Mission accomplie… Le patron de Medi Telecom s’en va

Issu d’une famille d’agriculteurs, il devient ingénieur radio et entre chez Telefonica.
Angleterre, Brésil, Pérou, Maroc, près de trente ans de
carrière au sein du groupe ibérique.
Après 18 mois à la tête de Medi Telecom, le bilan du DG
sortant est plus que positif.
Miguel Menchen est un homme qui va droit au but. Pour lui, en effet, s’attarder sur les fioritures ou sur les digressions est non seulement un luxe qu’il vaut mieux ne pas s’offrir, mais c’est aussi, à la limite, une attitude de perdant. Ses collaborateurs le savent, dans son bureau on ne parle que des solutions sans guère s’attarder sur les problèmes. Pour Miguel Menchen, «c’est stupide de perdre son temps à se lamenter sur les difficultés qu’on rencontre, car ce faisant, non seulement on perd un temps précieux, mais on crée des problèmes fictifs, au lieu de s’attaquer sans tarder à la manière de venir à bout de ceux qu’on a déjà sériés et dont on a fait l’inventaire !».
Il aura été l’homme des lancements
L’homme qui a présidé aux destinées de Medi Telecom pendant près de deux années est né en Espagne, à Membrilla, entre Madrid et l’Andalousie. Son père était agriculteur et sa mère, comme dans les milieux traditionnels, femme au foyer. Il est l’aîné des quatre enfants que compte la famille et, élève brillant, il se destina à des études scientifiques. Ingénieur télécoms, il se spécialise dans la radio et fera, plus tard, un MBA. C’est que, explique-t-il, maîtriser la technologie ne peut se passer d’un éclairage sur les manières d’en faire usage, mais aussi sur la façon de gérer les hommes pour mettre en valeur leurs ressources, souvent insoupçonnables.
A 51 ans, Miguel Menchen aura passé près de trente ans au service de Telefonica. Il se félicite d’ailleurs de ce choix qui lui aura permis de faire une brillante carrière chez l’opérateur télécoms ibérique. Il y fait ses débuts comme responsable de l’unité radio avant de prendre en charge la direction du mobile, une fois les activités du fixe et du mobile séparées. Il est alors au cœur de l’évolution des technologies dont la norme GSM constitue les prémices, que suivra le GPRS et l’UMTS, et autour desquelles se profilaient tous les services à valeur ajoutée qui sont aujourd’hui au point. Avant d’être mandaté pour diriger Medi Telecom, Miguel Menchen a d’abord été président de l’Association des opérateurs GSM internationaux (GSM association) puis il mena différentes missions pour Telefonica au Pérou et au Brésil, notamment, après que son employeur eût racheté des opérateurs de téléphonie dans ces pays. En fait, à y regarder de près, Miguel Menchen est l’homme à la fois des lancements mais aussi celui qui a été mêlé aux innovations en matière d’applications.
En évoquant son mandat chez Medi Telecom, le directeur général partant a un large sourire. «A mon arrivée au Maroc, il y avait deux types de problèmes. D’abord, des comptes à redresser et ensuite un large déficit de communication avec les autorités marocaines. Aujourd’hui, sur ces deux tableaux, les indicateurs sont au vert et l’on peut dire que les rapports avec les responsables du secteur télécoms se sont, non seulement, décrispés mais sont désormais constructifs. Et avec l’attribution de la deuxième licence du fixe, nous sommes à la veille de concevoir des offres globales autour de la téléphonie fixe, mobile et d’internet».
Si on doit traduire en chiffres le discours de Miguel Menchen, on dira que Méditel est passé de 1,35 milliard de DH de pertes, à fin 2002, à un bénéfice net de 200 MDH, à fin 2004. Sur la même période, le nombre de clients est passé de 2 millions à 4 millions. Les recrutements de clients sont passés d’une moyenne de 50 000 par mois à des pics de 100 000. Sur les opérations comme le portail Imédia ou l’offre sur la clientèle du monde rural, le succès fut, certes, moyen, mais le verrou des vignettes nécessaires pour décrocher les marchés de l’administration ayant sauté, les perspectives ouvertes au deuxième opérateur sont tout simplement souriantes. Et puis, pour Miguel Menchen, la petite gloire, outre l’ouverture des téléboutiques, a été d’accroître le nombre d’abonnés dans le segment du post-payé, un terrain où la conquête est difficile partout dans le monde. La méthode utilisée pour faire une petite percée a été de réajuster le scoring, de supprimer l’obligation d’avoir un compte bancaire et de permettre le règlement à travers le réseau existant. Reste la voix sur IP, un front sur lequel l’opérateur se prépare sérieusement et qui est sans doute un des gros dossiers que M. Menchen laissera à son successeur.
Son credo : discrétion et action
Mais pour obtenir ce bilan qu’il juge hautement positif, quelle a été la recette de Miguel Menchen ? «Quand j’ai été nommé à la tête de cette entreprise, je n’ai pas débarqué avec une grande équipe espagnole ou autre pour m’épauler. J’y ai atterri tout seul et après avoir respecté une période d’observation, je n’ai opéré que de légers changements, puisque j’ai travaillé durant tout mon mandat avec des personnes qui étaient déjà là». En fait, explique le patron partant du deuxième opérateur, le
secret réside dans quelques mots : obtenir la confiance de son équipe, savoir déléguer, faire adhérer l’entourage à un projet qui doit devenir le sien et juger les collaborateurs sur les résultats. Une recette qui paraît bien simple, mais qui ne peut donner des résultats sans la touche personnelle de celui qui l’applique. Sur cet aspect-là, il fait montre d’une grande discrétion. Il est encore moins disert quand on l’interroge sur l’éventualité d’une baisse rapide et conséquente du prix des communications au Maroc, à l’instar de la France, où les opérateurs proposent des ADSL et communications téléphoniques illimitées pour un prix forfaitaire. Le DG sortant se borne à dire que le prix des communications et des liaisons spécialisées a déjà entamé une descente progressive. Apparemment, il ne veut pas être pour quelque chose dans les nuits blanches que de telles promesses pourraient valoir à son successeur.