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Pouvoirs

Le parti d’El Himma commence à  tisser sa toile

L’autorisation du ministère de l’intérieur est attendue pour
le 7 septembre.
Le parti a déjà  entamé des discussions sérieuses pour
des alliances avec le Mouvement populaire et l’Union constitutionnelle.
Les grands partis restent prudents, en attendant le congrès.

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Attendu depuis des mois, annoncé le 7 août dernier, le bras politique du Mouvement de tous les démocrates (MTD) entame officiellement ses travaux. Mercredi 27 août, à Rabat, le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), la structure administrativement issue de la fusion du Parti national démocrate (PND), d’Al Ahd, du Parti de l’environnement et du développement (PED), de l’Alliance des libertés (ADL) et de l’Initiative citoyenne pour le développement (ICD) réunissait pour la première fois les 17 membres de son bureau politique, sous la direction de son secrétaire général, Hassan Benaddi. Sans attendre le feu vert officiel du ministère de l’intérieur, prévu pour le 7 septembre, le parti s’organise, une rencontre avec la presse étant déjà prévue dans les jours à venir.

Dans quelques semaines, le PAM devrait également finaliser la liste des membres de son groupe parlementaire à la Chambre des conseillers, et plusieurs voix indiquent même qu’il se prépare pour un premier test électoral à l’occasion des élections législatives partielles prévues pour la mi-septembre. Il faudra, toutefois, attendre plusieurs mois avant de voir le parti organiser son congrès constitutif : « Il faut que les membres des bureaux s’organisent, qu’ils choisissent leurs représentants, etc. L’essentiel, c’est que nous soyons prêts pour les élections communales de 2009 », explique M. Benaddi.
Le MTD restera indépendant

Annoncé peu après la création d’un groupe parlementaire éponyme à la Chambre des conseillers, le PAM est officiellement considéré comme la fusion de partis membres du premier groupe «Authenticité et modernité», qui a évolué à la Chambre des représentants durant les deux dernières sessions. «Ce parti est le résultat de la volonté de fusion de cinq formations politiques. Ce sont des structures qui ont travaillé conjointement depuis 8 mois, et qui ont décidé de réunir leurs forces pour créer une structure forte», explique Najib El Ouazzani, ex-dirigeant d’Al Ahd.

Cependant, le tableau ne serait pas complet si l’on oubliait d’ajouter le MTD à la liste des parents du PAM, et ce n’est pas la présence des membres du mouvement à la direction du parti qui l’infirmera : le secrétaire général et deux de ses seconds, Ahmed Akhchichine, numéro un du MTD, et Fouad Ali El Himma, son éminence grise, sont tous trois des membres fondateurs du mouvement. Idem au bureau politique du nouveau parti où une grande  partie des membres sont des signataires du communiqué du 7 janvier 2008 qui avait donné naissance au MTD.

Les dirigeants du parti ne cachent d’ailleurs même pas leur intention de puiser des militants – en plus des membres des formations dissoutes – parmi les participants aux rencontres organisées par le mouvement à travers le pays, qui avaient manifesté de l’intérêt pour l’action politique. Malgré ces points communs, l’on insiste de part et d’autre que le MTD et le PAM devraient continuer d’évoluer indépendamment l’un de l’autre.

Côté structures, le recours à une fusion plutôt qu’à la création d’un nouveau parti semble avoir facilité les démarches administratives. Un aménagement de l’organigramme du PAM a toutefois été nécessaire : les dirigeants des cinq formations dissoutes, Abdellah Kadiri, Najib El Ouazzani, Ahmed El Alami, Ali Belhaj et Mohamed Benhamou, ont tous hérité du titre de vice-secrétaire général du parti. Par ailleurs, une «commission des relations publiques» a spécialement été constituée au sein du bureau politique pour veiller au bon déroulement de la fusion.

«Nous avons créé cette commission pour réfléchir ensemble à la gestion de la transition. Il ne faut pas oublier qu’avant, chaque parti avait une structure, un patrimoine, des locaux, autant de choses à gérer dans la rigueur et la transparence», explique Hassan Benaddi. Qu’à cela ne tienne, les avantages de la fusion dépassent largement ses inconvénients. En plus des 35 parlementaires évoluant au sein du groupe parlementaire Authenticité et modernité de la Chambre des représentants, le parti devrait hériter d’un groupe à la Chambre des conseillers qui devrait réunir au bas mot 26 élus, issus du PND et d’Al Ahd. Par ailleurs, les cinq partis comptent également dans leurs rangs un peu moins de 2 000 élus locaux désignés aux élections communales de 2003.

