Affaires
Les retraités de l’ONCF mécontents des prestations du RCAR
Les syndicats dénoncent une baisse des pensions par rapport à celles de l’ancienne caisse interne n Le RCAR et l’ONCF affirment que les acquis sont maintenus pour les employés en retraite avant le transfert de la caisse en 2002.
Selon le RCAR, l’abattement de 24% sur la pension des bénéficiaires d’une retraite anticipée est à l’origine de la grogne.

Les retraités de l’Office national des chemins de fer (ONCF) sont mécontents. Et pour cause, les acquis dont ils bénéficiaient dans le cadre du régime interne de retraite sont remis en cause, depuis le passage, en 2002, au Régime collectif des allocations de retraite (RCAR). Le transfert a coûté, faut-il le rappeler, près de 5 milliards de DH. Les centrales syndicales ont unanimement critiqué les conditions d’externalisation du régime vers cette caisse.
L’UMT (Union marocaine du travail) a même élaboré, en 2006, un mémorandum répertoriant les critiques faites au RCAR, qu’elle a remis à la Primature. «Cette démarche s’impose dans la mesure o๠nous sommes en train de discuter de la réforme des régimes de retraite. Il faut donc intégrer le cas du RCAR qui est beaucoup moins avantageux que le régime des caisses internes. D’ailleurs, cela n’est pas propre à l’ONCF, les retraités de plusieurs établissements sont dans la même situation», affirme-t-on à l’UMT.
Pour sa part, la Fédération démocratique du rail (FDR) a dénoncé, à l’occasion du 1er Mai, le régime du RCAR appliqué, depuis 2002, aux retraités de l’ONCF. Dans une note rendue publique, la FDR souligne que des cheminots qui percevaient «3 350 DH se retrouvent avec 1 480 DH à leur départ à la retraite en juillet 2006, alors que sous le régime de la caisse interne, cette pension aurait été de près de 2 510 DH».
Une baisse due à la modification de plusieurs paramètres. Ainsi, si le régime interne de retraite fixait le départ à la retraite à 50 ans pour les mécaniciens et à 55 ans pour les employés, le RCAR a porté l’âge respectivement à 55 et 60 ans. Pourtant, et toujours selon la FDR, cette disposition du nouveau régime n’est même pas respectée par la direction de l’ONCF qui «oblige encore les employés à partir à la retraite selon les conditions d’âge fixées par le régime interne».
Des commissions mixtes ont été créées
La retraite anticipée, deuxième avantage remis en cause par le RCAR, était possible, dans le régime interne, après 21 ans de service pour les hommes et 15 ans pour les femmes. Le RCAR, en revanche, a uniformisé l’âge de départ à la retraite anticipée en le fixant à 21 ans quel que soit le sexe de l’employé, et prévoit un abattement de 24 % sur la pension obtenue. Des modifications ont été apportées également à la base de calcul de la pension (on retient la moyenne des salaires pendant toute la carrière au lieu du dernier salaire pour l’ancien régime), au taux d’annuité (ramené de 2,5% à 2%) et à la pension minimum garantie qui ne pouvait être inférieure au Smig dans le régime interne de l’ONCF et que le RCAR a fixé aujourd’hui à 500 DH.
Pour les responsables du RCAR, le mécontentement des retraités de l’ONCF est dû essentiellement à l’application de l’abattement de 24%. Ils ajoutent que le «régime est ainsi fait, depuis sa création en 1977, et a des fondamentaux différents de ceux des autres régimes et qu’il faut sauvegarder». On souligne en outre que «pour les retraités d’avant 2002, donc avant le transfert au RCAR, rien n’a changé puisqu’ils continuent à bénéficier des avantages du régime interne».
Autrement dit, les nouvelles conditions s’appliquent uniquement aux employés partis à la retraite après 2002. La direction de l’office rejoint les propos des responsables du RCAR, précisant que «les conditions de transfert ont tenu compte des avantages des cheminots et ont fait l’objet d’un accord signé avec les syndicats représentatifs». Elle ajoute que «les pensions des retraités et ayants droit sont égales à leurs pensions servies par l’ex-caisse interne de retraite de l’ONCF et bénéficient, en plus, de la revalorisation annuelle au même titre que les pensionnés du RCAR».
Le problème est donc complexe et chacun y va de ses arguments. Mais, quoi qu’il en soit, les syndicats ainsi que certaines associations de retraités appellent à une révision des conditions du RCAR. Les responsables de ce régime, pour leur part, estiment que, «pour trouver une solution au problème de l’abattement, l’ONCF doit verser l’équivalent de cinq années de cotisations au RCAR». Par ailleurs, il est indiqué qu’il y a toujours une possibilité de souscrire des retraites complémentaires si le régime est jugé désavantageux par rapport au régime interne.
Pour remédier à la situation, l’office a entamé, depuis le début 2007, des négociations avec les partenaires sociaux en vue d’améliorer les pensions. Des commissions mixtes ont été créées pour «les besoins techniques de simulations afin d’apporter des réponses fiables à ce dossier», explique-t-on à l’office. Affaire à suivre…
