Les lauréates de Khmissa, ambassadrices de la lutte contre le travail des petites filles

25 femmes d’exception nominées pour leur travail dans 5 catégories, 5 lauréates primées.
Le trophée «Administration et services publics» revient à  une jeune «morchida » et une dame autodidacte devenue écrivaine récompensée.

L’affiche était belle pour cette IXe édition de «Khmissa Lesieur» : de l’écrivaine autodidacte Zahra El Basri Neqrachi, à la femme d’affaires Souad Damiri, de la directrice de recherche au CNRS, Mounira Amor-Guéret, à la fervente défenseur des droits de l’homme, Touria Bouabid, en passant par les engagées femmes soulaliyates Rkia Bellot et Menanna Shiseh ou encore la cinéaste Izza Genini, et jusqu’à la voix de Samira Bensaïd et les envolées lyriques du rap de Diam’s, la cérémonie qui a eu lieu samedi 10 octobre à Marrakech n’a pas manqué de faire naître émotions et enthousiasme auprès du public. On ne pouvait trouver mieux que cette date, journée nationale de la femme marocaine, pour honorer celles qui se sont montrées les plus entreprenantes, chacune dans un domaine précis, au cours de l’année 2009. Il faut rappeler à cet effet qu’un jury a pris le soin, depuis plusieurs mois, de sélectionner 25 femmes, représentant 5 catégories, parmi les centaines dont les dossiers ont été étudiés. La désignation de la gagnante, dans chaque catégorie, s’est faite par SMS du public, grâce à une campagne télévisée de la chaîne publique 2M, «25 nominées, donc 5 lauréates».
Dans la catégorie «Entreprises et Entreprenariat», la distinction de Souad Damiri a été saluée comme il se doit. Parcours admirable d’une femme partie de rien et qui arrive, à force d’opiniâtreté, à se hisser en haut de l’échelle en devenant la responsable de la première unité d’éditique du Royaume. Quant à Karima Zouhair, elle s’est révélée une femme d’action influente dans «L’administration et Services publics», ce qui justifie sa consécration. Cette jeune morchida sillonne le Maroc et l’étranger et se fait le chantre d’un islam tolérant et ouvert.
En côtoyant quotidiennement les malades en phase terminale, la psychiatre Nadia Kadiri a été plébiscitée par les votes des Marocains. Cette scientifique passionnée a été couronnée dans la section «Sciences et Recherche».  
Dans la catégorie «Action sociale et humanitaire»,les contestataires femmes soulaliyates, Rkia Bellot et Mennana Shiseh, méritent pleinement le trophée «Khmissa Lesieur 2009». Par leur lutte acharnée contre l’injustice flagrante faite aux femmes pour les terres joumouâ, elles n’ont cessé de susciter l’admiration tout au long de l’année 2009. «A chaque fois que j’évoque ce sujet, je sors de mes gonds. Il est injuste que les femmes soient exclues du partage des terres qui sont octroyées à des jeunes de 16 ans ou aux hommes non mariés. Je sais que le chemin est encore long, mais nous ne cesserons jamais de défendre notre cause», a déclaré Rkia Bellot.

Le travail des petites filles, au cœur de «Khmissa»
Enfin, le prix concernant «le parcours d’exception», initié cette année par le jury a été attribué à l’écrivaine Zahra El Basri Neqrachi. Une femme exceptionnelle qui nous fait pénétrer dans le labyrinthe de l’écriture et de la création littéraire. Cette femme autodidacte, qui a quitté l’école au stade des études primaires, s’est formée dans une librairie qu’elle gérait à Ifrane, elle a emmagasiné un savoir encyclopédique. «Je suis très émue…Je n’ai commencé à écrire qu’à l’âge de 56 ans sans penser que je serai consacrée un jour», lâcha-t-elle avec un ton plein de sincérité, la gorge nouée par l’émotion, au cours de la cérémonie.
Les membres du jury de «Khmissa Lesieur» ont adopté cette année une devise résolument engagée dans la défense de l’enfant : «Tous contre le travail des petites filles».
La directrice générale adjointe de 2M et membre du jury, Samira Sitail, a d’ailleurs insisté sur le fait qu’il était temps de prendre ce problème à bras le corps. C’est peut-être ce qui commence avec l’initiative de «Kmissa» qui confie aux 25 nominées de cette année la tâche de sensibiliser les gens, d’œuvrer dans le sens d’une éradication de ce fléau. Le bilan de cette action sera examiné lors de la Xe édition de cet événement. Ainsi, «Khmissa Lesieur 2009» a tenu toutes ses promesses tant au niveau de l’organisation que du choix des nominées. Ce qu’il reste à faire ? Recommencer en 2010.