Culture
Tanjazz au féminin : une explosion de plaisirs
La 17e édition du festival Tanjazz a superbement célébré les artistes femmes du 22 au 25 septembre. Infondée serait la rumeur selon laquelle ce serait la dernière édition.

Glamour, punch, rock, passion et talent : voici à quoi rimait la dix-septième édition du Tanjazz qui s’est tenue du 22 au 25 septembre. Le rendez-vous pris avec les dames du jazz ne désappointa pas les festivaliers venus du Maroc ou de l’étranger, que la programmation 100% féminine surprenait.
Talents certains
«Je pensais que les femmes se battaient pour le droit au Maroc et voilà qu’il organise le premier festival totalement féminin au monde!», s’étonnait le manager de la chanteuse espagnole De la Purissima. Les artistes elles-mêmes étaient à la fois surprises de cette première, mais ravies d’y participer.
Si l’on connaissait tous d’enivrantes voix féminines du jazz et quelques pianistes solistes qui ajoutent une touche de délicatesse dans des bands masculins, le Tanjazz nous a donné à voir des femmes qui s’époumonent au saxophone et à la trompette, qui s’esquintent les doigts sur les cordes rigides de la contrebasse et qui s’acharnent avec une rage savante sur la batterie. Tout cela avec un talent sûr et une maestria égale à celle de leurs confrères. «Tu fermes les yeux et ça swingue pareil», disait un spécialiste du jazz au concert des Swinging Ladies, ces Allemandes qui excellent dans leur jazz classique.
Ce fut aussi le cas d’Anne Paceo qui accompagne ses douces compositions d’un strident son de batterie. Ou encore de la Irish Graine Duffy dont la guitare électrique fait jazzer son blues. Andrea motis, elle, a joué de la trompette comme de sa douce voix, sous le regard bienveillant de son mentor Joan Chamorro qui l’avait engagée à l’âge de 11 ans. Entre classique et bossa, la très jeune femme (21 ans) a séduit le public de la grande scène BMCI palais.
La tête d’affiche du festival, ce fut la Grammy Award Terri Lyne Carrignton. La compositrice star a offert au Tanjazz l’inestimable cadeau d’inviter ses talentueuses amies qui auraient, séparément, rempli des salles entières aux Etats-Unis. Terri Lyne a donné un concert digne des plus belles scènes de New-York.
Quant au grand moment émotion, c’est la Syrienne Naissam Jalal qui l’offrit en faisant pleurer littéralement son nay devant une assistance meurtrie. Ses titres engagés ont réuni, autour d’elle, une formation multiethnique de jazzmen qu’elle dirige avec talent, en puisant dans différentes influences, avec une prédominante orientale.
Côté voix
C’est définitivement la fulgurante Nina Van Horn qui emporte la palme des bonnes vibes. Il est plus d’une heure du matin lorsqu’elle investit la cour d’honneur (ex-scène Renault) vêtue d’une extravagante robe en velours bleu nuit et d’un turban assorti. Tout juste annoncée par sa jolie pianiste, elle balance ses tubes préférés de Nina Simone, faisant décoller les derniers assis pour rejoindre la piste de danse.
Les amoureux du jazz tradi ont assurément apprécié la coquetterie de la chanteuse et pianiste Champian Fulton. La chanteuse Anne Sila avait, quant à elle, de quoi séduire les inconditionnels du jazz moderne, ainsi que de la chanson française, grâce à sa belle et docile voix, empreinte d’une grande sensibilité, qui s’insinue dans l’âme.
Sur cette belle édition, pourtant, planait une rumeur lourde. Celle de l’arrêt du Tanjazz pour des raisons probablement économiques. En effet, l’édition n’a pas pu compter cette année sur l’un des sponsors habituels, à savoir le groupe Renault. Cependant, l’équipe du festival rejette farouchement cette rumeur qui, malintentionnée ou pas, n’aurait aucun fondement.
