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CTM : l’ancêtre de l’Ona a 87 ans et transporte 3 millions de personnes par an

Elle a été créée en 1919 par un privé français suite à  une concession accordée par le Maréchal Lyautey

Elle est nationalisée en 1963 et devient la CTM-LN en 1969

En 1986, elle échappe
de peu à  la liquidation et sera sauvée par la privatisation en
1993.

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Mis à jour le

rub 2016

Des bêtes de somme tractant des diligences aux bus à étage climatisés haut de gamme, en passant par les cars Panhard à la devanture semblable à celle de la mythique «Traction avant»: la CTM (Compagnie des Transports Marocains) aura marqué de son empreinte le transport routier de voyageurs au Maroc ! Le long voyagede cette compagnie a commencé au début du siècle dernier,précisément en 1912. Le Maréchal Lyautey, alors Résidentgénéral au Maroc, profitant d’une visite du sultan MoulayHafid à Vichy, suggère à Jean Epinat, propriétairede nombreuses entreprises de transport en France de monter une compagnie au Maroc.Le projet sera concrétisé en 1919.

Le 30 novembre de cette année-là, Jean Epinat et ses associés,Eugène Paris et Paul Lutzy, se virent adjuger l’exploitation deces lignes et créèrent la CTM (Compagnie de transports et de tourismeau Maroc). Principales activités, le transport de voyageurs, la messagerieet le transport de touristes. Dès la première année, 800000 kilomètres sont parcourus par les véhicules de la compagnie,mais l’affaire n’est pas assez rentable et les subventions verséespar l’administration de l’époque insuffisante. Pour y remédier,la CTM rachète alors les petits transporteurs qui la concurrençaient.Par le renouvellement de son contrat en 1922, la compagnie acquiert en outrele droit d’exploiter une flotte de taxis automobiles pour relier les garesde la CTM, dans les grandes villes, aux petits villages et centres environnants.

La croissance ne tarde pas à être au rendez-vous. L’entrepriseconnaît une dizaine d’années de prospérité.Le réseau s’étend, les agences se multiplient, de nouveauxbâtiments et garages sont construits et le matériel renouvelé régulièrement.Mais la prospérité sera de courte durée. La dépression économiquedes années 30 qui suit la crise de 1929, et les prémices de laSeconde guerre mondiale plongent le secteur dans le marasme. La compagnie qui,entretemps, avait diversifié ses activités dans les mines et letourisme, en décembre 1933, érige le transport de voyageurs endépartement autonome en créant la Compagnie auxiliaire de transportau Maroc, dont elle prend la majorité du capital. Toutefois, pour quele monogramme CTM, déjà porteur de valeur commerciale, reste dédié à l’activité transport,la maison-mère devient, le 5 janvier 1934, l’Omnium Nord Africain(Ona), ancêtre du holding actuel. Bien évidemment, «la CTM était à cemoment-là le cœur de métier de l’Ona», rappelleEl Ghazouani Jnini, directeur d’exploitation de la compagnie.

Mais au fil du temps, la maison-mère axera son développement surses autres activités au détriment du transport. Cette stratégiese traduit par la cession d’une partie de ses participations dans la CTMau groupe des Chemins de fer du Maroc, qui restera actionnaire de l’entreprisejusqu’en 1963.

L’Ona se retire de la compagnie en 1963
C’est à cette date que l’Etat met fin aux concessions accordéesau groupe, prend le contrôle de la CTM (qui se trouve ainsi nationalisée)et transfère l’activité des transports ferroviaires à l’ONCFnouvellementcréé. Cette année fut un tournant avec l’entréeen lice de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion). Celle-ci, quise lance dans le transport routier, a pris le contrôle d’une société tétouanaise,La Venciana, qui sera rebaptisée «Lignes nationales» (LN).Et comme l’Etat voulait promouvoir les transports routiers, LN sera fusionnéeavec la CTM en 1969. La nouvelle entité devient ainsi la CTM-LN.

Dès 1970, les difficultés financières refont surface. Cequi pousse l’Etat à augmenter ses parts dans la compagnie à 47%en 1975, 66% en 1981 et 80,7 % en 1986. La CTM évitera ainsi de justessela liquidation et sera définitivement sauvée par la privatisation,en 1993. Aujourd’hui, elle dessert toutes les régions du pays, soiten moyenne 25 millions de km parcourus par an. A l’international, la CTMrelie différentes villes du pays à la France, l’Espagne,l’Allemagne, la Hollande, la Belgique et l’Italie. En moyenne, elletransporte 3 millions de voyageurs par an, dont 300 000 sur les lignes internationales.

La compagnie ne se limite pas à cette activité. Depuis 1928, elleopérait dans la messagerie, filialisée en 1999. Plus tard, ce serale transport touristique. La diversification dans le transport de personnel aeu en revanche moins de réussite et la société compte revenirsur la filialisation sans pour autant se désengager dans l’immédiat.En 2005, le groupe CTM a réalisé un chiffre d’affaires de276 MDH.

Aujourd’hui, le nom de la CTM est à ce point ancré dans l’imaginairemarocain que la compagnie est souvent assimilée à une société nationale.Point fort, une qualité de prestation inégalée et un maillageserré du territoire : la CTM multiplie son réseau de commissionnaireset améliore le service grâce à la modernisation de ses gareset agences. En support, une politique de communication moderne, agressive etmultimédia (radio, télé et presse) en arabe, françaiset amazigh. «Dès que nous aurons les moyens, nous en ferons dansles deux autres dialectes amazigh et même en hassani», lance JniniEl Ghazouani. Le rajeunissement du parc et la certification ISO de la messagerieprocèdent de la même logique, la quête d’efficience.