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La Bourse flanche, les investisseurs digèrent les résultats

Depuis le 12 janvier, l’indice a perdu plus de 12%. Quelques valeurs ont déçu le marché à cause de dividendes moins élevés que prévu. Les opérateurs restent optimistes par rapport à l’évolution de l’indice.

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Bourse flanche

Le bal des résultats annuels des sociétés cotées est clos et l’indice général du marché boursier continue de surfer sur sa vague baissière entamée vers la deuxième moitié du mois de janvier. En effet, depuis le début de l’année le MASI a évolué en deux phases : une première caractérisée par une hausse étalée sur les 10 premiers jours de janvier, où l’indice avait atteint son plus haut niveau de 12 886,32 points, correspondant à une performance de 10,67%, et une seconde phase, du 12 janvier à l’heure où nous mettions sous presse, où le MASI a perdu 12,25% de sa valeur. Il affichait à la clôture de la séance du 11 avril une variation négative depuis le début de l’année (-2,9%). Cette contre-performance reflète l’évolution négative des cours des valeurs de quelques secteurs phares de la cote, notamment les secteurs bancaire, des télécoms ou encore du bâtiment & matériaux de construction qui représentent plus de la moitié de la capitalisation flottante (voir encadré).

Cette baisse qui caractérise le marché depuis maintenant trois mois semble «non justifiée» pour certains opérateurs du marché d’un point de vue «fondamental» puisque les sociétés de la cote ont dégagé de bons résultats financiers au titre de l’exercice 2016. Rappelons à cet effet que la masse bénéficiaire globale ressort en progression de 12%, à 28,6 milliards de DH (contre une hausse de 1,6% à fin 2015). Retraitée des pertes exceptionnelles de Ciments du Maroc, celle-ci grimpe de 17,5%. Pour d’autres, ce sont les dividendes annoncés par certaines sociétés qui ont déçu. Les attentes par rapport aux résultats 2016 étaient pour le moins élevées, le rendement peu attractif proposé par ces dernières a refroidi les investisseurs. Malgré la progression de leurs masses bénéficiaires, ces sociétés ont été moins généreuses que d’habitude. Elles étaient plus dans une optique de capitalisation plutôt que de rémunération en cash, une situation qui semble justifiée dans le sens où certaines d’entre elles sont en pleine phase d’investissement. C’est le cas de la Compagnie minière de Touissit (CMT) qui a annoncé cette année la distribution d’un dividende par action de 48 DH (contre 135 DH l’année dernière). En une semaine, la valeur a perdu plus de 23% de sa valeur. Cependant, il est à noter que la compagnie prévoit un plan d’investissement dans le site de Tizgha, financé à hauteur de 28 millions d’euros par la Banque Européenne de restructuration et de développement (BERD). LafargeHolcim a également refroidi le marché en annonçant une rémunération par action de 66 DH (contre 86 DH en 2015), sur la base d’un résultat net en hausse annuelle de 30%. Le temps d’une séance, la valeur a perdu plus de 9%. Là aussi, le cimentier s’engage dans un plan d’investissement à travers sa filiale africaine en construisant ou en achetant de nouvelles usines à travers le continent.

Le marché est toujours cher

Mais globalement, les sociétés cotées devraient rémunérer plus gracieusement leurs actionnaires cette année : 20,9 milliards de DH, soit 667 MDH de plus qu’en 2015, et ce, même si le taux de distribution s’élève à 72,6% contre 83,5% une année auparavant. «D’un point de vue mécanique, le dividend yield se retrouve dilué car les cours ont tellement progressé que nous ne sommes plus sur les mêmes niveaux de rendement même si les dividendes n’ont pas changé en nominal», explique Bachir Tazi, Partner, head of equity sales & trading à CFG Bank. Toujours selon lui, «cette baisse est assimilée à un mouvement de prise de bénéfices». En situant le marché dans son contexte, le rallye haussier qui a démarré depuis le 2e semestre 2016 et qui a continué jusqu’aux premières semaines de janvier a été essentiellement boosté par une anticipation de la hausse de la masse bénéficiaire (entre 8 et 15%). Une fois les résultats publiés, c’est naturel qu’il y ait une prise de bénéfices. «Le marché anticipe. Il ne réagit que sous l’effet de la surprise», affirme M. Tazi. A quelques exceptions près, les résultats annuels étaient globalement en ligne avec les anticipations du marché. ll n’y a pas eu de surprises. «La correction du marché est saine, les opérateurs digèrent les résultats pour avoir de la visibilité sur 2017», explique un trader.
L’indice a certes perdu environ 10% par rapport à son plus haut annuel atteint mi-janvier, «mais ce n’est pas dramatique : à fin 2016, le marché traitait à des niveaux de valorisation très élevés (21 à 22 fois les bénéfices). Aujourd’hui, nous sommes à des niveaux entre 18 et 19 en termes de P/E, ce qui demeure relativement élevé», livre M.Tazi

En somme, le marché serait plus dans une phase de digestion plutôt qu’en baisse. «Les comités des sociétés de gestion et des institutionnels se réunissent au lendemain de la clôture de la période des publications annuelles afin de définir leurs stratégies de placements et d’arrêter leurs prévisions», confie notre trader.

D’un point de vue technique, le Masi devrait se redresser
D’un point de vue technique, l’indice ne devrait pas tarder à reprendre. Selon un analyste, «une autre vague de hausse est attendue et le MASI devrait atteindre les 12 000 points avant le mois de juin». En tout cas, quelques éléments plaident pour «une année correcte pour le marché actions, sans pour autant atteindre les 30% de 2016, car le marché traite déjà à des niveaux de valorisation tendus», affirme M.Tazi. Ces éléments sont notamment une accélération prévue de la croissance économique en 2017, une poursuite de la baisse des taux ou du moins un maintien du niveau actuel, et le déblocage de la situation politique après six mois de gel, synonyme de réactivation des investissements publics. En outre, «deux éléments techniques sont à surveiller de près cette année», selon M.Tazi. D’abord la flexibilité du dirham dont le processus sera lancé dans les prochaines semaines et devra s’étaler sur plusieurs années, selon la Banque centrale. L’impact sur le marché se fera sentir en fonction de l’évolution de la valeur dirham qui sera plus flexible. Aussi, grâce à une amélioration de la liquidité en 2016 et début 2017, la Bourse de Casablanca commence à remplir les conditions de liquidité pour être éligible à intégrer le MSCI Emergent Market. Un scénario peu probable mais pas impossible. En supposant que le Maroc rejoigne le MSCI EM, le processus pourrait prendre jusqu’à 36 mois.

Du côté fondamental, les analystes sont optimistes quant à la progression de la capacité bénéficiaire relative à 2017. CFG Bank par exemple table sur une hausse située entre 6 et 8%.