Influences
Plongeons en eau peu profonde, attention à la tétraplégie !
La luxation du rachis cervical suite à un plongeon peut entraîner une paralysie totale
L’immobilisation du blessé dans l’axe horizontal lors du transport à l’hôpital est capitale pour la récupération des mouvements.
En cette période estivale, le Dr Aziz Aghzadi, neurochirurgien à Rabat, constate une augmentation des traumatismes du rachis cervical dus au choc violent de la tête percutant le sol, lors d’un plongeon en eau peu profonde. Cela entraîne certaines lésions lourdes, de type fractures vertébro-médulaires. Les études montrent que les étiologies de ces traumatismes cervicaux comportent les accidents de la route (60%), les accidents de sport, parmi lesquels les accidents de plongeon (12%), et les chutes d’un lieu élevé (28%). Ce dernier cas de figure peut relever des accidents domestiques ou dans les chantiers de grands travaux de construction.
Lors d’un plongeon, la mauvaise évaluation de la profondeur de l’eau, dans les petits ruisseaux ou affluents de fleuve, dans les piscines en eau peu profonde, est à l’origine de ce type d’accidents qui touchent le plus souvent une population jeune.
En cas de traumatismes graves du rachis, il y a des règles essentielles à respecter depuis le lieu de l’accident, jusqu’au lieu d’hospitalisation, tient à préciser le Dr. Aghzadi. En premier lieu, on doit appliquer les techniques d’immobilisation dès le pré-hospitalier pour éviter les complications neurologiques : 10 à 15% des accidents neurologiques surviennent lors du ramassage des traumatisés du rachis. Dès ce stade, il est nécessaire de reconnaître les types de lésions cervicales ou thoraco-lombaires et d’évaluer le niveau de l’atteinte cervicale et médullaire.
Par ailleurs, chez un polytraumatisé, l’évaluation et la prise en charge du traumatisme rachidien doit être une priorité. L’orientation du blessé vers un centre spécialisé avec radiologue, traumato-orthopédiste, réanimateur et neurochirurgien doit être la règle si l’on veut s’assurer d’une prise en charge multidisciplinaire efficace. L’acheminement du blessé vers un centre spécialisé permet de bénéficier d’un scanner, qui peut révéler les dégâts osseux et ceux des disques intervertébraux. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de visualiser les lésions médullaires et les compressions éventuelles de la moelle épinière. De même, devant toute fracture cervicale, il faut procéder au rétablissement de la continuité osseuse, car l’ostéosynthèse réduit les risques de microtraumatisme du tissu nerveux et prévient les complications de décubitus et les déformations rachidiennes.
Les accidents du rachis cervical, insiste le Dr Aghzadi, constituent un problème majeur de santé publique. Car peu de blessures sont aussi dévastatrices que celles affectant la moelle épinière. Les hommes, jeunes et adolescents, en ont la plus haute prévalence et souffrent la plupart du temps d’un déficit permanent. Rapidement, le tétraplégique (paralysie totale) ou le paraplégique (paralysie partielle) a conscience de son déficit et de ses conséquences. L’hospitalisation et la réhabilitation sont coûteuses. Les dommages émotionnels pour le patient et sa famille ne sont pas mesurables. Seul moyen d’éviter ces souffrances, la prudence.