Affaires
Les opérateurs économiques optimistes pour 2017
L’abondance des pluies autorise une bonne année agricole. La hausse de la demande, intérieure et extérieure, sera plus vigoureuse. L’investissement privé devrait reprendre.

L’année se présente sous de bons auspices pour les milieux d’affaires ! Les opérateurs pensent que l’activité des principaux secteurs de l’économie sera, en général, mieux orientée en 2017 qu’elle ne l’était en 2016. Leurs espoirs sont confortés par les données prévisionnelles du Haut commissariat au plan, les enquêtes de conjoncture de Bank Al-Maghrib et les avis des économistes d’observatoires privés. «Si sur ces cinq dernières années plusieurs secteurs se battaient pour maintenir leur activité, nous voyons cette année des prémices de croissance modérée», projette une source à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Hormis les estimations divergentes du taux de croissance de l’année, toutes à la hausse par rapport à 2016 (entre +3,5% à +4,5%), la demande intérieure, moteur de l’activité économique va se redresser. Elle devrait s’apprécier de 2,4% contre 1,7% en 2016. D’après les calculs du Haut commissariat au plan, la consommation des ménages résidents augmentera de 3,1% en 2017 (2,8% en 2016) et celle des administrations publiques devrait croître de 3,8% (contre 2,5%).
De son côté, la demande étrangère adressée au Maroc, bien que sa contribution à la croissance reste faible, devra croître de 10%, selon les économistes de l’Observatoire du commerce extérieur d’Euler Hermès. Et ce, dans trois principaux secteurs : l’industrie automobile, la chimie et les engrais. En 2016, les exportations ont crû de 4% contre plus de 5% en 2015. Projection à tempérer, étant donné les tensions qui pèsent sur plusieurs marchés émergents.
L’investissement, pour sa part, devra profiter de la poursuite des grands projets structurants et de la reprise progressive des activités économiques, pour croître de 2% en 2017, selon les projections du HCP. «En dehors de l’Etat, il faudra s’attendre à ce que plusieurs opérateurs qui retardent leurs décisions d’investir passent à l’acte cette année», soutient la source patronale. Amine Berrada, membre du conseil d’administration de la Fenagri, informe que beaucoup d’investissements se font et se feront dans les filières les plus dynamiques tels que l’agroalimentaire.
Cela dit, peu de choses filtrent sur les budgets alloués à l’investissement par les différentes structures publiques, comme le rapporte une source à la Fédération nationale du BTP qui réalise 80% de son activité dans la commande publique. Tel que souligné dans la dernière note de conjoncture (février 2017) de Bank Al-Maghrib, on sait en revanche que les opérateurs devraient continuer à bénéficier de la détente des prix à l’importation de biens et services déjà relevée en 2016. Ils seront également mieux servis par des conditions de financement de l’économie en nette amélioration, à la fois sur le registre de l’offre, des taux et du conseil.
Le BTP toujours à la peine
Si sur le plan macro-économique le contexte semble plus favorable, les secteurs ne sont pas tous logés à la même enseigne.
Dans le primaire, la campagne agricole 2016/2017 se déroule dans de bonnes conditions grâce à une pluviométrie relativement abondante. Ce qui n’est pas sans rassurer la majorité des opérateurs économiques, étant donné le poids de l’agriculture dans la structure du PIB. A propos du la pêche, les débarquements des branches côtière et artisanale ont connu un accroissement de 11,7%. Sous l’hypothèse d’un scénario moyen de la production céréalière et de la consolidation de celle des autres cultures agricoles et de l’élevage, ce qui est le cas, l’agriculture dégagerait une valeur ajoutée en hausse de 7,2% au lieu d’une baisse de 9,7% en 2016, selon les calculs du HCP.
Selon des sources à la Confédération de l’agriculture et du développement rural (Comader), les opérateurs s’attendent à une année bien meilleure que 2016, avec, toutefois, des commandes en hausse modérée dans les principales filières. «En tout cas, l’agriculture a entrepris, en parallèle à la montée en puissance du Plan Maroc Vert, un réel travail de diversification de l’offre et des débouchés qui la place aujourd’hui en bonne posture face aux turbulences», dit-on à la Comader.
