Pouvoirs
Benkirane : La réforme des régimes de retraite, une urgence dictée par l’écart entre cotisations et pensions
La réforme des régimes de retraite revêt un caractère urgent, notamment en ce qui concerne les pensions civiles, en raison du déficit résultant de l’écart entre les cotisations et les pensions, lequel est passé de 1 milliard de dirhams (MMDH) en 2014 à 3 MMDH en 2015 et devrait atteindre 6 MMDH en 2016, a affirmé, mardi à Rabat, le Chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane.

Il est, par ailleurs, prévu que les réserves de la Caisse marocaine des retraites (CMR), qui s’élevaient à 84 MMDH à fin 2014, soient totalement épuisées en 2022, a relevé M. Benkirane qui répondait, devant la Chambre des Représentants, à deux questions sur »la réforme des régimes de retraite » présentées par les groupes de la majorité et le groupe Istiqlalien de l’unité et l’égalitarisme, lors de la séance mensuelle relative à la politique générale du gouvernement.
La réforme des régimes de retraite est « un choix difficile qui ne tolère plus aucun retard », a-t-il souligné, mettant l’accent sur la nécessité d’œuvrer à adopter la réforme lors des mois prochains en vue de remédier à cette situation.
Cette question constitue une source de préoccupation nationale au vu du déficit aggravé des différents régimes de retraites, notamment la CMR, d’où l’impératif de prendre des mesures réformatrices urgentes et responsables, a indiqué M. Benkirane.
Réitérant l’urgence d’initier une réforme profonde et globale des régimes de retraite, le Chef du gouvernement a relevé que la réussite de ce chantier vital est tributaire de l’adhésion et l’implication des acteurs politiques, sociaux, économiques et civils.
Si aucune mesure n’est entreprise, a ajouté M. Benkirane, le seuil minimal des réserves financières requises par la loi sera épuisé et les réserves financières disponibles ne sauront couvrir plus de 2 ans des droits des retraités, faisant savoir qu’il sera procédé, dans ce cas, d’une manière automatique et par la force de la loi, à la revue à la hausse du taux de cotisation qui passera de 20% actuellement à 42% et ce, afin de garantir l’équilibre des cotisations et les prestations durant 10 ans supplémentaires, ce qui signifie la multiplication de la contribution des fonctionnaires de 10% actuellement à 21% à partir du 1er janvier 2019.
Et de mettre en garde qu’à défaut de toute démarche en ce sens, l’allocation des pensions de retraites de quelque 400.000 bénéficiaires sera suspendue à l’horizon 2022, affirmant que l’accent a été mis, lors des rencontres avec les partenaires sociaux, sur la nécessité d’engager la réforme et sur le caractère urgent qu’elle revêt.
Après avoir pris connaissance des recommandations des partenaires sociaux formulées lors des rencontres de concertation, initiées dans le cadre du dialogue social ou lors des réunions de la Commission nationale chargée de la réforme des régimes de retraite, le gouvernement a présenté le scénario de réforme lors de la réunion du 18 juin 2014.
Selon M. Benkirane, les principales causes ayant conduit à la situation actuelle des caisses de retraite sont le déséquilibre de la tarification appliquée, sachant que le système de retraite verse 2 dhs contre 1 dh de cotisations recouvrées, la hausse de la durée d’allocation des pensions passant de 17,8 années en 1980 à 21 années actuellement contre une baisse de la durée des cotisations, en raison de l’âge élevé de recrutement, et qui est passé de 24 à 27 années lors de la même période.
Le facteur démographique est aussi parmi ces causes, a-t-il ajouté, expliquant qu’en 2007 on comptait 4 adhérents pour 1 retraité alors qu’en 2016 on compte seulement 2 adhérents, faisant savoir que le nombre de retraités passera de 19.000 en 2014 à 28.000 en 2020.
A cela s’ajoute le taux de calcul des pensions de retraites, qui atteint 83% pour les régimes civiles, est parmi les plus élevés au monde en comparaison avec d’autres pays comme la France (50%), le Canada (44,4%), la Turquie (64,5%), le Portugal (35,9%), le Chili (44,9%) et le Japon (34%).
