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Sclérose en plaques : 8 000 Marocains souffrent de cette maladie mal connue

Maladie neurologique évoluant sur des dizaines d’années, elle touche 8 000 Marocains, dont 2 000 seulement suivent un traitement
Une association vient d’être créée pour venir en aide
aux malades.

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La première journée d’information sur la sclérose en plaques (SEP), maladie neurologique très mal connue par les médecins et très handicapante pour les malades, s’est déroulée samedi 16 décembre à l’Hôpital Cheikh Zayed, à l’initiative de l’Association marocaine des malades atteints de sclérose en plaques (Ammasep*), récemment créée. Selon Rachida Tenouri, présidente de l’association, l’Ammasep est née à l’initiative d’un groupe de malades atteints de SEP et des membres de leurs familles, pour qui informer sur la maladie est le meilleur moyen d’éviter l’isolement des malades, qui ont besoin d’un soutien moral et psychologique. Premiers chantiers de l’association : recenser les malades atteints de SEP au Maroc, créer ensuite un comité scientifique, sensibiliser enfin les médecins à cette maladie.

Mais d’abord, qu’est-ce-que la sclérose en plaques ? «C’est une des maladies inflammatoires du système nerveux central», répond Mohammed Yahyaoui, chef du service de neurologie à l’hôpital des spécialités du Centre hospitalier universitaire Ibn Sina (CHIS). «Son évolution se poursuit sur des dizaines d’années, entraînant, au fil du temps, des déficits de plus en plus invalidants. Elle a une prédominance féminine – environ 3 femmes pour 2 hommes – et survient entre 20 et 40 ans dans 70 % des cas», poursuit-il.

Sur le plan épidémiologique, certaines régions du monde sont touchées davantage que d’autres. Ainsi, on constate 100 cas pour 100 000 habitants en Europe du nord, au Canada et au nord des Etats-Unis, autour de 50 cas pour 100 000 habitants en Europe centrale et de l’Ouest, autour de 20 pour 100 000 dans les pays méditerranéens. Au Maroc, on estime à 8 000 le nombre de malades atteints, dont 2 000 seulement suivent un traitement.

Pour Ali Benomar, professeur de neurologie à la faculté de médecine de Rabat, la sclérose en plaques, maladie chronique du système nerveux central, «se manifeste par poussées et peut suivre une évolution très variable. Au cours de cette maladie, la myéline, gaine isolante qui entoure et protège les fibres nerveuses responsables de la transmission des informations du cerveau vers les membres et inversement est abîmé.» L’influx nerveux se trouve perturbé ou complètement bloqué et induit des symptômes régressifs: fatigue totale, baisse de l’acuité visuelle, déséquilibres, paralysies, ainsi que des troubles psychologiques et sexuels.

Le traitement de la sclérose en plaques fait appel aux corticoïdes, aux immuno-suppresseurs, et au béta-Interféron dont l’action sur la maladie a été établie par des travaux américains et canadiens. L’Interféron peut, sur une période de 3 ans, réduire de 30% la fréquence des poussées et réduire la progression de la charge lésionnelle constatée sur l’IRM. Si son efficacité réelle sur le handicap est en cours d’évaluation, son coût reste cependant très élevé.

Pour l’association marocaine des malades atteints de la sclérose en plaques, cette affection neurologique est une maladie imprévisible. Ni le nombre de poussées, ni le type d’atteintes, ni l’âge du début de la maladie ne permettent de prévoir ou d’envisager l’avenir du patient qui en est atteint.