L’industrie n’est pas en reste. La reprise de l’activité, illustrée par un taux d’accroissement de 4% par an depuis 2014, au lieu de 0,5% durant 2011-2013, va permettre d’atténuer les effets de récession du secteur du bâtiment et, partant, de consolider en partie la contribution du secteur secondaire à la croissance économique nationale, selon l’analyse du HCP.
Le secteur du BTP, pour sa part, «ne semble pas près de sortir de la crise en 2017. Aucun élément ne plaide dans ce sens», tranche Mustapha Miftah, directeur de la FNBTP. L’activité a été marquée à fin décembre par une baisse de 0,7% des ventes de ciment après une augmentation de 1,4% un an auparavant.
L’agroalimentaire suscite beaucoup d’espoir
De manière générale, les industriels sondés parlent d’amélioration du taux d’utilisation des capacités qui se situe à environ 73%. «Cela peut se poursuivre sur le reste de l’année, étant donné nos carnets de commande», note un opérateur de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith).
La valeur ajoutée du secteur secondaire s’est accrue de 3% par an ces dernières années au lieu de 0,7% en 2012 et 2013 et 4% entre 2007-2011. En 2017, l’industrie dégagerait une valeur ajoutée en amélioration de 3,5% (contre 3,3% en 2016). Les nouveaux métiers mondiaux, notamment l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, vont continuer à voir leur activité progresser, selon les projections des différentes fédérations sectorielles. Les chiffres des exportations en début d’année corroborent cette projection.
Un secteur traditionnel, celui de l’agro-business, semble montrer plus de vigueur. Selon les spécialistes, les effets du processus d’intégration des secteurs de l’agriculture et de l’industrie ont profité à la relance des activités classiques des industries de transformation. Amine Berrada, du conseil d’administration de la Fenagri, estime que les contrats de performance de l’agroalimentaire vont encore permettre aux industriels de monter en puissance et de réaliser plus d’investissements pour plus d’intégration locale. Plusieurs industries manufacturières pourront ainsi renouer avec la croissance.
La reprise pour une partie des services
Il faut dire que cette composante du secteur industriel, au-delà de sa prépondérance dans la création de la valeur ajoutée industrielle, présente des effets d’entraînement plus élevés sur les activités économiques nationales. Ceci n’est pas encore le cas des nouveaux métiers, en particulier celui de l’automobile qui reste marqué par un plus grand taux de pénétration des importations, et pourrait générer des effets d’entraînement (effets multiplicateurs) plus importants à moyen terme, comme le rappellent également les industriels de l’industrie automotive.
Sur les services, qui contribuent pour 57% à la valeur ajoutée totale, les opérateurs s’attendent également à une année de croissance, comme le déclare Mohamed Taïb, directeur de la Fédération du commerce et des services (FCS) affiliée à la CGEM. Selon les projections du HCP, l’activité du secteur tertiaire devrait s’accroître de 2,1% au lieu de 1,9% en 2016, sous l’effet, en particulier, de l’amélioration de 2,2% des services marchands et de 1,9% des services fournis par les administrations publiques. M .Taïb note que l’export des prestations de service en Afrique, notamment l’ingénierie, se développe. Il affirme que les entreprises marocaines sont mieux positionnées que leurs concurrentes nord-africaines sur ce marché. «La nouvelle réglementation des changes, moins contraignante et qui s’adapte aux besoins des prestations de service, va aider aussi pour plus d’affaires», analyse le responsable. Néanmoins, il note que la FCS n’a pas de visibilité quant à la commande publique de cette année. Il souligne que les délais de paiement deviennent préoccupants, à plus de 250 jours en moyenne chez les membres de la FCS.
Et finit par remarquer que les services sont une grande branche d’activités dans laquelle des sous-secteurs peuvent se porter moins bien en 2017, notamment les transports, les NTIC, et les services aux ménages et aux entreprises.
