Au Royaume
En 2030 Incha Allah…
Il y a seize ans de cela, en 2000, le Maroc s’engageait solennellement dans l’enceinte des Nations Unies pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement qui consistaient globalement à lutter contre la pauvreté, améliorer les conditions de vie, atténuer les inégalités, y compris l’inégalité des chances, généraliser l’accès aux services de base comme l’école et les soins de santé.

Un premier constat s’impose d’abord et il est aujourd’hui acté et reconnu par les instances mondiales qui comptent. Quinze ans plus tard, le Maroc n’a pas du tout à rougir de son bilan au regard des indicateurs affichés et surtout au regard de ses moyens, comparés à ceux dont disposent d’autres pays qui pourtant sont encore loin d’avoir atteint lesdits objectifs.
Les statistiques, heureusement très crédibles parce que indépendantes, du HCP, établissent des vérités on ne peut plus tangibles. En 2015, la pauvreté extrême, c’est-à-dire les personnes vivant avec moins d’un dollar par jour, et la pauvreté alimentaire ont quasiment disparu du Maroc. En 1990, ne l’oublions pas, ces deux types de pauvreté existaient encore et elles touchaient respectivement 3,5 et 4,6% de la population. Le taux de pauvreté absolue, lui, a été divisé presque par quatre en l’espace de 15 ans, en passant de 15,3% à 4,2% seulement. Les inégalités sociales, mesurées par la comparaison entre les 10% des ménages les plus riches et les 10% les plus pauvres, ont nettement baissé depuis 2001. L’enseignement primaire est quasiment généralisé au Maroc et beaucoup d’autres indicateurs sociaux encore établissent la nette amélioration des conditions de vie. Pourtant, avec tout cela, quand on pose la question aux Marocaines et aux Marocains sur leur perception, comme vient de le faire le HCP, les réponses reflètent un net décalage entre la réalité et cette même réalité telle qu’elle est vécue. Mais il ne s’agit probablement pas seulement d’une perception subjective. Derrière la perception, il y a aussi, et surtout, des attentes non adressées, des besoins insatisfaits ou encore des craintes. Quand pratiquement 6 Marocains sur 10 sont convaincus que les inégalités sociales se sont aggravées ces dix dernières années, au moment où il est établi le contraire, ils expriment plus une inquiétude personnelle qu’une évaluation chiffrée. Quand, par exemple, 9 Marocains sur 10estiment que les pauvres ne bénéficient pas du tout des programmes comme Tayssir, «1million de cartables» ou des projets de l’INDH, cela démontre les suspicions à l’égard de la gouvernance publique et que nos responsables ont encore un grand besoin de communiquer de manière plus efficace et plus transparente sur ce qui est fait et réalisé. Mais ce qui rassure dans tout cela, c’est que les Marocains, dans leur écrasante majorité, croient que d’ici 2030, le Maroc a la capacité d’éradiquer complètement la pauvreté, de réduire les inégalités, de généraliser l’accès à la santé et bien d’autres belles réalisations. Finalement, cette foi persévérante est peut-être bien ce qui nous distingue…
