Au Royaume
Infrastructures scolaires: les anomalies relevées par le rapport du cndh
De nombreux déficits concernant, entre autres, le réseau électrique (4,5 %) et d’eau potable (15,8 %) ainsi que les locaux sanitaires (56,1 %). Toutes ces anomalies et autres sont à l’origine de la faiblesse de la qualité de l’enseignement.
L’année 2022 a été marquée par le lancement d’un nouveau projet de réforme de l’enseignement à l’appui d’une feuille de route définie pour la période 2022-2026 et ce, ”dans un contexte où le système éducatif marocain reste encore confronté à des problématiques structurelles”, déplore le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) dans son dernier rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme au Maroc.
La vision stratégique de réforme 2015-2030 avait déjà pointé du doigt le surnombre dans les classes, le décrochage scolaire, la violence dans les écoles et leur voisinage, le déficit en matière d’encadrement pédagogique ou encore la faible production scientifique et sa qualité dans les universités marocaines à cause notamment de la modicité des ressources budgétaires et humaines ainsi que la qualité de la formation, précise la même source.
Le rapport ajoute que si l’école marocaine a enregistré une hausse du taux de scolarisation de l’ordre de 99,7 % lors de l’année scolaire 2018-2019 pour les enfants scolarisés âgés de 6 à 11 ans, il n’en reste pas moins que ce chiffre élude une réalité affligeante à savoir le décrochage scolaire estimée à 331.558 cas lors de la saison scolaire 2021-2022, soit une augmentation de 27 % par rapport à l’année scolaire 2019-2020.
Concernant tout particulièrement le préscolaire, le rapport relève qu’il existe une grande disparité sur le plan de l’accès à cet enseignement selon le sexe et le lieu de résidence, rappelant que le CNDH avait dans son rapport annuel 2020 souligné l’importance du succès de la stratégie de généralisation de l’enseignement préscolaire dans la mise à niveau du système d’éducation et de formation ainsi que la réduction du décrochage et de l’abandon scolaires.
”Mais il s’avère que cette stratégie n’a pas à ce jour permis de relever les défis de la généralisation (déficit persistant sur le plan des infrastructures), de la qualité (problématique des programmes scolaires) ou encore le dépassement des disparités”, déplore le rapport, avant d’observer que l’école publique est confrontée à d’énorme défis sur le plan de la qualification des ressources humaines comme en témoignent les chiffres concernant le taux de chômage et de l’insertion dans le marché de l’emploi.
Il note aussi que le déficit en matière de ressources humaines est à l’origine de la faiblesse du niveau des élèves dans l’enseignement préscolaire, ajoutant que les conclusions des rapports comme celui sur l’indice LAYS (nombre d’années de scolarité corrigé en fonction de la qualité de l’apprentissage) relèvent que la moyenne de scolarité au Maroc est de 2,6 années contre plus de 11 ans dans les pays développés.
Sur le plan des infrastructures scolaires, le rapport déplore de nombreux déficits concernant, entre autres, le réseau électrique (4,5 %) et d’eau potable (15,8 %) ainsi que les locaux sanitaires (56,1 %), estimant que toutes ces anomalies et autres sont à l’origine de la faiblesse de la qualité de l’enseignement et aussi du décrochage scolaire, surtout parmi les filles dans le monde rural.
Et le CNDH d’estimer que le succès de la vision stratégique 2022-2026 en faveur du droit de tous à un enseignement de qualité dépend en grande partie de la résolution des anomalies persistantes, préconisant une refondation à l’appui de cinq axes à savoir l’évocation et la mise à contribution des précédents projets de réforme, la responsabilité de l’État en matière du droit à la scolarité pour tous, une réforme globale qui ne repose pas seulement sur les composantes du système éducatif mais bien au-delà en remédiant aux problématiques posées au niveau des rapports entre toutes ses composantes ainsi que l’environnement de l’école, la nécessité d’une sensibilisation quant à l’importance du droit à l’éducation sur le plan de l’autonomisation ou encore la consécration du droit à l’enseignement en tant de levier de développement durable.