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Législatives en Turquie: vers une majorité absolue pour l’AKP

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ERDOGAN LEGISLATIVES TURQUIE

Le parti de la justice et du développement (AKP) a pris sa revanche, dimanche à l’occasion des législatives anticipées, en récupérant sa majorité absolue, perdue en juin dernier, pour faire, une nouvelle fois, cavalier seul et reprendre les commandes de gouvernance grâce à ses 49,28% des voix.

Les résultats de ces deuxièmes législatives de l’année ont pris les allures d’un référendum allant au-delà d’un simple choix entre les partis politiques pour l’AKP qui a bâti sa réputation sur la gestion économique. Plus, le parti, qui a régné sans partage en treize ans, bouleverse la donne en empochant 9 points supplémentaires par rapport à juin et en égalisant quasiment sa meilleure performance de 2011 (49,83% et 327 sièges).

Son nombre de voix en chiffres absolus fait un bond de quatre millions pour passer, entre deux scrutins, de 19,1 millions à 23,093 millions et renforce le contingent de ses députés de 58 nouveaux parlementaires à 316.

Le parti, un abonné aux victoires, a réussi un véritable raz-de-marée et un succès qui dépasse les espérances , les résultats des urnes flirtant avec les 50% ayant démenti tous les sondages qui le créditaient de 40 à 43% et prédisaient même un parlement sans changement de décor par rapport à juin.

Les turcs ont voté pour la stabilité après la reprise des hostilités entre la guérilla du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le double attentat-suicide d’Ankara (102 tués) imputé à l’Etat islamique. Un climat anxiogène qui a remobilisé les électeurs autour d’un parti fort capable de garantir la sécurité contre la spirale des violences des terroristes , estime Semra Kus de l’AKP.

Le président Erdogan, co-fondateur de l’AKP et dirigeant ayant le plus régné en Turquie après le fondateur de la république Mustafa Kemal Atatürk, n’a fait aucun secret de son ambition de présidentialiser le régime, un changement constitutionnel impossible sans la majorité des 2/3 au parlement ou du quorum des 3/5 pour pouvoir soumettre, seul, à référendum son projet.

Au cœur de l’équation, M.Erdogan, ne s’est pas limité à son rôle constitutionnel de président à pouvoirs symboliques mais s’est investi dans le débat restant au centre de l’échiquier politique.

Mais l’AKP, ayant tiré les leçons de son premier revers d’il y a cinq mois, a revu à la baisse , du moins en pleine campagne électorale, ses prétentions pour ne plus réclamer qu’un gouvernement à parti unique.

La Turquie n’a pas de temps à perdre. Dimanche est un tournant pour le pays afin de donner une chance à la stabilité , avait martelé le chef de l’Etat lors de ses différentes sorties alors que pour les précédentes législatives il n’avait cessé à appeler les électeurs à donner 400 députés au parti que vous savez , allusion à l’AKP, le président devant constitutionnellement être impartial.

Nous respecterons, tous ensemble, le 2 novembre le verdict des urnes quels qu’ils soient , a-t-il assuré, expliquant se conformer à la Milli Irade (volonté nationale) tout en plaidant de tout son poids pour que le peuple ne fera pas émerger de coalition afin de renforcer les acquis des 12-13 dernières années en terme de stabilité et de démocratie . Les électeurs ne l’ont point contrarié.

Sur la même longueur d’ondes, le Premier ministre par intérim et dirigeant AKP Ahmet Davutoglu avait prié les électeurs à ne pas lui tordre le bras ni à l’abandonner aux dirigeants des autres partis politiques pour engager des tractations d’alliance.

Nous ne voulons pas que la Turquie revive les années 90, pendant lesquelles de nombreuses coalitions avaient poussé le pays vers l’une de ses plus graves crises économiques en 2001 , a soutenu M.Davutoglu.

C’est une victoire de notre démocratie et de notre peuple , a proclamé dans sa ville natale, Konya, devant des centaines de partisans M.Davutoglu, promettant de continuer sur la même voie et de servir tous les turcs les quatre prochaines années avec la volonté de se représenter à nouveau en 2019 .

L’AKP est encore au début de son aventure et ambitionne de façonner le paysage politique la prochaine décennie, a lancé le chef du gouvernement.