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Société

Les relations conjugales : Questions à Mohssine Benzakour, Psychosociologue

«Ce n’est pas la Moudouwana qui a impacté la vie de couple, mais le changement des mentalités».

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La Vie éco : Selon vous, le Code de la famille a t-il contribué au changement des relations familiales et conjugales ?

Je tiens à préciser que la vie familiale et donc la vie d’un couple n’est pas gérée au quotidien par une loi. On ne pense loi que lorsqu’il y a un conflit. Et cela est normal. Ce qui m’amène à dire que la loi ne change pas la société mais c’est plutôt la prise de conscience des individus. Et c’est ce qui s’est opéré au Maroc où la famille a connu une évolution intéressante qui a abouti à une reconnaissance, en dépit de quelques réticences, de l’égalité entre les deux sexes et de l’individualité de la femme qui n’est plus l’objet de l’homme. Elle a désormais un statut…

Néanmoins, la Moudouwana a permis un changement des relations de couples…

Oui, c’est certain. Et on peut en retenir les points suivants : premièrement, la reconnaissance de la responsabilité de la femme qui codirige la famille avec l’époux. Deuxièmement, en cas de divorce, la femme n’est plus à la merci du mari et ne risque plus d’être «l’épouse suspendue» lorsqu’il refuse le divorce. Aujourd’hui, elle peut demander la séparation. Ce qui explique que la femme n’a plus peur du tribunal ni des procédures judiciaires. Il s’agit d’une égalité devant les conflits.

Y-a-t-il, à votre avis, des dispositions à améliorer au niveau du Code de la famille ?

Bien entendu, il y a des modifications à apporter en vue d’une amélioration de la vie familiale, du couple et de la société de façon générale. Et je pense à deux points, notamment la polygamie et le mariage des mineurs. Malgré les dispositions légales, la réalité sur le terrain est tout autre.

Pensez-vous que l’amélioration des relations familiales et de couple dépend uniquement de la Moudouwana ?

Pas du tout. L’amélioration peut venir d’autre part et le ministère de la famille devrait agir sur d’autres domaines, notamment au niveau des programmes scolaires en vue de changer l’image des femmes, au niveau des médias et de la publicité qui ont un impact certain et important sur la représentation de la femme et du couple dans la société. Enfin, le ministère devrait aussi se pencher sur la formation via ce que j’appellerais «l’école parentale» qui permettra aux jeunes qui vont se marier d’avoir une connaissance et d’être préparés à la vie de couple qui ne relève pas seulement de la loi.