la parution du dixième recueil de malhoun, publié par l’Académie du Royaume du Maroc. La cérémonie de présentation a réuni d’illustres interprètes et maîtres de cet art ancestral avec le must des poèmes de Chioukhs de renom, interprété par des artistes venant de différentes régions du Royaume. Dans ce cadre propice au tribut, un hommage a été rendu à Hadj Ahmed Souhoum, une des grandes figures de cet art séculaire.
Un ouvrage scientifique
On ne badine pas avec le patrimoine ! L’encyclopédie du malhoun est un projet d’envergure initié par l’Académie du Royaume pour recenser l’intégralité des textes écrits et/ou transmis oralement depuis la naissance de cet art. Sa profusion est telle que l’Académie du Royaume du Maroc a constitué un comité élargi, composé d’une cinquantaine de chercheurs dans le domaine du malhoun, pour mener un travail scientifique de collecte et d’archivage d’œuvres majeures de grands maîtres du malhoun. Le travail a été mené avec la complicité de Chioukhs, de mounchidines et de poètes marocains investis dans la transmission de cet art ancestral aux générations futures. Neuf recueils ont déjà été rédigés et validés par ledit comité, avant ce dernier livre dédié aux qçaïds du cheikh Ahmen Benali Elmesfioui Demnati.
Jeudi 18 mai, une journée d’étude a traité, en présence des experts, la langue, la construction artistique, les thématiques, les formes et les performances du malhoun. Tandis que la soirée du 24 a été l’occasion de la célébration, avec des interprétations modernes des grandes qsaids du malhoun par des artistes et chioukhs contemporains. On aura entendu des textes de cheikh Abd el-Aziz el-Maghraoui, pionnier du genre, de cheikh Qadour El Alami ou du Sultan Moulay Abdelhafid.
Plus qu’un art
Il n’est pas nécessaire d’être fin connaisseur du malhoun pour en jauger la valeur et en comprendre le rôle. Né dans le Sud marocain, aux alentours de la région du Tafilalet, à l’époque des Almohades, l’art du malhoun a attendu l’ère des Saadiens, pour être codifié, avec l’apparition des «Surûf», qui sont au malhoun ce que les tafîilate sont à la poésie classique. Et c’est Cheikh Abd el-Aziz el-Maghraoui qui a désigné le pied métrique sous le terme de Dân, devenu depuis le modèle suivi par les poètes marocains dans leurs compositions. Le premier recueil de l’encyclopédie du Malhoun lui a d’ailleurs été dédié.
Le malhoun a toujours été relié à la vie quotidienne des Marocains, abordant des thèmes divers, allant du spirituel au spiritueux, de l’intellectuel à l’esthétique, du grivois au romanesque, ou tout simplement les faits banals et l’anecdote. Son évolution s’est enrichie des affluences culturelles des régions dans lesquelles il s’est épanoui, à savoir Marrakech, Meknès, Fès, Taroudant, Safi, Salé et Rabat.
Outre la valeur artistique et linguistique de l’art du malhoun, on peut d’emblée saisir l’ampleur de son apport à l’histoire et à la culture du Royaume. Reste à savoir par quel biais pourrait être assurée la transmission de ce riche patrimoine, autrement que par les canaux traditionnels des chioukhs et des mounchidines, la langue darija n’étant pas constitutionnellement officialisée…
