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Société

MRE : femmes au parcours d’exception

Les 18 et 19 décembre, le CCME organisait à  Bruxelles pour son rendez-vous annuel «Femmes d’ici et d’ailleurs». Invitées d’honneur : les Marocaines d’Europe. Elles sont députées, élues municipales, juristes, médecins, écrivaines…Elles Å“uvrent pour l’amélioration des conditions de vie des Marocaines d’Europe.

Publié le

MRE 2010 12 27

Il est des profils de la diaspora féminine marocaine en Europe qui forcent le respect. Certaines ont émigré toutes jeunes en Europe dans le cadre du regroupement familial, d’autres y sont nées. Toutes y sont intégrées et travaillent pour l’amélioration des conditions de vie des Marocaines, souvent analphabètes, méconnaissant leurs droits les plus élémentaires. Des milliers de ces femmes sont parties vivre en Europe de leur propre chef, et s’imposent sans complexe dans les sociétés d’accueil, tout en restant attachées à leur pays d’origine, le Maroc. Certaines de ces femmes étaient à Bruxelles, les 18 et 19 décembre, dans le cadre de la première rencontre des femmes marocaines d’Europe organisée par le Conseil de la communauté marocaine de l’étranger (CCME). Pour ces femmes-là, et pour d’autres, se posent d’importantes interrogations. Et c’est à ce genre d’interrogations qu’il fallait apporter un début de réponse et faire des recommandations à l’occasion de cette rencontre annuelle intitulée «Femmes d’ici et d’ailleurs». Comment ces femmes pourraient-elles agir contre la discrimination et influencer les politiques européennes en la matière ? Comment instaurer une égalité juridique pour une meilleure application du nouveau code de la famille dans ces pays d’accueil ? Enfin, autre question, non moins importante, débattue lors de la rencontre de Bruxelles : comment ces femmes pourraient-elles s’imposer dans la dynamique politique, économique, sociale et intellectuelle des pays européens ? Depuis quelques années, certaines d’entre elles ont pu non seulement vivre avec sérénité leur émigration, mais occuper des postes à responsabilités : élues municipales, députées, juristes, psychologues, médecins, écrivaines…Leur intégration en Europe ne leur fait pas oublier leur pays d’origine, le Maroc, pour lequel elles nourrissent un attachement sans égal.

Dalila Hiaoui, romancière et poète au chevet des femmes marocaines analphabètes à Rome

En 2005, à 35 ans, Dalila Hiaoui met les voiles sur la capitale éternelle, Rome. Coup de cafard ? Chagrin d’amour ? Remise en question radicale ? « Tout cela à la fois, peut-être, répond-elle. Une chose est sûre : il fallait déguerpir, au plus vite, n’importe où». Et le choix de Rome n’était pas dû au hasard. Elle a, affirme-t-elle, toujours adoré l’Italie, son histoire, sa culture et son art culinaire, «et le premier jour où j’ai foulé le sol de cette ville, se rappelle-t-elle, j’étais fascinée. A Rome, les gens sont accueillants et n’ont pas ce sourire élastique qu’on trouve à Paris ou Londres». Dalila est la cadette de deux frères, l’un est businessman installé à Boston et l’autre vit à Londres.
Arabophone dans l’âme, bien qu’elle soit polyglotte, Dalila, déjà auteur d’un roman et de quelques poèmes publiés à Marrakech, sa ville natale, se lance une fois à Rome dans l’enseignement de la langue et de la culture arabes au Fonds international de développement agricole (FIDA), un des organes des Nations Unies, mais aussi au Centre islamique de Rome (CIR). Elle a été, quelque temps après, associée à des cours d’alphabétisation destinés à la communauté marocaine d’Italie. Ce programme, diffusé sur deux chaînes de télévision, est financé par le ministère des affaires étrangères italiennes. Composée de quelque 450 000 Marocains en situation régulière et de quelque 200 000 résidents de façon irrégulière, la communauté marocaine dans ce pays compte un taux d’analphabétisme inquiétant, surtout parmi la gente féminine. Ce n’est donc pas un hasard si les femmesmarocaines«d’ailleurs» sont, dans nombre de pays européens, bien en retard par rapport à leurs congénères «d’ici» en matière de connaissance de leurs droits. Et celles des Pays-Bas, où vivent 350 000 Marocaines, sont particulièrement affectées par cette ignorance. Mouna Jabrane, sœur de l’ex-ministre de la culture, Touria Jabrane, en sait quelque chose. Présente à Bruxelles, elle a exprimé lors de cette rencontre, au cours de l’atelier dédié à la nouvelle Moudawana, le désarroi des femmes marocaines à Amsterdam. Mouna Jabrane, qui a commencé par faire du commerce, sera happée par le bénévolat et son assocation «Nour» qui se consacre aux émigrés marocains en situation de précarité. Trois femmes, entre autres, marquent de leur empreinte et par leur acharnement à défendre leurs compatriotes la diaspora féminine marocaine. Elles ont été reconnues et récompensées par les gouvernements de leurs pays d’accueil. Il s’agit de Souad Talsi, juriste à Londres; Amina Ennceiri, psychologue et ex-secrétaire générale adjoint au Haut conseil à l’intégration; et Najat Belkacem, membre du Secrétariat national du PS français en charge des questions de société, proche de Ségolène Royale. Portraits de femmes d’exception.

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