L’USFP et le PJD ont       la même opinion sur       El Himma
Ainsi, un an après la démission de Fouad Ali El Himma de son poste à l’Intérieur, huit mois après le lancement du Mouvement de tous les démocrates, une véritable locomotive partisane s’est constituée autour de l’ex-ministre délégué. Quels seront ses prochains coups sur l’échiquier politique ?

«Pour nous au PAM, cette démarche, qui est une réponse positive à l’offre politique faite par le MTD, reste ouverte et s’inscrit dans un mouvement qualitatif de recompostion et de rationnalisaton du champ politique. C’est tout l’intérêt de ce travail», explique Salah El Ouadie, porte-parole du PAM, également membre fondateur du MTD. Le message est donc clair : si d’autres partis souhaitent se fondre dans le PAM, ils seront les bienvenus, même si un minimum de sélection sera quand même effectué.

Cette invitation à des «sans étiquette politique» et aux formations les plus réduites n’a pas empêché le PAM d’entamer des démarches en vue de la constitution d’alliances auprès des poids lourds de la place. Ces démarches, pour l’instant, ne semblent toutefois enregistrer qu’un succès moyen : même si le PAM fait, de facto, partie de l’alliance gouvernementale, la plupart des autres partis membres restent sur leurs gardes : tout en rappelant que tout Marocain a le droit de créer un parti s’il le souhaite et si les conditions sont réunies, l’on attend de voir le programme du parti et ses actions pour se faire une opinion. On rappelle aussi que personne ne souhaite voir l’administration se départir de sa neutralité.

Un discours réservé que l’on retrouve aussi bien dans la majorité qu’au PJD, le seul parti avec lequel le PAM, tout comme le MTD, refusent d’emblée de traiter. «Pour le moment, nous ne jugeons pas les intentions mais les faits. Nous allons voir comment ils vont se comporter, ce qu’ils vont faire. A ce moment-là, nous prendrons position», indique Abdellah Baha, numéro 2 du PJD. «Il est difficile de se déterminer par rapport à une formation qui, elle-même, ne s’est pas déterminée.

Bien sûr, c’est un parti qui soutient la majorité parlementaire, mais, à côté de cela, quel est son programme ? Quels sont ses buts? Les valeurs pour lesquelles il voudrait combattre ? Nous n’en savons strictement rien. Certes, l’ancienne association qui a donné naissance à ce groupement se prévalait des principes de modernité, de démocratie, mais cela reste vague», indique le secrétaire général du PPS, Ismaïl Alaoui, qui préfère attendre de voir les documents fondateurs du parti pour se prononcer.

Côté USFP, le parti va jusqu’à se refuser à parler alliance, du moins pour le moment. Membre du bureau politique du parti de Abderrahim Bouabid, Driss Lachgar parle même d’action conjointe entre son parti et le PJD du moment que les points de vue des partis socialiste et islamiste concernant le nouveau venu convergent. Toutefois, il n’est nullement question d’alliance entre les deux partis, étant donné les différences fondamentales existant au niveau de leurs référentiels.


Vers la création d’un pôle libéral avec l’UC et le MP?

Malgré l’accueil plutôt frisquet, le PAM est bien moins isolé qu’on ne pourrait le croire. Des premiers contacts ont été entamés avec l’Union constitutionnelle et le Mouvement populaire en vue de la mise en place d’une alliance conjointe. «Avant, c’était une association, donc nous ne pouvions pas nous allier. Depuis que le parti a été créé, il y a eu des rapprochements entre le PAM, d’une part, et le groupe libéral, d’autre part, qui comprend le MP et l’UC.

Ce sont des discussions qui vont probablement aboutir à la création d’un pôle libéral», confirme Mohamed Abied, secrétaire général de l’UC.
Le bureau politique du Mouvement populaire pourrait prendre une décision similaire si le PAM ménage sa susceptibilité au Parlement en évitant d’affaiblir les groupes harakis en acceptant un trop grand nombre de députés  harakis transfuges. Si une alliance PAM, UC, MP venait à se réaliser, elle pourrait influer très sérieusement sur le cours des choses au niveau du Parlement.

Une telle tournure des évènements ne semble toutefois pas inquiéter l’Istiqlal dans la mesure où la fusion des cinq partis est vue comme le renforcement d’un groupe parlementaire qui soutenait déjà le gouvernement El Fassi. « Tant que Authenticité et modernité soutient le gouvernement, ce dernier n’a pas de problème.

Bien au contraire, une alliance avec l’UC et le MP ne ferait que renforcer l’alliance gouvernementale», indique Mohamed Saad El Alami, membre du bureau politique de l’Istiqlal et ministre des relations avec le Parlement. Du moins, tant que le PAM se consacrera essentiellement à la lutte contre l’éparpillement partisan et la réconciliation des élites avec le politique.