Vidéo. La décarbonation, une opportunité économique pour les industriels

À l’approche de l’échéance taxe carbone aux frontières européennes, les enjeux et les perspectives de la décarbonation industrielle au Maroc ont été au cœur des débats lors d’une conférence-débat organisée par nos confrères d’Aujourd’hui Le Maroc à Casablanca. Compte-rendu.
La décarbonation des processus de production est au cœur des préoccupations des capitaines d’industrie au Maroc. La réduction des émissions du secteur industriel est en effet devenue une priorité pour nombre d’entreprises exportatrices, au moment où l’échéance taxe carbone aux frontières européennes approche à grands pas, son entrée en vigueur étant programmée le 1er octobre 2023. L’enjeu est de taille pour les industriels marocains, quand on sait que 64% des exportations du Royaume sont destinées aux pays de l’Union européenne. Mais plus qu’une menace ou une contrainte, cette nouvelle donne constitue en réalité une opportunité d’un point de vue économique. C’est le principal message distillé, durant les débats, par le ministre du Commerce et de l’industrie, Ryad Mezzour.
Le ministre s’est montré très rassurant quant à la capacité de la plateforme industrielle nationale de sortir gagnante de ce processus de décarbonation, au regard des nombreux atouts dont elle dispose et de l’avance prise par le Royaume dans les énergies renouvelables. «Le Maroc fait aujourd’hui partie des pays qui peuvent produire les énergies renouvelables au plus bas coût au monde. Cela procure un sérieux avantage compétitif par rapport aux pays concurrents. Pour nous, c’est des parts de marché en plus», a-t-il expliqué, optimiste.
«Le Royaume est en train d’assurer sa souveraineté énergétique à travers d’importants programmes et projets liés aux énergies renouvelables et à l’hydrogène vert», a-t-il rappelé, citant à cet égard le plan d’investissement d’OCP qui va «lui ouvrir de nouveaux marchés et lui permettre d’éliminer quelques concurrents qui sont un peu plus polluants».
Et le ministre de résumer : «L’échéance taxe carbone est une opportunité pour nous. Toutes les entreprises ne sont pas prêtes, mais elles disposent d’une panoplie d’instruments de soutien, technique et financier, mis en place par l’État pour leur permettre d’être au rendez-vous».
Said Mouline, directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), a également insisté sur les bénéfices économiques de la décarbonation, qui «n’est plus un luxe, mais un must pour tout le monde». Les entreprises ont la possibilité de gagner en compétitivité en s’appuyant sur les programmes d’efficacité énergétique mis en place, la disponibilité d’une énergie propre bon marché, ainsi que et les différents outils d’accompagnement existant (financements, bilan carbone, expertise, etc.).
Concernant justement le financement des investissements qui permettent de décarboner les activités industrielles, il deviendrait de «plus en plus facile», a souligné François Marchal, directeur général de Société Générale Maroc. Selon ce banquier, c’est un investissement qui se rentabilise assez par les débouchés qu’il permet, et qui est efficace parce qu’il se traduit par des économies d’énergie, d’eau, etc. «Avec ces économies réalisées durant le cycle de production, l’entreprise peut dégager de la trésorerie pour financer ses investissements», a-t-il affirmé.
Un autre argument de poids en faveur de la décarbonation réside dans les coûts de l’énergie renouvelable produite au Maroc. «Auparavant, les investissements des entreprises dans les énergies renouvelables s’inscrivaient plutôt dans une démarche de communication, parce que les coûts étaient chers. Mais ils ont beaucoup baissé au cours des 10 dernières années, ce qui fait qu’aujourd’hui, on est plutôt dans une démarche économique», a souligné Khalid Semmaoui, président de l’Association marocaine des industries solaires et éoliennes.