Fondation marocaine de l’étudiant : l’ascension sociale par la formation

La finalité de la fondation est de permettre aux bacheliers brillants issus des établissements de protection sociale et des milieux défavorisés de faire des études. Quelque 1 500 personnes ont bénéficié de l’appui de la fondation depuis sa création en 2001. Ils sont 80% à trouver un emploi six mois après l’obtention du diplôme.
Interrogé sur sa situation actuelle, un jeune bénéficiaire de la bourse de la Fondation marocaine de l’étudiant répond : «Maintenant, je suis devenu normal». Et qu’est-ce que devenir normal pour ce jeune ? «J’ai pris un crédit et je me suis marié !». Pour ce jeune, ancien pensionnaire d’un établissement de protection sociale, c’est le résultat de son ascension sociale rendue possible suite à ses études et l’obtention d’un diplôme. Pour Hamid Benlafdil, président de la Fondation marocaine de l’étudiant, «la déclaration de ce jeune permet d’évaluer, à sa juste valeur, l’importance du soutien de la fondation à ces jeunes en situation de précarité et qui a permis leur ascension sociale. Pour nous, ce cas, comme tous les autres étudiants que nous avons accompagnés, est un retour sur notre investissement dans l’éducation de cette frange de la population».
En effet, la Fondation marocaine de l’étudiant, créée en 2001, offre les moyens d’une ascension sociale aux jeunes pensionnaires des établissements de la protection sociale ayant obtenu leur baccalauréat avec de bonnes notes. Leur excellent niveau académique leur permet de décrocher une bourse de mérite durant toute leur scolarité. La FME a actuellement 660 étudiants en cursus et compte à son actif 500 lauréats depuis son lancement il y a dix-huit ans. Permettant une égalité des chances par l’accès aux études, la Fondation marocaine de l’étudiant n’a fait en fait que structurer, selon son président, une chaîne de solidarité existant déjà dans les familles marocaines qui n’hésitent pas à participer aux frais de scolarité des jeunes parents et proches nécessiteux. Si la cible première de la FME sont les jeunes pensionnaires des établissements de protection sociale, celle-ci a connu une extension en 2011 suite à un accord avec l’Office chérifien des phosphates(OCP). «En effet, à la demande de ce bailleur de fonds, la fondation s’est ouverte aux jeunes en situation difficile, mais non résidents des établissements de la protection sociale, vivant dans les régions où l’OCP dispose de sites, notamment à Khouribga, Youssoufia et Safi».
Les candidats bacheliers sont appelés à postuler aux programmes de bourse de la fondation fin mars de chaque année. Ils s’inscrivent via une plateforme digitale, en mentionnant leurs résultats académiques, leur situation sociale, ainsi que leur projet de vie, les filières d’études souhaitées, ainsi que leurs motivations.
A partir de ces éléments, les équipes de la fondation procèdent à un scoring en fonction de la situation académique et sociale. Concernant la situation sociale des concernés, sont pris en compte les critères d’orphelins, doubles orphelins, les pensionnaires d’établissement de la protection sociale et les revenus des parents. Ces critères font l’objet d’une pondération et permettent d’établir une liste de candidats par ordre de mérite. En parallèle à ces critères de la FME, ses partenaires qui financent les programmes de soutien ont également leurs critères. Ainsi, ils indiquent, s’il y a lieu, les critères de territorialité, notamment régions et sites précis, filières, genre, pour ajuster le classement.
Le nombre de bacheliers pris en charge augmente chaque année de 10 à 15%
La sélection des dossiers se fait suite à un scoring en fonction de tous les critères et ne sont pris que les meilleurs, puisque l’objectif de la fondation est d’encourager l’excellence. Un contrat est d’ailleurs signé avec la fondation engageant les étudiants à réussir chaque année. Et en cas d’échec, la bourse est suspendue durant une année tout comme elle peut être supprimée si l’échec est dû à la négligence et au laisser-aller de l’étudiant.
Depuis sa création ce sont plus de 1500 jeunes, dont 63% de filles, qui ont bénéficié de ses programmes. Et chaque année, le nombre des étudiants augmente de 10 à 15% depuis 2001. Ils viennent de toutes les régions du Royaume, et ont intégré toutes les filières : ingénierie, finance, management, médecine, architecture…
La bourse académique est offerte par les écoles ainsi que les établissements, publics et privés, où l’étudiant est admis. On compte 90 universités et établissements d’enseignement supérieur à accompagner la fondation. Le montant de la bourse est de 100000 dirhams par an hors argent de poche octroyé aux étudiants pour les dépenses logistiques, notamment le loyer, le transport et les repas. Ce qui explique qu’en plus de la bourse, la FME mobilise 25 000 à 30 000 dirhams pour chaque étudiant.
