Veuve d’avocat, bernée par des avocats !

Mme S.B. perd son mari en 1999. C’est un avocat connu à Casablanca après 33 ans de carrière. Avec sa mort commence pour elle une longue traversée du désert et ses tribulations avec la justice n’en finissent pas.
«Comme le stipule la loi, la liquidation du cabinet d’un avocat qui décède et qui n’a pas d’associés passe obligatoirement par un liquidateur appartenant à l’ordre des avocats. Ce liquidateur est désigné par le bâtonnier qui le charge de faire l’inventaire.
Mon mari étant décédé en 1999, nous avons longtemps attendu que le bâtonnier désigne un liquidateur, ce qui n’a pas été fait malgré de multiples relances. Après plusieurs mois d’attente, nous trouvons quelqu’un susceptible d’intervenir auprès du bâtonnier. Nous en arrivons donc à faire pression sur ce dernier pour la simple application de la loi. Un liquidateur est enfin désigné. Ses principales missions sont de suivre les dossiers jusqu’à réalisation de l’inventaire, nous permettant, mes enfants et moi, de céder le cabinet. Nous avions attendu ce liquidateur comme un sauveur, et, là, nous réalisons qu’il ne fait rien pour l’inventaire mais se contente de «récupérer» les dossiers les plus «intéressants», en négligeant tout le reste. Cela a duré une année, pendant laquelle nous avons maintenu le cabinet ouvert à nos frais avec ses charges et son personnel. Au terme de cette année, j’ai commencé à écrire au bâtonnier pour réclamer la mise en œuvre de la loi et la réalisation d’un inventaire. Sept courriers, avec accusé de réception, ont été adressés au bâtonnier entre 2000 et 2002… sans suite. Je me suis finalement rendue chez le procureur du Roi pour lui exposer la situation. Le procureur a adressé des courriers au bâtonnier, lesquels sont également restés sans suite.
Fatiguée, épuisée moralement, physiquement et financièrement, j’ai laissé tomber : je n’étais pas de taille à me battre contre ces gens-là. Entre-temps, dans une autre affaire entrant dans le cadre de la succession, nous étions en contentieux avec une administration. Je me suis donc adressée à un avocat connu de la place pour défendre nos intérêts. Cet avocat n’a pas mis en œuvre tous les moyens pour nous défendre. Au bout de deux ans, j’ai souhaité récupérer le dossier, il a refusé de me le rendre sauf paiement d’honoraires exorbitants. Et, depuis deux ans, cet avocat fait de la rétention de dossier, ce qui est strictement interdit par la loi. Une fois de plus, je me retrouve à solliciter le bâtonnier pour arbitrage et, une fois de plus, il ne donne pas suite à mes requêtes (4 courriers avec accusé de réception entre 2002 et 2004). Et voilà que je me retrouve encore chez le procureur général. Enfin, je rencontre un peu d’humanité et de correction. Il m’écoute et contacte le bâtonnier.
Ce faisant, des amis me suggèrent d’écrire au ministre de la Justice, ce que j’ai fait en mai 2004. A ce jour, toujours pas de réponse. Aujourd’hui, je suis fatiguée et je souhaite vivre en paix. Cinq ans d’enfer, c’est suffisant surtout que je ne demande pas de traitement de faveur mais la loi. Et rien que la loi.»