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1963 : Bases américaines converties…

Il y a soixante ans, le Maroc a demandé aux États-Unis d’évacuer les quatre plateformes militaires, mais il ne savait pas trop quoi en faire. Un plan de reconversion a été élaboré et les installations deviennent des exploitations agricoles ou encore des lotissements…

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Les bases américaines de Kénitra, Nouasseur, Ben Guerir et Sidi Slimane doivent être évacuées avant la fin de cette année 1963. Le gouvernement se préoccupe de leur donner une destination utile à l’économie. Voici, en résumé d’une longue étude des «Phares», qui présente la problèmatique. D’abord, l’ensemble des 4 bases couvre 18.000ha, chacune étant dotée d’une infrastructure, d’installations et d’équipements complets. Le potentiel qu’elles représentent est donc considérable. Si elles étaient à construire, de telles installations coûteraient des dizaines de milliards.
Cependant, et c’est la deuxième problématique, la reconversion pose des problèmes complexes. Tous ces aménagements ont été réalisés en fonction de critères et de besoins militaires, c’est-à-dire que la dispersion qui correspond à une nécessité stratégique est un sérieux handicap dans le cas d’une utilisation civile. Enfin, les centrales thermiques installées sur les bases produisent du courant à 60 périodes, alors que le réseau marocain produit du courant à 50 périodes; les équipements électriques ou radioélectriques d’un côté ne sont donc pas, sauf transformation, utilisables de l’autre côté.
Ceci étant, les projets du gouvernement sont orientés vers plusieurs actions. On peut en citer l’utilisation de Nouasseur comme futur aéroport international du Maroc ou même le lancement d’unités agricoles de céréales et de maraîchage à Nouasseur, de fourrage et d’élevage à Sidi Slimane et Ben Guerir, et de plantations d’agrumes à Sidi Slimane. Autre piste, la création de lotissements, l’installation d’un centre de travaux sur la base de Ben Guerir, d’un centre de travaux et d’un centre d’élevage à Sidi Slimane, d’une ferme-pilote et d’un atelier provincial de réparation à Nouasseur. Parmi les autres utilités que le gouvernement a trouvé à ces bases, les utiliser pour la recherche agricole et l’enseignement agricole. Une ferme expérimentale dépendant de l’Institut national de la recherche agronomique pourrait être créée à Sidi Slimane et se spécialiser dans les recherches agrumicoles. A proximité serait installé un collège agricole. La création d’une station expérimentale pour l’étude des cultures des zones semi-arides et des problèmes d’élevage est envisagée à Ben Guerir. Enfin, le transfert sur la base de Nouasseur du Centre national de formation du Fouarat, dont les installations s’avèrent insuffisantes, permettrait d’accueillir 500 élèves à la fois.

Industries agricoles et mécaniques
L’installation d’une grande laiterie, d’une part, et d’une usine d’égrenage du coton, d’autre part, est également envisagée à Sidi Slimane. Le transfert d’une partie des installations frigorifiques de Nouasseur, d’une capacité totale de 40.000 m3, pour l’équipement d’entrepôts dans diverses régions du Maroc dans le cadre de la Chaîne du froid est à l’étude. De même, le transfert de hangars métalliques préfabriqués pour la création d’usines de traitement d’ordures ménagères a été projeté. Le gouvernement pourrait même trouver une utilité à ces installations dans les domaines de l’enseignement et de la santé. Dans le premier cas, deux possibilités sont envisagées, soit le transfert dans les bases d’unités des FAR, leurs casernes dans les villes pouvant dès lors être transformées en collèges ou écoles, soit l’installation d’écoles ou de collèges dans les bases. Dans le domaine de la santé publique, les hôpitaux et cliniques dentaires existants peuvent être utilisées comme des unités asilaires. Enfin, le ministère de la Santé envisage la création à Nouasseur d’un village d’enfants, d’une institution d’assistance par le travail pour lutter contre la mendicité, et d’une école d’infirmières. Cependant, ce programme de reconversion nécessitera non seulement des moyens financiers très importants, mais aussi un grand nombre de techniciens qualifiés.

Dans les colonnes de «La Vie économique»
du 29 mars 1963, une étude au sujet du devenir des bases américaines évacuées.