L’action de la Fondation marocaine de l’étudiant a, selon ses responsables, pour objectif d’activer tous les leviers permettant à ses jeunes bénéficiaires de réaliser une ascension sociale par le mérite. Ainsi, au-delà du soutien financier, la fondation accompagne ces jeunes en renforçant leurs capacités, en leur facilitant l’accès au monde professionnel par des stages, des séminaires, du coaching et la mise en relation avec des mentors, des cadres et dirigeants d’entreprises. Partant de là, des programmes sont élaborés et mis en place en collaboration avec les bailleurs de fonds afin d’assurer une formation de qualité et une préparation au monde du travail. Car, tient à préciser Hamid Benlafdil, «la fondation n’a pas une approche d’assistanat, mais plutôt une approche d’autonomisation qui permet aux jeunes une fois le cursus scolaire fini de chercher du travail, d’aller vers les entreprises afin de se prendre en main». C’est dans cet objectif que le 5 décembre de chaque année, la FME organise une rencontre-débat autour de l’égalité des chances à l’occasion de la Journée mondiale de l’égalité des chances. «Cette année, nous avons dédié la dernière édition à l’implication des entreprises dans l’éducation et l’insertion professionnelle. Nous avons invité un certain nombre d’entreprises, partenaires ou non qui ont échangé sur leurs pratiques et de l’intérêt qu’elles portent à cette question d’égalité des chances», explique le président de la FME qui souligne que le feed-back des employeurs est positif et intéressant. En effet, poursuit M. Benlafdil, «les entreprises recherchent des partenaires associatifs capables de mettre en œuvre leur vision d’engagement sociétal. Elles s’associent plus facilement aux actions tangibles, et dont la preuve d’impact est réelle. Nous concernant, nous avons de nombreuses entreprises fidèles, certaines depuis plus de 10 ans qui s’engagent au niveau financier, mais pas uniquement. Elles mobilisent leurs cadres pour s’impliquer dans l’accompagnement de nos jeunes. C’est ce genre de partenariats que nous apprécions».
Aujourd’hui, la FME a 100 entreprises partenaires et 200 mentors et tuteurs bénévoles, cadres et chefs d’entreprises. L’engagement des entreprises explique, selon la FME, que 80% des lauréats accompagnés trouvent un emploi dans les six mois qui suivent leur diplomation. Cette implication des entreprises vient renforcer évidemment les compétences et les efforts fournis par les lauréats. Il importe d’indiquer que la bourse est maintenue six mois après le diplôme afin de permettre aux lauréats de chercher sereinement du travail sans être dans l’obligation de retourner dans leurs villages ou petites localités.
A même âge, milieu de résidence, niveau d’études et statut socioprofessionnel du père, un homme a 7,1 fois de chances de plus qu’une femme d’occuper une position sociale supérieure à celle de son père. Et c’est pour améliorer ce constat que, dans le cadre du programme de renforcement du leadership de ses jeunes boursières, la Fondation marocaine de l’étudiant (FME) a organisé, le 2 mars, la MasterClass #HerDayForHer.
Ce programme soutenu par l’ambassade du Canada au Maroc vient enrichir les actions de renforcement des capacités des boursiers de la fondation par l’ouverture de perspectives tendant à améliorer l’insertion sociale et professionnelle de ses bénéficiaires. Et en particulier les jeunes filles issues des milieux défavorisées qui se fixent, selon les nombreux témoignages faits lors de cette rencontre, des objectifs limités.
La FME œuvre depuis sa création pour l’inclusion des jeunes filles à ses programmes, notamment via une discrimination positive à leur égard et d’un programme de tutorat au féminin. «Cette MasterClass, qui se fonde sur notre conviction de la nécessité d’un modèle économique et social plus inclusif, vient compléter notre recherche d’un meilleur impact de l’inclusion des jeunes femmes au marché de l’emploi à la hauteur de leur mérite, et ce, grâce aux partenaires qui nous soutiennent», indique Hamid Benlafdil, président de la FME.
Convaincue de l’approche genre dans la construction des parcours professionnels, de l’importance de renforcer le leadership et forte de partenaires qui lui font confiance, la FME a conçu le projet «Renforcement du leadership féminin» retenu par l’ambassade du Canada dans le cadre de l’appel à projets du Fonds canadien d’initiative locale. L’objectif est de sensibiliser les jeunes boursières de la FME aux enjeux de gestion de carrière et de l’importance de développer leur leadership en les faisant bénéficier du partage d’expérience des femmes pionnières dans de nombreux domaines et en les mettant en contact avec le monde professionnel à travers un rapprochement avec des femmes actives ayant accédé à des postes de responsabilité. Plus de 200 participantes ont participé à cet événement.