Nabil Chraibi, DG de Marepha
Ingénieur en chimie de l’université de Grenoble, il travaillera dans la recherche 6 ans avant de rentrer au Maroc. En 1990, il est recruté par l’Union générale pharmaceutique en tant que DRH.
«Pour être un vrai homme d’affaires, le mieux est de ne surtout pas en avoir l’air. Et puis, pour continuer à réussir, il ne faut pas porter l’argent dans son cœur». Les propos de Nabil Chraïbi, patron du Centre africain pharmaceutique et de Marepha, respectivement spécialisés dans la distribution de produits cosmétiques et de médicaments. Nabil Chraïbi dégage une grande sérénité, même si tout porte à croire que le calme apparent cache un bouillonnement intérieur. C’est un cas typique de ceux qui ont réussi le pari de se mettre à leur propre compte au lieu de continuer à travailler pour autrui.
Nabil Chraïbi est né en 1957 à Settat, dans une famille moyenne dont le père est directeur d’école et la mère femme au foyer. C’est dans sa ville de naissance puis à Casablanca qu’il fait ses études. Il obtient son Bac sciences expérimentales en 1977. Et comme à l’époque il fallait présenter des diplômes obtenus en France «pour pouvoir se frayer sans encombres un chemin, dans la vie active», raconte-t-il, c’est à l’université de Grenoble qu’il choisit de s’inscrire. Il hésite entre «pharmacie» et «chimie». Cela lui fera perdre une année. Il ne terminera donc ses études d’ingénieur en chimie qu’en 1984. Comme beaucoup de ses congénères, sa vie d’étudiant n’a pas été de tout repos. Avec une bourse de 700 FF, il a dû se serrer la ceinture, et était obligé de faire des petits boulots (gardiennage et jardinage) pour joindre les deux bouts.
Militant au sein de l’Usfp, il craignait le retour au pays en 1990
Quant il obtient son diplôme, il se décide à rester en France et travaille comme chercheur à l’université même où il avait étudié. Mais en 1990, il ne fait plus bon vivre en France pour les étrangers, fussent-ils intellectuels ou chercheurs, car avec la Guerre du Golfe, les Européens de manière générale ne portent plus le même regard sur les étrangers. «Surtout les Arabes», se souvient-il.
De retour au pays en 1990, Nabil Chraïbi, qui avait été secrétaire général de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) et de l’Union socialistes des forces populaires (USFP) à Grenoble, redoute quelques représailles, mais il n’en fut rien. L’heure était à l’ouverture politique. Il est recruté par l’Union générale pharmaceutique (UGP) comme DRH. Il reste fidèle à son poste jusqu’en 1997. Ensuite avec 50 personnes, des pharmaciens essentiellement, il réunit 10 MDH pour créer la société Sophadim, entreprise de distribution de médicaments, dont il est le directeur général. Le métier n’a plus de secret pour lui et la société démarre sur les chapeaux de roues. Dès le premier exercice (10 mois), elle réalise un chiffre d’affaires de 100 MDH. Sophadim se développe rapidement pour passer de 48 personnes à 230 personnes. Au bout de la sixième année, le chiffre d’affaires atteint 400 MDH. Les secrets de cette fulgurante réussite, Nabil Chraïbi les connaît : «Les nouvelles niches, nous sommes aller les chercher dans l’approvisionnement des pharmacies de garde mais aussi dans les officines qui assuraient les tours de garde du soir. Il fallait travailler différemment en assurant une écoute pour cette demande». Nabil Chraïbi va aussi donner de la «légitimité et de la notoriété» à la jeune entreprise en éditant des CD sur la gestion des officines puis plus tard sur la gestion de la parapharmacie, distribués à tous les pharmaciens, qu’ils soient clients ou pas (6 000 au total). Il n’en restera pas là et dès 2001, il va créer un événement à l’occasion de la célébration de la Journée de la femme en finançant une grande soirée. Cette opération marketing était un moyen de mieux faire connaître la société.
A la tête de deux sociétés aujourd’hui
Mais toute chose a une fin. En 2007, il quitte son poste de Dg et revend les actions qu’il détenait dans Sophadim. Dans la foulée, il crée le «Centre africain pharmaceutique» et se contente d’une seule carte de cosmétiques. Commence alors une autre aventure avec un capital d’un million de DH entièrement libérés dès la première année. L’entité va bien fonctionner car en partant d’un effectif de seulement 5 personnes (aujourd’hui 20), elle réalise un chiffre d’affaires de 20 MDH dès la première année. La montée en puissance se poursuit et pour l’exercice 2010, 60 MDH ont été encaissés, soit trois fois plus.
Nabil Chraïbi reste fidèle à la pharmacie et refuse, dit-il, d’investir ailleurs que dans le métier qu’il connaît bien et explique volontiers qu’on lui propose souvent de s’engager dans l’immobilier par exemple, mais il oppose toujours un «niet» catégorique. C’est d’ailleurs dans le même esprit qu’il a créé une nouvelle entreprise dans la distribution des produits pharmaceutiques dénommée Marepha, avec cinq autres actionnaires. Dotée d’un capital de 5 MDH, cette nouvelle société installée dans la zone industrielle de Mohammédia se contente de distribuer seulement aux officines de Casablanca et Rabat. Elle projette au rythme actuel de réaliser un chiffre d’affaires de 100 MDH en 2011. Ce n’est pas étonnant car sur les 10 mois d’existence en 2010, elle a déjà réalisé 60 millions. Nabil Chraïbi ne dévoile pas toutes ses cartes. Mais il est certain qu’il n’a pas encore dit son dernier mot dans un secteur qui ne peut que se développer eu égard au faible niveau de consommation de médicaments au Maroc.