« Le tifinagh a été un choix judicieux»

La Vie éco : Avec le recul, le choix de la graphie tifinagh vous semble-t-il une bonne décision ?
C’est une décision historique. Le tifinagh et l’identité amazighe sont indissociables. Cette question se serait posée si l’amazigh n’avait pas une graphie dont les origines plongent dans l’histoire. Le tifinagh est utilisé par les touaregs au Niger, au Mali, il est l’outil de travail de nombreuses associations qui font des recherches au niveau international. La langue, sa graphie et son contenu sont indissociables. C’est un choix dont d’autres pays s’inspirent comme l’Algérie.

Justement, y a-t-il un travail pour utiliser le tifinagh, dans l’écrit, au niveau mondial ?
Absolument. Au niveau des associations et au niveau du Congrès mondial amazigh, c’est cette graphie qui est utilisée. Avec cette différence que le Maroc a opté pour 33 lettres alors que le congrès mondial en a choisi 50 pour laisser la marge aux autres phonétiques qui n’existent pas au Maroc.

Comme langue d’apprentissage, le tifinagh est-il facilement assimilé par la population marocaine ?
Tout à fait. Je vous donne un exemple : le calendrier de l’année 2005 que notre association a édité en tifinagh s’est bien vendu au dernier Salon international du livre de Casablanca. De simples gens ont pris l’habitude d’écrire avec cette graphie. Au niveau des moyens de communication (affiches, prospectus et autres supports), presque toutes les associations acquièrent désormais le réflexe d’intégrer le tifinagh, en plus de l’arabe, dans leurs écrits.

Brahim Akhiat
président de l’Association marocaine de la recherche et de l’échange culturel (AMREC).