"Kayn Al Hall", l’émission de médiation de Radio Aswat

Depuis son lancement en octobre 2009, l’émission directe "Kayn Al hall" de Radio Aswat séduit des milliers d"auditeurs
Conflits avec l"administration, salariés non déclarés à la CNSS, appartement non livré à temps, refus de remboursement d"un dossier de maladie, accident de travail…, on y trouve de tout.
Depuis sa création, "Kayn Al hall" a traité 102 problèmes, 85 ont été résolus.
L’émission «Kayn Al Hall» (la solution existe) animée par Azeddine Azizi et diffusée quotidiennement de 15h à 16h sur les ondes de Radio Aswat ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Julien Courbet sur RTL «Ça peut vous arriver». Le genre d’émissions interactives et de proximité qui font désormais florès depuis l’émergence sur la scène médiatique marocaine des radios privées. On ne réunit certes pas deux millions d’auditeurs chaque jour comme le fait Courbet sur la chaîne parisienne (ou encore sur TF1 quand il animait «Sans aucun doute», une autre émission du même genre) mais le résultat est là : la chaîne casablancaise, sise boulevard Gandhi, arrive à séduire quotidiennement des milliers d’auditeurs. Les plus téméraires appellent pour exposer leurs problèmes et écouter les réponses. Relation conflictuelle avec l’administration, salariés non déclarés à la CNSS, un appartement non livré à temps, refus de remboursement d’un dossier de maladie, accident de travail, licenciement abusif, expulsion d’élèves handicapés de l’école, résidence habitée pendant cinq ans mais toujours sans électricité, abus de confiance entre un prestataire et son client… Tous les problèmes y sont abordés et les deux consultants juridiques de l’émission, Jamal Maâtouk et Saïd Naoui, sont là pour demander en direct à l’auditeur le maximum d’informations afin de comprendre le problème et proposer des solutions à l’amiable. «L’objectif de l’émission est de sensibiliser les gens. Nous écoutons, nous déclenchons le débat et essayons d’institutionnaliser la voie amiable, stimuler le réflexe de cette voie dans la résolution des conflits dans notre société », explique Jamal Maâtouk. Si cette voie se révèle vaine, on passe à la deuxième phase, qui correspond à la deuxième partie de l’émission. L’animateur, après avoir rassemblé tous les éléments du dossier en back-office, essaie de joindre en direct (appel surprise par téléphone) la partie adverse dans le litige ou l’administration à l’origine du problème pour demander des explications. Les deux parties en conflit peuvent alors dialoguer en direct sur les ondes pour régler leur différend. A défaut d’y arriver, les juristes de l’émission montrent à l’auditeur la procédure juridique à suivre.
Une émission interactive et quotidienne
Depuis son lancement en octobre 2009, l’émission a traité 102 dossiers, elle en a résolu 85, ce qui n’est pas rien. «Quand les auditeurs appliquent plus ou moins ce qu’on leur demande, le résultat est généralement positif, ces auditeurs nous rappellent pour nous le faire savoir, et de partout», se félicite M. Azizi. Ce dernier prépare la programmation des dossiers selon la date d’arrivage, leur nature et l’urgence du problème posé. Chaque jour les responsables de l’émission en reçoivent des dizaines, par voie postale, par email ou par téléphone. Une boîte vocale est au service des auditeurs 24h/24 où ceux-ci peuvent laisser leurs messages. Premier geste que fait M. Azizi en entrant aux studios le matin est de les écouter, d’appeler les concernés pour d’amples informations. Comment se déroulent les choses ?
Le 8 février par exemple on a passé un dossier relatif à la vente d’un appartement, dans une résidence à Tanger, par un promoteur immobilier connu sur la place. La vente a été conclue en 2006, mais l’acquéreur, quatre ans plus tard, attend encore la livraison des clés pour pouvoir s’installer dans son appartement. Comme document de vente, ce dernier n’a entre les mains qu’un accusé de réception des 160 000 DH (sorte de promesse de vente) qu’il a payés comme avance, soit 25% du montant de la transaction. L’acquéreur a beau contacter le responsable commercial pour s’enquérir de la date de livraison, ce dernier ne fait que donner de nouvelles promesses. Cela a duré quatre ans. De guerre lasse, il frappe à une autre porte : la presse. Il écrit à l’émission «Kayn Al Hall» de Radio Aswat pour exposer son problème. Cette dernière ne promet rien, mais elle fait le nécessaire, en direct, pour le résoudre. Le responsable commercial en charge du dossier ayant raccroché au nez de MM. Azizi et Maâtouk, ces derniers contactent alors la responsable directe de la société de promotion immobilière. Prêtant une oreille plutôt attentive, cette dernière, après avoir donné des explications à ce retard de livraison (entre autres le sable qui se fait de plus en plus rare dans une ville comme Tanger), a promis de faire le nécessaire pour que la livraison de l’appartement ait lieu au plus tard le mois de mars de cette année. Le problème semble ainsi résolu. «Kayn Al Hall» passe alors à la troisième partie de l’émission. Des auditeurs qui exposent leurs problèmes et les deux spécialistes de donner des réponses juridiques sur la façon de les résoudre. Cette partie est la plus difficile aux yeux de M. Maâtouk. «Parce qu’il y a le direct, et je suis surpris par des questions auxquelles je n’ai pas toujours de réponse toute prête, et je ne prétends pas être parfait dans tous les domaines juridiques». Néanmoins, l’émission a pu trouver des solutions à 85% des dossiers traités depuis bientôt cinq mois.